mercredi 23 juillet 2008

Too Late and Adios !


Avec regret, je ferme le rideau de Playback jusqu’à la mi-août sans avoir rendu compte des joies et émotions complexes procurées par ce que vous voyez.

Soit :
(1) L’Arleri de Baudoin, une histoire d’amour entre peintre et modèles, l’histoire d’un homme qui a peint des femmes pour mieux les séduire. En couleurs. Chez Bayou/Gallimard.
Voir ici la chronique de Totoche...
(2) The Last Shadow Puppets...
Comment des gamins de 20 ans ont pu écrire ces compositions (certes influencées par quarante de pop music) avec une telle aisance, une conviction aussi énorme et des mélodies qui resteront ? Mystère. Mais The Last Shadow Puppets restera comme le miracle du premier semestre, réussite de rock orchestral que l’on doît à Alex Turner des Arctic Monkeys et Miles Kane des Rascals un groupe de Liverpool encore un peu vert.
Une petite vidéo quand même.


(3) Pas un seul, le délire graphique à quatre mains de Killofer et Duhoo. Un projet de fou qui fait du bien aux yeux. Quant à la tête, elle reçoit une flopée de messages subliminaux…
(4) La réédition de l’album solo de Dennis Wilson (des Beach Boys, of course) à la délicieuse mélancolie. Un bel objet, d’ailleurs.
(5) L’Idole dans la bombe de Jouvray et Presle, de l’espionnage iconoclaste, le retour de la guerre froide entre deux blocs. Une série à suivre…
(6) 73304-23-4153-6-96-8 de Thomas Ott ; récit conçu à la carte à gratter, sombre et envoûtant comme si Johnny Cash s’était mis, au crépuscule de sa vie, à la numérologie.
(7) Le goût du paradis de Nine Antico, autobio adolescente d’une jeune fille de bourge dans le 93. Ça pourraît être lassant mais son dessin, à l’italienne, emporte l’affaire. Un joli premier album…
(8) Filles perdues de Melinda Gebbie et Alan Moore. Quand la pornographie (la vraie, pas l’érotisme pseudo chic et toc) verse dans l’art et devient exigeante, quand les récits pour enfants (les trois héroïnes viennent de Peter Pan, Le Magicien d’Oz et d’Alice au pays des merveilles) sont vigoureusement déflorés. Alan Moore et sa femme au crayon, l’impressionnante Melinda Gebbie, soufflent la subversion mais avec intelligence.
(9) Le Tricheur de Ruppert et Mulot. Les deux dynamiteurs ont canalisé leur énergie dévastatrice le temps d’un récit complet qui –c’est dingue – suit une intrigue. Ça ne signifie pas que leur travail se soit normalisé, loin de là. Puissant. Mention spéciale pour le format.
(10) 21st Century Boys...
La publication de 20th Century Boys, le manga de Naoki Urasawa, est devenue elle-même une sorte de feuilleton. La nouvelle que la série se poursuivrait avec deux tomes de 21st Century Boys n’était pas très bonne en soi : on sentait que Urasawa, qui avait tenu de main de maître de Monster, se perdait dans les fils de son intrigue et noyait le poisson en mutlipliant renversements etc. Le premier tome de 21st Century Boys sorti depuis des semaines ne rassure pas complètement : bien que l’intrigue continue d’avancer, on peut se demander s’il y a vraiment quelqu’un aux commandes, si on ne va pas hériter d’une conclusion pourrie et vaguement ouverte. Mais Urasawa reste très fort et les fans liront les deux cent pages avec fièvre avant de refermer le petit volume en espérant que le prochain (et a priori le dernier, juré craché) mette un point final à l’histoire. Personnellement, complètement ferré, je croise les doigts...
Quand soudain, je me rends compte que le 2e volume est sorti, je cours dans la librairie la plus proche… Verdict : pas de déception et la certitude qu’il va falloir se retaper toute la série pour en apprécier la chute à sa vraie valeur. Scoop : Ami c’est moi.
(11) Pauline et les loups-garous d’Apollo et Stéphane Oiry, à la fois road book fantastique, récit d’initiation, livre sur l’adolescence à l’ambiance rock’n’roll (le vrai, celui qui donne la trique). Et en plus les images s’impriment dans la rétine. Rdv au prochain Méli Mélo rock, mates ! Je remets ici la couverture, éclipsée par le Thomas Ott…

