L'Invité du mercredi s'appelle aujourd'hui Li-An, dessinateur et héritier talentueux de Giraud , ex du Margouillat bien connu dans la blogosphère (n'est-ce pas Totoche, Vasco, Provisus...).
C'est d'ailleurs sur le net qu'on s'est rencontrés, avant de se voir dans la vraie vie - ce qui est encore plus rigolo, surtout autour d'un très bon chili. Il arrive à être drôle tout en étant d'une sobriété exemplaire, performance !
Sur son site, (avec une nouvelle adresse : http://www.li-an.fr/blog) on trouve une partie de ses travaux à lui (que de l'inédit, des crayonnés, etc.) et aussi les illustrations des autres qui l'ont bluffé ou ses coups de coeur musicaux. Avant que vous ne vous précipitiez sur le dernier volume de Tschaï (avec JD Morvan chez Delcourt, voir planche au-dessus) qui vient de sortir ou sur Fantômes Blancs (avec Appollo), toujours disponible, en attendant son adaptation de Boule de Suif de Maupassant, je lui laisse la parole.
Li-An :
Quand j'étais ado, le clip déboulait sur les écrans télé (ah, Mondino !) et j'en bouffais jusqu'à indigestion. En passant à des musiques moins "populaires", j'ai fini par m'en éloigner, peu enclin à bouffer du R&B ou du hip hop commercial pendant des heures. J'ai donc découvert le "Let Forever Be" des Chemical Brothers par Michel Gondry sur le DVD qui lui est consacré. Je n'écoutais pas les Chemical à l'époque malgré une vague envie d'en savoir plus...
Ça commence avec une image vidéo un peu crade d'un type qui tape sur ses fûts dans la rue. Je n'ai absolument pas un goût pour l'esthétique "brute", je préfère une image léchée (Lynch ou Coppola) mais l'effet spécial pourri qui suit accroche le regard. C'est un effet que l'on trouvait dans les vidéos de ma jeunesse, un effet kaléidoscopique commun qui était utilisé jusqu'à plus soif, un héritage des années 60/70 censément représenter les effets des drogues et qui était alors géré par un filtre placé devant l'objectif. Dans les années 80, l'effet est géré directement par le réalisateur (je ne connais pas les détails techniques). Tout le clip de Gondry est basé sur ces facilités de mise en scène.
La beauté de la chose, c'est de prendre quelque chose devenu tellement banal qu'il en est ringard pour le magnifier en lui donnant une réalité (puisque l'effet de kaleidoscope est concrétisé par des danseuses et un décor qui recréent l'effet d'éclatement ). Le résultat est étonnant pour quelqu'un qui a connu les clips de l'époque: au lieu de visionner un artiste démultiplié au point de ne plus avoir de vérité, soulignant de manière inconsciente la possible clonification des chanteurs de variété, le spectateur est confronté à un personnage féminin dont la démultiplcation poétique et chorégraphique reflète l'état mental. Gondry démontre que même derrière la technologie la plus creuse peut se cacher une vérité artistique et humaine. J'ai acheté l'album.
Ici, sur Daily Motion avec un meilleur son '(selon Li-An).
Ici, sur Daily Motion avec un meilleur son '(selon Li-An).
3 commentaires:
Rumeur sur le Net :
Li-An n'aimerait pas le Chili con Carne.
Comment ça "un meilleur son selon Li-An" ? Et il y une faute d'orthographe. Et change en http://www.li-an.fr/blog et puis j'ai bien aimé ce chili. Et puis je suis drôle quand je veux non mais des fois...
Superbe ! je connaissais pas, et je ne connais d'ailleurs de Gondry que très peu de clip et je n'ai pas vu un seul de ses longs-métrage, mais je l'ai entendu samedi à "projection privée" sur France culture et c'était passionnant.
Michel Ciment, qui doit être un buveur de thé, n'a pas pu en placer une face à ce type qui doit fonctionner au sirop d'adrénaline pure.
On peut écouter et podcaster par ici :
http://www.radiofrance.fr/chaines/france-culture2/emissions/projection/index.php?emission_id=37
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