Le premier album de Blackstrobe, c’était presque une Arlésienne. Après des maxis fabuleux d’electro cold (“Innerstrings”, “Me And Madonna”), on attendait beaucoup du duo formé par Arnaud Rebotini et Ivan Smagghe. Le premier avait mené le très beau projet Zend Avesta avant de vouloir ramener sur le dance floor le rock gothique. Le second, plus grand DJ français après Laurent Garnier, apportait ses bonnes idées. Enfin, c’est ce que j’imagine. Blackstrobe a ainsi été un des fleurons du génial label anglais (défunt, hélas) Output mené par Trevor Jackson, grande tête chercheuse à l’influence aussi grande (Playgroup, mazette) que son succès a été petit.
Puis Blackstrobe, d’un projet à machines et à remixes (une compile est sortie il y a moins d’un an), est devenu un groupe, avec batterie, basse et guitare (et toujours programmation) et Rebotini, imposant géant moustachu. Des années après les premières apparitions, voici le véritable premier album de Blackstrobe et Ivan Smagghe ne signe plus que les paroles. Burn Your Own Church, produit par Paul Epworth (le premier Bloc Party et plein d’autres choses remuantes) fusionne cold wave, rock bourru limite metal et electro gothique dans un ensemble plein de testostérone. Malgré une jolie ballade (“Lady 13”) et des changements de climats, ça tabasse grave. Rebotini et ses compères reprennent même “I’m A Man” de Bo Diddley, dans une version hard blues qui louche vers ZZ Top. Ce n’est pas très fin mais ça assure dans le style viril à moustache.
Ceux qui sont empêtrés dans des purismes malsains déploreront le virage grosse guitares, il faut les oublier. Car Rebotini a le courage de tenter son truc à fond, sans renoncer à une partie de ses fascinations. Au final, on ne sait pas sur quel pied à danser, ce qui est bien (merde au formatage) avec ce disque burné qui louvoie entre de l’electro et du Rammstein tout en retenue (on se comprend).
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