Je suis trop vieux pour me voiler la face et occulter mes obsessions. Peut-être parce qu’il est dix fois plus prolifique que la moyenne, Joann Sfar me prend du temps, de la place (ça devient d’ailleurs problématique). Greffier est à peine en librairie que je me rends compte de la mini-révolution (elle ne touchera que ses lecteurs fidèles) opérée via le Bestiaire amoureux. Finalement ennuyé par la contrainte d’avoir un seul héros, Sfar a condamné Fernand le vampire à ne devenir qu’un personnage parmi d’autres de la série dont il était le héros. Finito, Grand Vampire, place à ce fameux bestiaire. Le dessinateur n’a pas repensé complètement la série initiale mais a voulu lui apporter de l’air. Dans les faits, ça se concrétise par la réédition de tous les épisodes de Grand Vampire en trois volumes, petit format, du Bestiaire Amoureux (à raison de deux histoires par bouquins). En même temps, sort le quatrième Bestiaire Amoureux, complètement inédit, auquel Sfar a dû se consacrer entre octobre et décembre dernier, en même temps que Klezmer 3 et la Vallée des Merveilles 2, entre son voyage aux Etats-Unis et Angoulême. Effectivement Fernand y est un peu éclipsé par Josacine, la vampire de 17 ans, le loup-garou sexuel et un nouveau personnage qu’on voit sur la couverture définitive - celle au-dessus a été remplacée à la dernière minute !). On perd un peu le côté militant des derniers (à prendre au sens littéral) Grand Vampire pour un ton plus badin, sentimental. Sfar aime dessiner l’amour (attention, on n’est pas dans Pascin) et c’est plaisant de se laisser séduire à nouveau par une série qu’on croyait installée.
Gros problème pour celles et ceux qui possèdent déjà les Grands Vampire, Sfar a ajouté en fin des trois premiers volumes des ARCHIVES. Des bouts de bande dessinée avortée mettant en scène son vampire et datant des années 90, les planches qu’il a présentée à l’Association et lui ont valu d’y être accepté en tant qu’auteur (notamment les planches précédant celles du Petit Monde du Golem), la première apparition sur sa table à dessin du Professeur Bell. On découvre le trait du Sfar d’alors, noir, crochu, sous influence de Pratt, Baudoin (Moebius?)… Quel travail d’épuration et de recherche stylistique il a accompli depuis (oui, cette phrase est lourde comme un mauvais framboisier).
Bon, espérons que dans 10 ans, il ne voudra pas reformater complètement sa série. En tout cas, ces Bestiaire Amoureux sont très jolis – le public américain, si je ne me trompe pas, a en eu la primeur puisque les Grand Vampire ont directement été édités sous cette forme - et autour de 15-20 euros.
Gros problème pour celles et ceux qui possèdent déjà les Grands Vampire, Sfar a ajouté en fin des trois premiers volumes des ARCHIVES. Des bouts de bande dessinée avortée mettant en scène son vampire et datant des années 90, les planches qu’il a présentée à l’Association et lui ont valu d’y être accepté en tant qu’auteur (notamment les planches précédant celles du Petit Monde du Golem), la première apparition sur sa table à dessin du Professeur Bell. On découvre le trait du Sfar d’alors, noir, crochu, sous influence de Pratt, Baudoin (Moebius?)… Quel travail d’épuration et de recherche stylistique il a accompli depuis (oui, cette phrase est lourde comme un mauvais framboisier).
Bon, espérons que dans 10 ans, il ne voudra pas reformater complètement sa série. En tout cas, ces Bestiaire Amoureux sont très jolis – le public américain, si je ne me trompe pas, a en eu la primeur puisque les Grand Vampire ont directement été édités sous cette forme - et autour de 15-20 euros.
Sur le site officiel tenu par ses potes, quelques planches du Bestiaire et aussi des fausses couves du Chat du Rabbin dues à Blain, David B, Riad Sattouf, Mathieu Sapin… Entre autres.
http://www.pastis.org/joann/
http://www.pastis.org/joann/
2 commentaires:
Marrant, je me suis acheté hier le premier tome ! J'avoue ne pas partager ton analyse sur son style. Certes il dessine mieux qu'avant, mais je n'aime vraiment pas ses couleurs dans son style actuel. Je trouve que sa meilleure période, jusqu'à présent, c'est celle des premiers Donjon crépuscule, où il avait un bon équilibre entre le souci de bien faire et l'improvisation foutraque. Et les couleurs étaient faits par Walter, depuis le Japon...
zongo!
Je pense que tu as raison sur les couleurs qui ne sont pas toujours super satisfaisantes (un mec comme Blain est meilleur dans ce domaine, pas de toute).
Par rapport au Bestiaire Amoureux, tu vois les travaux préparatoires de Sfar à ce sujet et le résultat après que Walter s'y est mis. Honnêtement, je préfère quand même la maladresse de Sfar au côté plus pro de Walter.
En tout cas, tu me donnes envies de relire les Crépuscule. C'est risqué quand même (après, on ne s'arrête plus). Relire les Grands Vampire est en tout cas un sacré plaisir - je vais peut-être même remonter jusqu'au Petit Monde du Golem.
Quant à l'âge d'or de Sfar, je ne pense pas qu'il soit derrière lui. Il a aussi plus d'opportunités de publications, donc moins le temps de chiader. C'est marrant, je me rappelle avoir eu cette discussion avec Thomas Heng il y a quatre années, il prétendait déjà que Sfar avait énormément baissé...
Enregistrer un commentaire