Jusqu’à maintenant, j’étais complètement passé à côté du trentième anniversaire de la mort d’Elvis Presley. Plutôt une bonne chose d’ailleurs, quelle mascarade (dans dix ans, les quarante ans, youpi, apparemment, l’industrie du disque a besoin de ce genre de béquilles). Cependant, depuis une semaine, cet anniversaire morbide m’a rattrapé grâce au livre de Peter Guralnick, Last Train To Memphis (surtitré Le Temps de l’innocence 1935-1948). La sortie de cet ouvrage par le Castor Astral (13 ans après sa publication américaine) est un événement à lui tout seul. Grand biographe de la musique noire et du rock, Gurlanick a rencontré une centaine de témoins, ayant en tête de « raconter l’histoire en temps réel, permettre aux personnages de respirer à leur propre rythme, éviter de les soumettre à des jugements anachroniques ou d’imaginer des signes avant-coureurs… »
Ce qu’il raconte c’est le destin extraordinaire d’un jeune homme américain ordinaire, le destin d’un fan de musique que personne ne voyait devenir chanteur, le destin d’un gamin de 18 ans qui, par les irrépressibles déhanchements qu’il ne pouvait retenir et ses tenues excentriques, a bouleversé la scène de Memphis, puis le circuit country, les Etats-Unis, le monde, etc. Et tout est parti d'un plouc...
Page 258, Guralnick rapporte sa première visite chez RCA, la grosse maison de disques avec laquelle il vient de signer après avoir été lancé par Sun. Elvis y rencontre plusieurs cadres, un buzzer électrique caché dans la main, envoyant des petites décharges à ceux dont il serre la main. Une certaine Anne Fuchino se souvient : « il m’a serré la main avec son buzzer électrique. Je lui ai dit : “chéri, c’est peut-être très branché à Memphis mais ça ne marchera jamais à New York (…) On s’est contenté d’en rire mais il ne l’a jamais ressorti, son buzzer (…) c’était un petit plouc qui apprenait vite ».
mardi 27 novembre 2007
Elvis et son buzzer
Peter Guralnick Last Train To Memphis, 600 pages, Le Castor Astral - le second volume en 2008
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