mardi 20 mars 2007

Jeunes et...


Le sous-titre « la culture jeune d’Elvis à Myspace » sent un peu l’opération putassière, l’appel d’air en direction des talk-shows et des dossiers générationnels des magazines. Pourtant, Nous sommes jeunes nous sommes fiers de Benoît Sabatier (rédac chef adjoint « musique » de Technikart, magazine que j’aimerais détester mais en fait m’amuse) tranche dans la production des livres sur le rock, dominée en quantité par les effets de calendrier et l’opportunisme. Il y a déjà le fil directeur : la jeunesse existe depuis qu’elle a inventé le rock (et vice versa). A partir de l’apparition d’Elvis, des Beatles, de Dylan, des Stones, des hippies etc ., elle est devenue force motrice de création, contestation et consommation. Se greffe autour de ce tronc des références et des histoires déjà connues ou lues. Sauf que Sabatier revisite, mais va à son essentiel, apporte une vision synthétique et surtout cherche ailleurs (chez les penseurs, l’avant-garde) pour nourrir de citations et éclairer l’histoire du rock comme une trajectoire folle vue plan par plan. Enfin, il remet sur les mêmes échelles temporelles et souligne le décalage qu’a toujours accusé la France en matière de pop-rock-punk par rapport à l’Angleterre, les Etats-Unis. Il n’oublie cependant pas les exceptions françaises, de Christophe à Rock’n’Folk en passant par Taxi Girl, le vrai fil rouge, cousu fin, du livre (c’est le groupe de Daniel Darc et Mirwaïs qui a chanté “Nous sommes jeunes nous sommes fiers"). De manière abrupte, Sabatier interrompt « son » récit pour appuyer sur pause le temps d’entretiens un peu décalés (avec Brian Eno, les Strokes, Eminem…) Comme je suis un imposteur et qu’il est épais, je n’ai pas fini de le lire (je m’y consacre régulièrement vu qu’il traîne dans notre salle de bains). J’ai tout de même le sentiment d’être face à une entreprise décisive. Cynisme ou non, une compile accompagne (sortie Sony) le livre de Hachette. Quitte à montrer que la jeunesse est devenue un produit, autant l’appliquer, non ? Les deux disques conçus par Sabatier, même s’ils sont nourris par le catalogue Sony, montrent des goûts très hétéroclites et réjouissants : A Tribe Called Quest avec Johnny Cash, Michael Jackson et Christophe… certains voisinages sont de grands écarts volontaires qui dénote une vraie souplesse. Et puis il y a le morceau de Taxi Girl que je ne connaissais pas (vu que je ne connais rien de ce groupe), dance-music slogan assez étonnante.

4 commentaires:

Anonyme a dit…

Super commentaire, très utile. Merci bcp l'ami. D'autant que j'en suis à la page 130 du livre (sur 680 pages) et que je suis tout à fait d'accord avec vous.
La compilation, un double album de 33 chansons-hymnes à la jeunesse, est formidable !!

Vincent Brunner a dit…

Merci, l'ami itou.
On va pouvoir faire un concours : qui le finira le premier ? Car il est trop gros pour qu'on le prenne avec soi, on est d'accord...
Quant à la compile, elle m'a fait aimer un morceau de Jackson, ce qui est déjà beaucoup...

Anonyme a dit…

Je suis en train de le lire, pas de pot je l'ai acheté sur Amazon et pas de CD avec (dernier exemplaire).

Je fais partie de la cible type, puisque je suis un jeune de 41 ans, présent sur myspace, fan de Taxi-Girl depuis tout petit, j'ai écrit moi aussi un bouquin sur le rock et j'écris dans des fanzines depuis plus de 15 ans.

Bon bouquin, j'en suis à l'ère punk, c'est-à-dire ma naissance à la musique, le ton de Sabatier (qui est plus jeune que moi) colle bien à ce qu'il décrit, les discours sont pertinents et ça casse comme il faut ce qu'il faut casser. J'attends d'arriver à notre époque pour voir si je suis toujours d'accord avec lui.

Je suis vieux et je suis fier, parce que je me sens encore plus jeune que lorsque j'avais 20 ans, quand je me sentais terriblement vieux !

Vincent Brunner a dit…

Hello m'sieur Fred. Je suis un peu plus jeune que toi mais j'ai également l'impression d'être plus jeune qu'adolescent, comme si je m'étais un peu ouvert à la vie et gagné en vivacité. En tout cas, ne regrette pas ton achat sur amazon, le CD s'achète séparément (il est franchement pas mal, car très éclectique. Tu écris où si c'est pas indiscret ?