Ici, une interview instructive d'Appollo par Li-an.
(12) Rising Down de The Roots, le militantisme funky et bagarreur avec du hip hop bien viscéral et des chansons entêtantes.
Une vidéo en passant


(13) Zazie de Clément Oubrerie, adapté de Queneau. Oui, les adaptations représentent une part de plus importante dans l’édition de BD et l’on peut s’interroger sur la pertinence de certaines entreprises. Mais pas de celle-ci*. En vacances d’Aya ou du dessin animé Moot-Moot, Clément Oubrerie m’a personnellement régalé. Je n’avais que le vague souvenir d’un récit loufoque ; lui s’en est emparé, prêtant son trait vif à cette fable contemporaine fantasque qui n’a pas perdu sa singularité.
*Ni, désolé pour certains de ses détracteurs et amis de la maison, celle du Petit Prince par Joann Sfar. On y reviendra en septembre.

Et puis j'allais oublier le premier Lock Groove comic de JC Menu, aussi savoureux que les Claudiquant sur la dance-floor (à la base des fanzines photocopiés) de Luz. En plus punk.



Voilà, à bientôt. Ah, juste une chose : on peut consulter ici les chroniques que Siné envoie à Charlie Hebdo et ne sont pas publiées (astuce juridique pour ne pas être considéré comme démissionaire). Conséquence de cette affaire absurde (sanctionnons quelqu'un pour quelque chose qu'il n'est pas parce que l'on a peur de se faire sanctionner nous-mêmes - attention, voilà Gnafron) et indigne d'un journal qui se veut attaché à la liberté d'expression : la pétition. Avec des signataires qui ont quand même plus de valeur que les chantres du politico-économiquement correct (Nouvel Obs et consorts) qui ont aboyé avec la meute...

jeudi 10 juillet 2008

Solutions Méli Mélo rock "freaky"

Pauvre Marvin qui s'est...

retrouvé avec la tête du poisson de Captain Beefheart.

Talking Heads

Sufjan Stevens

Sonic Youth

Pink Floyd

Patti Smith (et non Jean-Jacques Goldman, petits facétieux)

Nick Cave

LCD Soundsystem

Janis Joplin (enfin Big Brother etc.)

Chris Bell, le plus bel album posthume de tous les temps

Johnny, le vrai, pas celui de Raffarin


David Bowie. Superbe pochette de Guy Peellaert pour un album étrange et encore plus bizarrement mal considéré alors qu'il contient des chansons comme "Sweet Thing" et d'autres "We Are The Dead".
Air

Bob Marley, Uprising, dernier album paru de son vivant qui se clôt par "Redemption Song".


The Strokes
Joe Henry Tiny Voices.
Bon, celui-là personne ne l'a trouvé. Alors que ce gars c'est un un pair des Randy Newman ou Elvis Costello, un... Mais je m'emporte.
Petite session de rattrapage express (pour une vraie rétrospective, le début ici) avec des chansons du dernier album, Civilians (Tiny Voices étant encore meilleur).
Ici, interprétant "God Only Knows", une de ses chansons (rien à voir avec celle de Brian Wilson) au Paradiso d'Amsterdam.

"Civil War", interprété seul.



Ici, "Time Is A Lion", toujours extrait de Civilians et de nouveau au Paradiso d'Amsterdam.




