Commençons par ce qui m'apparaît comme le plus dispensable, ce récit de Riss sur l'enfance de George Bush. Si taper sur les ambulances n'est jamais très sport, ici c'est particulièrement vain (vu qu'il est pratiquement mis hors de nuire).
Les recueils de dessins de presse, on entre vite dedans mais souvent - à mi chemin - on peut éprouver de la lassitude tant les allusions à l'actualité passée ont nettement perdu de leur fraîcheur un an après leur création. Au contraire, ces trois compilations thématiques dans lesquelles on croise tous les dessinateurs de Charlie s'avèrent très digestes et la drôlerie d'alors n'a pas été éventée.
Finissons (ou presque) avec un livre qui sort le 20 novembre, Quand deux chiens se rencontrent. Luz adore les chiens, sans doute parce qu'ils le font plus rire que les hommes. Dans le passé (les mid-90's), il avait d'ailleurs un magazine nommé Chien méchant. La dynamique de ce livre surprend d'abord vu qu'il fonctionne sur un principe répétitif et décliné sur son ensemble (pas si loin de Fido face à son destin de Sébastien Lumineau). Tout se joue ainsi sur l'éventail des trognes (de clébards) dessinées et un running gag. Cela donne un petit livre orange flashy assez drôle (mais pas tout le temps) pour les amateurs de clebs et du trait luzien. Pour continuer avec les bestioles, allez voir sur le site de la photographe Stéphanie Meylan : Luz et elle mènent des projets en commun qui valent le coup d'oeil...
Finissons avec ce très savoureux hors série de Charlie Hebdo où Cavanna se raconte, de son enfance à aujourd'hui avec ses débuts dans la presse sous le pseudo de Sepia, la naissance d'Hara Kiri... L'occasion de remonter dans le temps avec lui et croiser Reiser, Choron et les autres. Ce hors série sort alors qu'à Nogent sur Marne une exposition lui est consacrée jusqu'à mai prochain.
Si son scénario est franchement léger (avec fin bigophonée), Dog et moi, premier album de Thierry Plus mérite cependant le coup d'oeil. M.Plus (qu'on a du mal à prendre pour un débutant vu son aisance dans les cadrages et les couleurs) sait en effet mettre en scène les grands espaces et les road movies, camper une atmosphère entre Paris Texas et 37,2 le matin. L'histoire (de l'argent, des mercenaires... et je vais m'arrêter là) ne constitue finalement qu'un prétexte au voyage. Pas très loin de Loustal, un livre dépaysant et prometteur. Mention finale à la couverture.
Ne pas se fier au dessin plaisant à l’œil de Lucas Varela : L’Héritage du colonel est un livre corrosif qui retourne le bide. Le scénariste Carlo Trillo (collaborateur d’Altuna, Breccia) met en scène dans son Argentine natale Elvio, petit fonctionnaire sans envergure et fils de militaire. Précision : lorsque la junte sémait la panique dans le pays, non seulement le papa torturait joyeusement mais il ramenait du « travail » à la maison… Ajoutez à cet ingrédient déjà explosif une attirance perverse pour les poupées et vous obtenez un album puissant qui, sans l’annoncer, nous emmène loin dans l’horreur.
L
Copyright Editions Delcourt Trillo-Varelahttp://lucasvarela.blogspot.com/
Si vous aimez l'humour nonsensique et wittgensteinien d'Udner (udner.blogspot.com) vous serez contents de savoir qu'il vous offre (enfin, dans la limite de ses stocks et puis il faut qu'il retrouve son dernier carton et il vient de déménager, tu parles d'un bazar son appart') une compilation de ces Absurderies. Oui, une sélection imprimée sur du papier de ses gags les plus fameux.
Evénement fin novembre avec la sortie du Pinocchio drôle et cruel de Winshluss, commencé en 2001, interrompu le temps de réaliser avec Marjane Satrapi Persepolis. On en reparlera au moment m mais vous pouvez en télécharger un extrait sur le site des Requins Marteaux. J'ai eu la chance de le lire et c'est de l'humour noir grand art .
