Le but était d’en arriver là : que vous couriez acheter Civilians, 10e album de Joe Henry. Pas un disque pour jouer au DJ, pas un disque pour passer l’aspirateur, pas un disque pour épater ses copains. Non, rien de tout ça. Plutôt un disque qui donne les frissons parce qu’on sent son auteur s’agiter comme si son micro était dans son salon. Si je parle de « ballades poignantes », ça va faire fuir tout le monde, non ? Alors, on évoquera un chanteur américain habité par ses convictions, sa poésie, un chanteur qui a le numéro de téléphone du guitariste Bill Frisell, un chanteur qui se fait chier à écrire des paroles qui ne sont ni faciles à comprendre ni hermétiques. Dans Civilians, on entend son blues, des cordes arrangées comme rarement, de la soul qui n’a pas besoin de s’appeler comme ça pour en être, du piano qui sonne comme sur les vieux disques, etc.
La parole à Joe, c’est mieux.
« Pour moi, ça semble être le point culminant de ma carrière parce que, d’une manière ou d’une autre, ça englobe tout ce que j’ai fait. Avec Tiny Voices, j’avais travaillé sur grand écran avec beaucoup de musiciens dans la même pièce. Là, j’ai voulu revenir à des choses dénudées, dépouillées. J’ai pris la décision de laisser plus d’air dans la pièce… »
Civilians est – lâchons le mot – l’album le plus politique de Joe. Ça n’est pas un brulot, non non, simplement les personnages sont autant traversés par des excès de romantisme que par une sorte de prise de conscience. Le morceau – phare de l’album s’appelle d’ailleurs “Our Song” où Joe met en scène sa rencontre avec Willie Mays, joueur de baseball mythique des années 60.
Explication :
« Willy Mays était un brillant joueur de baseball, dans ma vision, c’était un homme extrêmement simple mais empreint de dignité. Une figure culturelle centrale au milieu des années 60. A un moment, il y allait avoir des émeutes à San Francisco – il jouait pour les San Francisco Giants – et le maire de la ville ne savait pas quoi faire. Il faisait très chaud, pas loin de cinquante degrés, et la ville allait connaître une éruption de violence. Le maire a appelé Willy Mays pour lui demander de faire une allocution radiophonique. Qui aurait pu parler à tout le monde comme lui ? Parce que tous écoutaient Willy Mays : les noirs, les blancs, les pauvres. Parce que c’était un personnage tellement humble, charismatique et digne. Aucun policitien n’aurait pu faire comme lui et parler à tous
Mon pays vit une terrible période, une de ses plus noires de son histoire.Quand quelqu’un comme moi pense à ses enfants, il songe : "ça ne pourrait pas être pire". Et puis je pense à l’époque où Willy Mays était une star, dans les années 60. Kennedy venait d’être tué, Martin Luther King, Malcolm X, Robert Kennedy. La guerre du Vietnam, 650000 victimes américaines ! Sans compter des milliers de victimes vietnamiennes dont on ne parlait pas, des civils. Le watergate ! Je suis sûr que si j’avais été parent à l’époque, j’aurais regardé tous ces événements en pensant la même chose : "les choses ne pourraient pas être pire" ».
La parole à Joe, c’est mieux.
« Pour moi, ça semble être le point culminant de ma carrière parce que, d’une manière ou d’une autre, ça englobe tout ce que j’ai fait. Avec Tiny Voices, j’avais travaillé sur grand écran avec beaucoup de musiciens dans la même pièce. Là, j’ai voulu revenir à des choses dénudées, dépouillées. J’ai pris la décision de laisser plus d’air dans la pièce… »
Civilians est – lâchons le mot – l’album le plus politique de Joe. Ça n’est pas un brulot, non non, simplement les personnages sont autant traversés par des excès de romantisme que par une sorte de prise de conscience. Le morceau – phare de l’album s’appelle d’ailleurs “Our Song” où Joe met en scène sa rencontre avec Willie Mays, joueur de baseball mythique des années 60.
Explication :
« Willy Mays était un brillant joueur de baseball, dans ma vision, c’était un homme extrêmement simple mais empreint de dignité. Une figure culturelle centrale au milieu des années 60. A un moment, il y allait avoir des émeutes à San Francisco – il jouait pour les San Francisco Giants – et le maire de la ville ne savait pas quoi faire. Il faisait très chaud, pas loin de cinquante degrés, et la ville allait connaître une éruption de violence. Le maire a appelé Willy Mays pour lui demander de faire une allocution radiophonique. Qui aurait pu parler à tout le monde comme lui ? Parce que tous écoutaient Willy Mays : les noirs, les blancs, les pauvres. Parce que c’était un personnage tellement humble, charismatique et digne. Aucun policitien n’aurait pu faire comme lui et parler à tous
Mon pays vit une terrible période, une de ses plus noires de son histoire.Quand quelqu’un comme moi pense à ses enfants, il songe : "ça ne pourrait pas être pire". Et puis je pense à l’époque où Willy Mays était une star, dans les années 60. Kennedy venait d’être tué, Martin Luther King, Malcolm X, Robert Kennedy. La guerre du Vietnam, 650000 victimes américaines ! Sans compter des milliers de victimes vietnamiennes dont on ne parlait pas, des civils. Le watergate ! Je suis sûr que si j’avais été parent à l’époque, j’aurais regardé tous ces événements en pensant la même chose : "les choses ne pourraient pas être pire" ».
Deux liens, l'un pour regarder "Civil War" enregistré le jour où j'ai fait mon interview (il y a pas longtemps, lire mon portrait de Joe dans le magazine Keyboards Recording) par les bloggers du Cargo.
Autre lien pour voir "Time Is A Lion" sur le site de Joe Henry
http://www.joehenrylovesyoumadly.com/media/video/joehenry_timeisalion.mov
http://www.joehenrylovesyoumadly.com/media/video/joehenry_timeisalion.mov
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