mercredi 28 mars 2007

Calcutta


Ça vire à l’imposture mais si je ne faute pas, personne n’y verra rien*.
Est-ce dû au fait que l’Inde était à l’honneur du Salon du Livre (qui s’est terminé et je n’y suis pas allé parce que je trouve ça triste ces amas de papier compressés, marketés, parqués dans des stands et des hangars) ? Paraît donc chez nous Calcutta, bande dessinée due à Sarnath Banerjee, Indien vivant à Londres, si j’ai bien compris. La jaquette précise qu’il est l’auteur de Corridor, premier graphic novel indien « de tous les temps », précision un peu gratuite que ma mauvaise foi fatiguée a dû mal à laisser passer (à quand le premier indonésien, etc. ?) Au contraire, Calcutta a des racines occidentales : noir et blanc comme dans Blankets de Craig Thompson, ton (auto)biographique ( même si Banerjee précise : « ce livre est inspiré de faits historiques mais pas limités par eux »), choix de l’anglais pour la langue. Si elle s’avère exotique, ce n’est pas par un quelconque aspect de carnet de voyage (et pourtant le héros – auteur revient sur les traces de son grand-père, à Calcutta, donc, et l’auteur utilise parfois des vraies photos) , plutôt par sa structure comparable à celle d’un recueil de contes bizarres. Le protagoniste cherche un livre rare qui a appartenu à son grand-père et sa quête prend la forme d’un mille-feuille de rencontres et de récits. Les premières séquences jouent le mystère en sautant de la forêt de Stuttgart à la cour versaillaise et le reste n’est que saute-mouton temporel. Des libations incroyables, des sacrifices de prêtres, un homme qui se ruine en cassant les verres les plus coûteux, le « Club des oiseaux », Banerjee nous fait pénétrer dans un monde de folie où la quête d’un livre devient presque rationnelle. Au final, la musique de Calcutta et son rythme (succession de chapitres courts) ne sont pas comparables à d’autres. Et la cartographie de la ville qu'il établit semble se jouer du temps et de nous. Il est donc facile de s’y laisser perdre et de perdre ses repères. Une sacrée expérience due à Denoël Graphic, maison d’édition qui les multiplie : de Popeye (une réédition de la version Futuropolis Robial) à Fun Home (qui vaut mieux que ce que la publication en feuilleton dans Libé le laissait croire) en passant par une adaptation de Stevenson (Le Maître de Ballantine par Hyppolyte) et l’étonnant et très Ever Meulen World Trade Angels.

* Je n’ai pas eu le temps de le finir.

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