La mondialisation, la Shoah, les handicaps mentaux… Philippe Squarzoni est un auteur exigeant qui privilégie les sujets lourds et peu divertissants. Après le pavé politique Dol (réédité il y a quelques mois en version réactualisée), le voici qui sort un livre plus léger… au niveau du poids (80 pages), tout du moins. Un après-midi un peu couvert mêle en effet interrogations sur la paternité et une affaire de pédophilie étouffée, le silence écrasant qui régit les habitants d’une île et la communication entre un couple. Si Squarzoni est fort c’est par l’humanité qu’il transmet à ses personnages, animés sans manichéisme et, au contraire, en proie aux doutes. Par l’intermédiaire de son personnage principal (qui retrouve sa copine sur une île le temps d’un après-midi), on croise ainsi, au gré de ses pas, une dizaine d’habitants campés avec beaucoup de subtilité et une authenticité telle qu’on les croirait sortis d’un épisode de Strip Tease (impression accentuées par le réalisme quasi-photographique du dessin). Ici, le silence n’est jamais muet et cet après-midi en bichromie laisse une trace dans la tête de celle ou celui qui lui consacrera quelques dizaines de minutes.
En dessous les trois premières pages, copyright Philippe Squarzoni-Editions Delcourt
