C’est un nom, une référence incontestable. Mais parler de Will Eisner ne sert pratiquement à rien, c’est le lire qu’il faut. Quelle évidence, quelle virtuosité dans la narration, quelle aisance à développer une idée en deux pages avant de s’attaquer à une dizaine d’autres… Dropsie Avenue, sous-titré "biographie d’une rue du Bronx" raconte un siècle en moins de deux cent pages, faisant exister une dizaine de personnages grâce à quelques scènes, quelques coups de projecteur. Ave lui, l'expression "roman graphique" qui commence à me lasser reprend tout son sens.
Une rue, des communautés qui se mélangent mal et mettent des dizaines d’années pour s’accepter (souvent au détriment de nouveaux arrivants), des meurtres, des incendies, des moments de solidarité et quelques histoires d’amour. Une de mes planches préférées commence ainsi : deux gamins regardent avec admiration le caïd du coin et son garde du corps (grand cousin d’un des mioches). Les garçons rêvent déjà leur futur, sans prêter attention à une voiture à l’arrêt. Qui s’élance, une rafale part, les deux « héros » meurent devant les yeux des gamins qui regardent ensuite les corps ensanglantés. Tout ça en sept images. Oui, je raconte mal mais de toute façon ça se raconte mal une histoire de Will Eisner ça n’est pas fait pour ça.
Une rue, des communautés qui se mélangent mal et mettent des dizaines d’années pour s’accepter (souvent au détriment de nouveaux arrivants), des meurtres, des incendies, des moments de solidarité et quelques histoires d’amour. Une de mes planches préférées commence ainsi : deux gamins regardent avec admiration le caïd du coin et son garde du corps (grand cousin d’un des mioches). Les garçons rêvent déjà leur futur, sans prêter attention à une voiture à l’arrêt. Qui s’élance, une rafale part, les deux « héros » meurent devant les yeux des gamins qui regardent ensuite les corps ensanglantés. Tout ça en sept images. Oui, je raconte mal mais de toute façon ça se raconte mal une histoire de Will Eisner ça n’est pas fait pour ça.
Indépassable.
Il suffit de lire les dessinateurs primés aux Etats-Unis par le Will Eisner Award : ils sont intéressants, voire réussis mais jamais au niveau stratosphérique de leur maître. Dont le dernier livre a été un démontage en règle du protocole des mages de Sions (le Complot). Respect éternel.
6 commentaires:
Respect éternel en effet. Je ne connais pas d'autre auteur de bd qui joue à ce point sur les expressions. J'ai leu y a quelques années son bouquin "sur" la bd qui explique un peu sa façon de travailler et je crois que l'idée maitresse c'est de ne rien laisser au hasard. Chez Will Eisner, les personnages vivent leurs émotions à 200%, tout est très marqué, ça se retrouve dans les cadrages, les typos. Quand il pleut, c'est toute la page qaui dégouline, etc.
Je ne connais pas trop le Spirit mais tout ce qu'il a fait après est assez fabuleux.
Le Spirit est sa bande policière avec un justicier qui joue les morts-vivants (il est censé être mort pour tous les autres, en fait).
Il y a déjà pas mal d'expérimentations formelles dans ces histoires...pourtant publiées dans les années 40.
en même temps en matière d'expérimentation formelle, winsor mcCay et les autres pionniers des premières décennies ont fait énormément de choses.
C'est d'ailleurs assez marrant que le système se soit un peu bridé avec des règles définies par la suite.
Tu as raison, Mc Kay a fait beaucoup, en franc tireur de la presse populaire. En revanche, je connais peu ses contemporains. Si tu as des noms, des pistes à me donner...
Je cherche comme ça mais je ne me souviens pas. Je crois que j'avais trouvé des noms soit dans un petit bouquin sur la bd écrit par Thierry Groensten, monsieur cnbdi d'Angouleme. Sympa ce bouquin d'ailleurs mais c'est trop vieux pour que je retrouve le titre.
ça fait maigre comme infos tout ça.
Funnies chez le vieux Futuropolis et un truc publié aux States parle de ces dessinateurs "bizarres".
D'un autre côté au bout d'un moment, c'est lourdingue Little Nemo.
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