LES SCORES DE LA MANCHE
1 GEERT 15 PTS
2 EX AEQUO ELFUNCIONARIO, PHLIPPE DUMEZ, ROM et TANQUERELLE 14 PTS
5 GLORB 6,5 PTS
6 TOTOCHE et PROVISUS 5 PTS






mercredi 9 juillet 2008

Too Late : Capucin et Martina

Piteusement, j'essaye de reprendre mon retard, d'évoquer quelques récents coups de coeur. Ironiquement, ceux qui sont passés à l'as sont souvent ceux sur lesquels j'ai écrit ailleurs (notamment pour le magazine Casemate). Bref, session de rattrapage avant la fuite...

Florence Dupré la Tour Capucin III L’Inconséquent
Sans l’air d’y toucher, avec son dessin enlevé, Florence Dupré la Tour poursuit ce que Joann Sfar et Lewis Trondheim ont initié, c’est-à-dire inventer une nouvelle voie pour le récit d’héroic fantasy, une voie à la fois respectueuse (au moins en partie) de la tradition et émotionellement pertinente. Dans Capucin, on croise les figures habituelles du genre (la quête, les combats, etc) mais, au final, elles sont éclipsées par des dessins plus existentiels. D’ailleurs, on peut penser que, aux mains de Florence Dupré la Tour, l’univers de l’heroic fantasy n’est qu’un véhicule, pas beaucoup plus. Du divertissement intelligent, qu’il est possible de lire amusé d’une traite avant de reposer le livre troublé par son issue.



Images ci-dessus copyright Florence Dupré La Tour- Gallimard



Par un malencontreux hasard de calendrier, l’album de Martina Topley-Bird est éclipsé par celui de son ancien mentor et le père de son enfant, Tricky. Ce qui est dommage car, si Knowle West Boy marque le retour aux vraies affaires de l’ex-enfant terrible de Bristol, The Blue God est vraiment plus achevé et cohérent. Avec l’omniprésent Danger Mouse pour la seconder (sa patte de producteur, beats secs et instrumentation au minimum, est bien reconnaissable), elle livre un album de soul vraiment moderne, loin des niaiseries vulgaires américaines.

Ci-dessous le clip de "Carnies".





"Poison" interprété en version jazzy au Jools Holland Show...





Enfin, une vidéo autour de "Valentine".






Et puis le clip de "Council Estate" de Tricky, pas mal.



lundi 7 juillet 2008

Too Late : Valse avec Bashir d'Ari Folman


Oui, il est sorti il y a quelques semaines mais... mieux vaut tard que jamais.


Donné comme un des favoris lors du dernier Festival de Cannes, Waltz With Bashir est reparti bredouille, patissant peut-être du fait que l'année dernière Persepolis avait été récompensé. Forcément, les deux films, tournés vers la mémoire, possèdent pas mal de choses en commun. Mais ils diffèrent au moins sur un point : là où Persepolis prenait la forme d'un récit autobiographique, Waltz With Bashir a, pour moitié, celle d'un documentaire, le réalisateur Ari Folman menant une vraie enquête pour retrouver trace de sa présence, en tant que soldat israélien, lors des massacres des camps palestiniens de Sabra et Chatila. A partir d'une vision poétique imprimée dans sa rétine, il cherche à remonter plus de vingt ans après le cours des événements, tel le héros de La Jetée de Chris Marker.


Parfois poignant et dur, Valse avec Bashir aurait-il pu prendre la forme d'un documentaire tourné en live ? Sans doute que non. Le format du film d'animation et ses images par essence irréelles ont permis à Folman d'aller plus loin sans sacrifier la dimension symbolique de certaines séquences (qui, en chair et en os auraient été impossibles à tourner ou trop ridicules).


