dimanche 14 janvier 2007

Cui cui


Introduction typique et superflue : « j'avais envie de revenir sur... » Qu'est-ce que c'est que ce bordel ? Oh, le con de pigeon, il est en train de foutre le souk dans mes vinyles. Prends ça (BLAM), allez, casse-toi. Bon, je ferme la fenêtre, de toute façon, fait froid. Donc, en décembre sortait chez nous un recueil d'histoires d'Osamu Tezuka, finement nommé Demain les oiseaux (un titre dû à l'éditeur, non à lui mort depuis belle lurette, qui, malgré sa référence transparente à Simak va bien). Pour aller vite, Tezuka représente un monument au Japon, l’équivalent d’un autre génie, Hergé. Sauf que Tezuka a dessiné 150 000 pages, insatiable raconteur d’histoires influencé par Disney qui a créé des personnages (Astro Boy, Le Lion Léo) entrés dans l’inconscient collectif mondial, développé des séries au ton novateur, encore maintenant pour nous qui découvrons son œuvre gigantesque avec des décennies en retard. Dans le Japon de l’après-guerre, Tezuka parlait de drames familiaux (Ayako et son héroïne abusée et cloîtrée) ou de médecins justiciers (Blackjack ou Kirhito), donnait dans le surréalisme enivrant (Barbara). Ce sacré conteur avait la faculté, avec son trait marqué par la rondeur de Disney, d’amener le lecteur là où il le voulait. Maîtrise du mouvement, du cadre, une facilité innée à paraître simple.Même en transversale, il est impossible de résumer, trier et surtout transmettre le quart des émotions procurées par ses mangas. Seul constante : l'étude des rapports entre l'homme et la nature, entre lui et sa nature. Les histoires de Demain les Oiseaux, pourtant indépendantes les unes des autres, tissent le même fil inquiétant : et si des autres animaux que les humains profitaient de leur supériorité pour nous rappeler notre condition (de bestiole) ? Les premières « nouvelles » montrent l’ascension des oiseaux et la relation désemparée des humains. Puis le pouvoir change progressivement de main, l’intelligence et la solidarité des races volatiles prennent le pas sur la stupidité arrogante des homo sapiens, en régression rapide. Ça devient pire que le film d’Hitchock : l’homme est réduit à un animal de compagnie, un esclave. Une horreur à l’humour noir (les oiseaux reproduisent le système des castes, deviennent même cannibales). Morale : si un pigeon vous jette un jour un regard particulièrement vif et malin, vous saurez que le temps de la revanche a sonné. Bon, il ne faut pas s’affoler. Et l’homme reste son principal danger, c’est rassurant.
La planche au-dessus est donc extraite de Demain les oisaux (gros gros volume), édité par les Editions Delcourt qui ont une politique assez passionnante et fouineuse au niveau manga. Dans leur catalogue Tezuka, rien n'est à jetter et tout à lire. Copyright Delcourt et Tezuka productions donc pour la reproduction. Un autre editeur sort en même temps les premiers épisodes d'un série qui vaut franchement le coup : Demain la terre.

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