vendredi 14 décembre 2007

Top Ten l'ultime frontière

Alan Moore est tellement fort qu’il marque même de son empreinte ce qu’il n’a pas touché. Deux ans après sa sortie américaine, le public français a droit à Top Ten – Au-delà de l’ultime frontière, ultime livre (jusqu’à quand) consacré au dixième commissariat de Neopolis. Ecrit par l’auteur de sf Paul Di Filippo et dessiné par Jerry Ordway, il prolonge gentiment ce que Moore a précédemment mis en place : une plateforme pour expérimenter de manière ludique autour des principes de base des séries (et des super-héros). Parce que Neopolis est une ville où, à la fin de la seconde guerre mondiale, ont été réunis les super héros, y être policier signifie donc être confronté à des délinquants aux pouvoirs aussi étranges que les siens. Nivellement par le zarb’. A partir de là, Moore a mis en place des intrigues calquées sur celles des séries télévisées policières à la NYPD Blue (créée par Steven Bocho dont il se réclame apparemment pour Top Ten) qui ont encore plus de reliefs vu les particularités de chaque intervenant : les enquêtes se croisent, les personnages ont une vie privée complexe et amoureuse qui dépasse les affres habituels. Expérimentant de manière brillante autour des rouages des feuilletons télé, il joue avec les mécanismes et les figures de mise dans le paysage des séries. Les deux premiers recueils de Top Ten (aux Etats-Unis - trois en France, épuisés) dessinés par l’excellent Gene Ha représentent ainsi deux saisons tandis qu’un autre se concentre uniquement sur Smax et Toybox, deux membres du 10th Precint – un « spin off » dans les règles – même si on peut déplorer que Zander Cannon, un peu un Wallace Wood du pauvre, ait hérité du crayon. Encore mieux, 49ers raconte les débuts de Neopolis et du futur commissaire du Top Ten dans une atmopshère post-guerre mondiale qui contraste avec ce qui suivra. Avec ce « prequel » dessiné par Gene Ha, Moore s’est livré à ce qu’il affectionne le plus : dresser les arbres généalogiques des super héros, considérer les super héros non comme de simples super héros mais comme des humains aux super pouvoirs qui naissent, vivent et meurent. Les apprenti-scénaristes seront bien conseillés d’aller sur le site de Gene Ha où quelques pages de scénario (pour Top Ten et 49ers) sont disponibles.
Et au fait, que vaut alors Au-delà de l’ultime frontière ? Di Filipo montre assurance et habileté avec les personnages créés par Moore et l’action, qui se situe cinq ans après la série « normale » de Top Ten s’avère prenante et pratiquement aussi riche. Jerry Ordway, le dessinateur, s’en tire bien. Si le monde de Top Ten était déjà sous le crayon de Ha un prétexte à des citations de comics (via l’apparition de leurs personnages), Ordway va plus loin. Il y a même ce bar appelé Clean Line (ligne claire, oui) où apparaissent Tintin, Milou, Fantasio, Freddy Lombard etc.





Et Alan Moore à part ça ? Il prépare la suite de La Ligue des Gentlemen Extraordinaires, publiée l’année prochaine. Bientôt, le père Noël fera de la magie aussi noire que sa barbe.

3 commentaires:

Li-An a dit…

Il me manque le tome 1 que j'ai traîné à acheter.

Anonyme a dit…

J'hésitais justement à acheter ce volume, mais tu m'as décidé. Demain je vais chez Raoul…

Vincent Brunner a dit…

Hello Li-An et Provisus.
Li-an, pour le tome 1, il te reste à le trouver en anglais (très faisable). Je l'ai lu de cette façon : Du Moore en Vo, c'est bien appréciable.

Quant à la nouveauté, elle ne devrait pas te décevoir Provisus. Même s'il manque un petit zeste d'ambigüité, le scénarion pourrait être de Moore. Tu me diras...