Eprouvant (c'est pas un divertissement à la Pixar), Valse avec Bashir montre, après Persépolis et Peur du Noir, que le film d'animation est un medium où il reste encore des directions à explorer.
A noter que figure parmi les dessinateurs employés par Folman Asaf Hanuka dont on peut lire (c'est même chaleureusement conseillé) Pizzeria Kamikaze, d'après Edgar Keret.



jeudi 3 juillet 2008

Méli Mélo Rock and Freaky

Un dernier Méli Mélo rock avant vos vacances, un Méli Mélo monstrueux qui expose des créatures hybrides et parfois cauchemardesques. 17 pochettes pour autant d'artistes et de groupes (dont je l'avoue, deux marottes personnelles, surtout une dont j'ai pas mal...). A vos commentaires (je modère et donne les résultats).
Let's play !

LES SCORES en direct

GLORB a frappé le premier et a trouvé 6 groupes.

TOTOCHE a frappé juste après et, dopé par l'aide de MADAME TOTOCHE, a trouvé 5 groupes.

PHILIPPE DUMEZ déboule et trouve 14 groupes du premier coup. Non pour ta 7e proposition (pas loin mais non).

PROVISUS, dans son duel avec TOTOCHE, voit son rival le devancer : il n' a trouvé 4 groupes.

TANQUERELLE refait son come-back et a trouvé 14 groupes. Plus que 2...

ROM n'abdique pas et a trouvé 14 groupes.

GEERT cache sa collec' de disque derrière sa collec' d'Astrapi, il a trouvé 15 groupes. Non pour les deux derniers.

ELFUNCIONARIO (bienvenue) a trouvé 14 groupes. Non pour les 4, 6 et 8 (tu t'en doutais).

mercredi 2 juillet 2008

From Saul To Saul : Saul Bass (1)

D'un Saul à l'autre, petites envies de Saul Bass, le plus grand designer de générique au monde. Preminger, Hitchock, et on en oublie. Ou justement non, grande rétrospective estivale, anarchique et joyeuse.
D"abord, son chef d'oeuvre, le générique d'Anatomy Of Murder d'Otto Preminger.



Autre "classique" pour un autre Preminger, The Man With The Golden Arm




Pour finir avec cette première session, Ocean's Eleven , l'original évidemment.


mardi 1 juillet 2008

Exposition Saul Steinberg

(photo copyright Fondation Henri Cartier Bresson)


En 1947, Henri Cartier-Bresson rencontrait Saul Steinberg, déjà une des signatures graphiques établies du magazine New Yorker. Plus de soixante ans plus tard, la fondation H.C.B. rend hommage à Steinberg via une exposition assez électique. Car il n'a jamais été un "simple" cartoonist. Lui qui considérait que "sans dessin, point de réalité" a joué avec les formes, les matériaux (papier kraft, carton préparé, feutre, crayon à la cire, etc), reproduit tel quel son bureau, expérimenté de manière insatiable (témoin The Line, soit un dessin courant sur une vingtaine de pages mises bout à bout).
Si l'on n'a jamais l'impression qu'il se dispersait, c'est parce qu'au centre de tout ce qu'il a fait, il y a une idée, tellement brillante qu'elle se passe de mots (ces dessins pour le New Yorker sont pratiquement tous muets). Prenons un exemple : est ainsi exposé Techniques At A Party où chaque invité est dessiné selon un procédé différent. Et que dire de sa Woman In Tub (voir plus bas) ?
La Fondation Henri Cartier Bresson se trouve 2, impasse Lebouis, dans le 14e à Paris. Horaires d'ouvertures de 13h à 18h30 (du mardi au dimanche, sauf le samedi de 11h à 18h45). Les infos pratiques ici. L'exposition se finit le 27 juillet, attention ! (Si vous y allez avant le 23, vous pouvez même passer à la maison, génial non, vu que j'habite à deux pas).
Plus d'images, ci-dessous, toutes copyright The Saul Steinberg Foundation.


Une couverture incroyable du New Yorker de 1976.

Woman In Tub (1949)

Wilshire And Lex (1994)

Broadway (1986)

Twenty Americans


Rappelons que pour les fans du New Yorker est sorti il y a deux ans ce gros pavé avec quelques dessins de Steinberg...


Comme celui-ci, copyright Steinberg/New Yorker