mardi 13 mai 2008

Marianne Faithfull - Mémoires


« Dans ma première autobiographie, j’ai laissé beaucoup d’événements de côté parce que mon éditeur était plus intéressé par les histoires de “sexe, drogue et rock’n’roll”. Quand le livre est sorti, il s’est avéré que les gens voulaient surtout en savoir plus sur moi. Et puis j’avais été vraiment dure avec moi-même… une partie des sixties a été merveilleuse et l’autre vraiment sombre. Maintenant, je me sens plus positive. Ainsi, ce second livre n’est ni autobiographique ni sexe, drogue et r’n’r ».
Avec Mémoires, rêves et réflexions, écrit avec le journaliste David Dalton («tous les jours on s’est parlé une heure au téléphone ») la grande chanteuse, actrice convaincante (la grand-mère reine du glory hole d’Irina Palm) et remise de sa maladie étire le fil de ses souvenirs comme un élastique, sautant du coq-à-l’âne des sixties avec Jagger à son admiration pour Gregory Corso et les auteurs de la Beat Generation, de la vie de ses parents à son désir de se réincarner en Juliette Gréco. Ce qui est bien c’est qu’elle se contrefout de sa légende, s’étonnant de voir le bouillonnement des années 60 glorifiées et elle-même statufiée (même si, comme le notait Gérard Lefort dans Libération, elle imagine un dialogue entre elle et la Bête Glorieuse qu’elle reste pour les jeunes générations). Elle revient bien sûr sur ses derniers albums (Kissin Time, Before The Poison, etc.) mais avec moins de passion finalement que lorsqu’elle évoque ses amis disparus. Sans jamais tomber dans le larmoyant, au contraire : on rit pas mal quand elle restitue un dialogue avec Grégory Corso, sur son lit de mort :
« Je crois que je m’affaiblis. Je pense que je vais bientôt m’en aller. Tu ferais bien de venir !
- Mon cher Gregory, je ne peux pas partir avant janvier.
- Ma chérie, je ne crois pas que je vais pouvoir atteindre janvier.
- Gregory, je ne peux pas, absolument pas. Tu n’as qu’à pas claquer avant janvier. Ne claque pas avant le 2 janvier.
- D’accord mais ça va être difficile, dit-il d’une voix résignée. Je vais essayer »
.

Marianne Faitfull – David Dalton Mémoires, rêves et réflexions Editions Christian Bourgois 22 euros. La couverture, plus belle que celle de l'édition anglaise, est signée Jean-Baptiste Mondino.

PS Pour les Parisien, elle sera au Virgin Café (le Virgin des Champs) ce jeudi à 18 h pour une rencontre -dédicace que normalement j’animerai. Non, vous n'avez pas mal lu. Renseignements ici.

Ci-dessous une vidéo de "There Is A Ghost", co-écrit avec Nick Cave et ici filmé par Bob Wilson.




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