jeudi 24 janvier 2008

Munoz et Sampayo


L’année dernière, c’est le dessinateur argentin José Munoz qui a reçu le grand prix du festival d’Angoulême. Comme souvent la première réaction est la surprise : « ah, il ne l’avait pas encore reçu ? ».
Jagger-Richards, Strummer-Jones, Bacharach-David… En bande dessinée il existe peu de duos aussi mythiques que les paires de musiciens précités. A part peut-être Dupuy et Berberian ou Munoz et Sampayo, couple d’artistes argentins qu’il est difficile de dissocier – même s’ils ont également œuvré séparément.
Au dessin José Munoz, au scénario Carlos Sampayo. Ils ont quitté l’Argentine en 1972 parce que dans leur pays il n’y avait aucun débouché pour des auteurs de bande dessinée et regagné l’Europe plus favorable même s'ils y ont longtemps vécu sans papier (comme Munoz l’a raconté dans le livre Paroles sans papiers et comme Sampayo l’explique dans la nouvelle revue Casemate).
Ils n’y sont jamais revenus (après il y a eu la junte militaire) mais elle reste dans leur cœur.
Carlos Gardel, la voix de l’Argentine leur nouveau livre est un peu un poème adressé à leur pays, à Buenos Aires. Même si Gardel serait (est ?) né à Toulouse !
«…Nous ne cherchons pas à insinuer qu’il s’agit d’une interprétation mais plutôt d’une œuvre artistique basée sur des aspects de la vie d’un artiste… » Tirée de l’avertissement préliminaire qui en dit bien sûr plus, cette phrase, plus qu’à désamorcer tout procés, sert sans doute à justifier la liberté dont les auteurs font preuve dans le premier volume de ce dyptique. Astuce : ils laissent la parole à des contradicteurs imaginaires qui débatent autour de Carlos Gardel, chanteur dont la voix a quand même été reconnue patrimoine de l’humanité par l’UNESCO. Des éléments sont authentiques - l’amour pour sa mère, ses chansons, sa venue à Hollywood et d’autres – néanmoins l’album prend la forme d’une fausse biographie heurtée où informations et traits de poésie se bousculent dans la plus grande confusion pour qui n’est pas un spécialiste de Gardel… Le fil narratif s’avère d’ailleurs ténu vu l’attirance qu’exerce sur Munoz et Sampayo l’abstraction. Ce premier volume prend ainsi les allures d’un beau livre d’images folles, où sensualité et grotesque se tiennent souvent la main dans la main. Dans certaines cases, on ne sait pas vraiment ce que l’on voit et ça participe à l’atmosphère.
En dessous, quelques PF* de cases et une vidéo du vrai Carlos Gardel.
(A noter que l’intégrale Alack Sinner, leur « héros », est disponible chez Casterman en deux volumes noir et blanc plutôt élégants).

Les images sont bien sûr copyright Munoz-Sampayo et Futuropolis.









Et maintenant la couve du Libé du jour, tout en images, avec un dessin de Munoz en couleurs (à noter que le prix des lecteurs du journal a été attribué à Colibri de Guillaume Trouillard qui a dû bénéficier d'un vote massif de ses proches).




Dans ce numéro de Libé, du Luz, Blutch, Guy Delisle, Ludovic Debeurme, etc. et du Willem. J'adore quand Willem parle de ses lectures...




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