Bonne nouvelle pour les Parisiens -il en faut - Julia Dasic (dont je vous parlais ici) a enfin sa première exposition d'envergure au centre culturel de Serbie dans le 4e. Elle y dévoile sa troublante série de "culs joufflus" (dixit), soit des nus où le sensuel le dispute au grotesque, au monstrueux. L'expo court jusqu'au 31 octobre mais ceux qui souhaiteraient acheter ces merveilles seraient bien indiqués de se presser (pour en voir plus, let's go ici). La dernière fois que j'ai vu Julia lors du vernissage, elle arrosait tout le monde de champagne, signe qui ne trompe pas.
S'il vous arrive de lire des mangas, vous connaissez la marotte de beaucoup d'éditeurs : publier les premières pages en couleurs d'un volume avant de passer abruptement au noir et blanc. Dans le cas de Spaceship EE (édition Kana) de Aya Takano, c'est bien dommage : le livre baisse un peu d'intensité sans ces jolies teints d'aquarelles. Oeuvrant normalement sur la scène de l'art contemporain, Aya Takano s'est essayé au manga. Honnêtement, son histoire jonglant entre jeu et virtualité est incompréhensible mais elle livre un séduisant album d'images poétiques... surtout quand elles sont en couleurs. N'empêche, cette première tentative dénote et on ne peut que le conseiller à quiconque en a marre des mangas formatés.
15 pochettes à reconnaître, vous laissez vos commentaires (non publiés pour maintenir le suspense) autant que vous le voulez. Et les scores en direct."J’ai toujours sauté d’un genre à l’autre. J’ai commencé par le jazz et souvent ceux qui le font y restent. Mais j’avais la volonté de faire autre chose. Quand j’ai commencé Placebo, j’ai tout de suite intégré le piano électrique et le synthétiseur. Pas mal des premiers disques de house ont une couleur jazz, Marshall Jefferson improvisait au piano sur des rythmiques house"*
Marc Moulin était humoriste, homme de lettres, musicien. Si on le connaît surtout pour avoir fait partie de Telex - le groupe européen qui a le plus influencé la techno américaine avec Krafwerk - on sait moins que dans les années 70 c'était un jazzman passionnant et novateur, notamment avec le groupe Placebo - rien à voir of course avec la bande à Molko. Il est mort avant-hier à 66 ans et je suis bien triste. Je l'avais rencontré il y a sept ans pour son premier album pour Blue Note et c'était un homme aussi doué que humble - une maladie belge, ça.
Petit hommage par vidéos interposées
Pour sa famille, les auteurs qui l'ont connu et des dizaines de ses fans, le week end dernier a été placé sous le signe de la célébration, celle d'Yves Chaland, auteur disparu à 33 ans en 1990 alors qu'il était déjà un des plus grands de la bande dessinée (ci-dessus le tshirt officiel de la manifestation portée par Miss Sev)
Cela se passait à Nérac, charmante petite ville près d'Agen où Chaland a passé son enfance et qui est restée un de ses repères le restant de sa trop courte vie.
Egalement des planches de Freddy Lombard, bien plus grandes qu'imprimées, magnifiques, comme celle-ci de la Comète de Carthage (malgré le sale reflet)
Chaland a aussi une actualité éditoriale, déjà avec ce livre d'hommage qui dresse par touches un portrait complexe. Sans doute que les interviews auraient mérité un peu de punch, que son contenu est inégal mais on y voit des brouillons de lettres écrits par Chaland dans le style romanesque, mégalo et savoureux qu'on lui connaît (voir les quelques interviews qu'il a données), des jolis témoignages de Berberian, François Avril ou Serge Clerc, des planches de Menu ou Stanislas, un dessin de Chaland dans un abri de jardin, des photos sur lesquelles YC irradie... Bref, pour quiconque aime Chaland l'achat de ce livre s'impose... Merci Champaka.
Comme la réédition à un prix abordable et en quadrichromie de son Spirou, Coeurs d'acier. Que c'est beau. Merci Champaka bis.
Autre événement, et de taille, la sortie du magnifique Journal des Amis de Freddy sous couverture de Luc Cornillon. Avec dedans de l'inédit, un entretien avec Stanislas, des jeux, des avis de spécialistes... Je n'en dis pas plus, moi-même humble membre des Amis de Freddy, à part que si ça vous intéresse, allez sur le blog des Amis de Freddy, tenu de main de maître par Geert, l'initiateur et âme du journal.
