mardi 27 novembre 2007

Sunrise


« Peter Guralnick nous renvoie aux enregistrements avec des oreilles neuves (…) ». Elvis Costello, dont les propos ont été repris au dos de cette ouvrage à la superbe couverture (une photo datant de 1956 montrant Elvis dans le train pour Memphis) a raison : la lecture de ce livre donne envie d’écouter/réécouter. Surtout les débuts, les quelques années Sun, quand Elvis se cherche et n’est pas cornaqué par le rapace et pseudo-colonel Parker.
La reconstitution par Guralnick de l’enregistrement de “That’s Allright” au studio Sun tenu par Sam Philips (rétropectivement un des moments les plus importants du rock’n’roll, là où rhythm’n’blues et country ont fusionné pour donner ce truc électrisant et sexy) est savoureuse : « soudain, raconta Scotty Moore, Elvis s’est mis à chanter cette chanson. Il sautait partout et faisait l’imbécile. Bill a attrapé sa basse et s’est aussi mis à faire l’idiot. Je me suis mis à jouer à mon tour. La porte de la cabine, il me semble, était ouverte. Sam devait monter une bande ou quelque chose comme cela. Il a sorti sa tête et demandé : “qu’est-ce que vous fabiquez ?”. On a répondu : “on sait pas”. “Eh bien, reprenez, a-t-il déclaré, essayez de vous caler sur le début et recommencez” ».
Il existe dans le commerce un excellent double disque, Sunrise, qui compile tous les enregistrements d’Elvis chez Sun : “That’s Allright”, “Blue Moon” ou “Mystery Train” avec les versions sorties en single sur le premier CD et les autres prises sur le second. Quelque chose d’assez fort et brut s’en dégage toujours. On y entend aussi “My Happiness” et “That’s When Your Heartaches Begin”, les deux faces de l’acétate qu’Elvis vint enregistrer en juillet 53 à ses frais (moins de 4 dollars). S’accompagnant de sa guitare malingre («comme si quelqu’un tapait sur un seau en fer blanc », se souviendra-t-il) il chante d’une voix pure et fragile. Terrible.

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