vendredi 30 avril 2010

Le panier du jour (1)

Bon, ça fait longtemps que j'ai rien écrit ici et comme il y a une bonne âme qui me sort de ma léthargie, je m'exécute paresseusement. Pour plein de bonnes raisons, j'ai pas lu beaucoup de nouveautés récemment. Quant derniers livres que j'ai achetés, je ne les ai pas encore ouverts. Je vais donc m'attaquer à ceux que j'ai reçus....

Je reste marqué par ce qui est arrivé à Franquin avec son histoire Le Gorille a mauvaise mine. Publiée en 1959 dans Spirou, cette aventure de Spirou et Fantasio fut rebaptisée Le Gorille a bonne mine, sous l'insistance de son éditeur qui trouvait le titre trop négatif, pas assez vendeur. Dans le même ordre d'idée, on peut imaginer qu'avoir "happy" sur sa couverture doit au niveau marketing être assez performant. C'est en tout cas ce que l'on peut déduire du tour de passe-passe réalisé par Zep pour son faux nouvel album.
Rappel des faits : l'année dernière cet auteur sort Happy Sex, livre assez inoffensif autour du sexe et bien consensuel. Personnellement, ce que j'ai lu dans les pages du journal Libération m'a suffi... mais là n'est pas l'essentiel. Logiquement, Happy Sex cartonne d'où la sortie cette année, dans quelques jours, d'Happy Girls. La suite, pourrait-on penser.


Non point. En fait, comme il est précisé dans les pages intérieures, c'est la réédition des Filles Electriques, livre publié il y a treize ans aux éditions Dupuis et que l'on peut trouver un peu niais. D'autres le trouvent désopilant, super, ça ne me pose pas de problème.

En revanche, je trouve dommage que Zep ou son éditeur trouvent judicieux ce relifting cynique et déclinent le filon "happy". L'année prochaine suivra Happy Rock, réédition de L'Enfer des concerts, publié en 1999. J'ai une pensée pour ceux qui achèteront ces livres de manière impulsive ("waoh, le nouveau Zep") et se rendront compte un peu tard qu'ils ont été bernés. Bien sûr, les vrais libraires avertiront les clients tentés, il y a bien pire criminel que de faire les poches de son lectorat et les éditions précédentes des Filles électriques et L'Enfer des concerts doivent être bientôt épuisées - on en trouve quand même des exemplaires sur les sites de vente par correspondance... Mais, quand même, je trouve à cette opération un goût légèrement écœurant.

Beaucoup plus sympathique est la sortie des Zumbies, groupe de zombies qui jouent du rock'n'roll et bouffent de la chair humaine dès qu'ils en ont l'occasion. C'est un peu moins drôle que Les Zombies qui ont mangé le monde de Frissen et Davis mais bourré de références aux Cramps, bon esprit.

Ce qui est drôle c'est que les auteurs laissent un peu plâner le mystère sur leurs identités. Pour ceux qui lisent Fluide Glacial,le secret est éventé depuis longtemps mais pour les autres... Je ne résiste pas au plaisir de scanner cette photo extraite du dossier de presse, pour cerner la démarche.

Oh, et ici une couverture avec les vrais noms des auteurs quelque part....

Bon, finissons par le livre que j'ai préférés des trois, Le Couteau-Chien de Joël Cimarron chez Bayou/Gallimard. Un récit fantastique influencé par le folklore créole, le vaudou et Aimé Césaire.

C'est le premier album de bande dessinée de Joël Cimarron. Hé bien, il sait tenir son histoire, pourtant échelée et remplie de symboles, de crabes géants et d'esprit, comme un conteur expérimenté. Et il y a des scènes réellement impressionnantes qui frappent l'esprit. Un album au charme singulier et dépaysant - d'autant plus si, comme moi, vous n'êtes pas familier avec les légendes qui l'ont en partie inspiré. Ci-dessous, un film d'animation de neuf minutes réalisé en 2007, dont Le Couteau-Chien constitue le prolongement. Cela vous donnera un avant-goût sans non plus trop déflorer....