dimanche 18 juillet 2010

Cokalane : Herbie Hancock

L’autre nuit, en réécoutant l’étonnant album de Philip Selway, le batteur de Radiohead, qui fait un convaincant coming-out de songwriter…





(ici, on le voit avec Neil Finn, parce qu'ils ont travaillé ensemble sur un projet collec-carita-tif)

... je suis tombé sur cet article un peu triste consacré à Herbie Hancock. Cela m'a rappelé la fois où je l'ai interviewé pour un de ces derniers albums intéressants, Future 2 Future. Rencontre archi-décevante face à un musicien vivant sur son nom et se foutant en partie de l'album qu'il publiait - de fait, il était intervenu à la dernière minute sur Future 2 Future, conçu en grande partie par Bill Laswell, grand ordonnateur d'un chantier impliquant Carl Craig, A Guy Called Gerald...

Entendons nous bien, mr Hancock mérite cent fois le respect.
C'est un des musiciens, qui comme Coltrane, Wayne Shorter, Bill Evans et bien d'autres a accompagné Miles Davis.



(ici en 1963, regardez le batteur Tony Williams, il a 17 ans)

Un de ceux qui a ouvert des brèches, ramené le groove dans le jazz, pavé la voie à la techno.


(ici, "Chameleon" avec les Headhunters)


Un extrait de Sextant, album sidérant de 1973, Carl Craig avant l'heure...

Mais, quand je l'ai rencontré en 2001, Herbie Hancock n'avait déjà plus rien à dire, ni sur sa musique, ni dans sa musique. Ce jour-là, il dédicaçait à la chaîne des piles de cds (pour la maison de disques allemande, me précisait-il) pendant que j'essayais de lui extirper quelques bribes. Non, il n'avait pas toujours rencontré Carl Craig qui figurait pourtant sur son album ("pas le temps''), n'avait pas écouté non plus le coffret In A Silent Way qui venait de sortir, confessait ne plus avoir le temps d'écouter de musique - apparemment, il manquait aussi de temps pour la sienne.
Puis est arrivé un jeune collègue enthousiaste qui portait ses seules questions sous le bras : quelques vinyles qu'il voulait faire dédicacer. Inutile de dire que la fin de cette interview a atteint des sommets d'indigence...

Bref, comme il le précise dans l'article de Libération, Herbie se consacre maintenant au format chanson. Son album s'appelle The Imagine Project avec donc une reprise d'"Imagine" interprétée avec la complicité délicieuse de Pink et de Seal.
Vous pouvez en écouter quatre extraits ici...
Si une chape de tristesse ne vous tombe pas sur les épaules, si vous n'avez pas envie de vous saisir d'une tronçonneuse ou d'écouter "Sheena Is A Punk Rocker" après quelques secondes de cette horreur, éteignez votre ordinateur et attendez de reprendre vos esprits. Et ne revenez plus jamais ici...

Sur la même chanson, il y a certes-aussi-pourquoi pas Jeff Beck, Konono et India Arie, Oumou Sangare. Mais rien que l'idée d'entendre les timbres de Pink et de Seal se mêler pourrait justifier de remonter dans le temps pour empêcher cet enregistrement. Le pauvre Lennon n'imaginait sans doute pas combien son hymne à la paix servirait d'alibi à toutes ces atrocités dignes des Enfoirés.
Forcément, quelques secondes de cette purulence pacifique doivent être écoutables... mais voir Herbie Hancock laisser sa propre musique en perdition ne cesse de me navrer...

Pendant ce temps, le nouveau clip de Flying Lotus émerveille - c'est avec lui qu'Herbie devrait collaborer s'il en avait encore à foutre de la musique....



Flying Lotus que l'on retrouve sur la BO de Rubber, le prochain Quentin Dupieux qui a l'air bien barré comme l'étaient le Non Film et Steak. L'histoire d'un pneu qui prend vie ! Pour contraster avec le rythme lent du film, Dupieux a composé une musique surspeedée avec Gaspard de Justice et demandé à Fly-Lo un remix. Les morceaux s'écoutent plus bas.







4 commentaires:

Francky 01 a dit…

Hello Vincent.
Tout d'abord, cela fait ultra plaisir de te relire ici, de voir ton blog au taquet !!

Étrange et consternant ce que tu nous apprend là. Je ne croyais pas H.Hancok devenu comme cela. C'est triste et dommage car avec un tel passé !
Perso, c'est grâce à lui que je suis venu au jazz. J'ai commencé par écouter une compil de sa période électrique "Mr Funk" et ensuite ses albums :
"Sextant"(1972), "Head Hunters" (1973) et mes deux préférés "Thrust" (1974) et "Man-Child" (1975 année de ma naissance).
Et ensuite j'ai pu faire cette formidable plongée au coeur de la musique électrique de Miles Davis...Un choc inégalé !!!
J'ai aussi eu l'occasion de le voir au festival de "Jazz à Viennes" en trio (batterie + contrebasse + piano) pour un concert hommage à Miles. Mais en acoustique donc ni de furie électrique, ni de tous ces différents claviers vintages que j'aime tant : orgue Hammond, Fender Rhodes, Moog......

Tu as bien bloqué sur Flying Lotus. Je ne l'ai hélas pas encore mais l'ai écouté sur deezer et il a l'air excellent. Tout comme "A Sufi And A Killer" de Gonjasufi qui forment presque un diptyque, l'un répondant à l'autre.

Bon, j'arrête mon blabla et te dis à + + +

Vincent Brunner a dit…

Hello Francky, ça va bien ? Je me suis tâté à écrire ce billet mais bon on ne peut rester sourds. Si tu écoutes les quelques morceaux dispos, on est loin de l'âge d'or dont tu parles. J'ai effectivement gardé un triste souvenir de cette rencontre, souvenir que la lecture de l'article planplan de Libé a réveillé. Je me souviens l'avoir vu en concert quelque temps après - et aussi avec Jazzmataz - et bon, on ne sent pas vraiment d'intensité. Alors que je garde une émotion plus vivace des deux heures de concert données par Sonny Rollins à Nancy...

bob bob a dit…

Ben moi j'aime les Enfoirés.
La musique ça ne peut pas être seulement une recherche de la nouveauté, de la création qui transpire à chaque mesure... Ca peut être du simple plaisir sans prétention, on prend une chanson et on la joue, et puis c'est tout.
Le premier degré, tout simplement.

Les problèmes commencent quand on fait de la merde en prétendant faire qqchose de bien ou de novateur ou d'original. Genre... Beck (aïe, je sens que je vais m'en prendre plein la tête), ou Placebo, ou les Doors.
Mais faire de la variété sans autre ambition, pourquoi pas ? Si certains chanteurs qui participent aux Enfoirés sont totalement irrémédiablement irrévocablement insupportables, je trouve que les Enfoirés c'est... digne.

Et puis je pars du principe que chez tous les chanteurs il y a au moins une chanson à sauver, ça apporte une curiosité, une ouverture d'esprit - même si en vrai je n'ai pas toujours trouvé cette chanson (une bonne chanson de Michel Sardou... aïe aïe aïe).

Ca ferait un bon quizz d'internet : une chanson qu'on aime bien d'un chanteur qu'on déteste. :-)

Vincent Brunner a dit…

Salut Bob Bob. Heu, pourquoi tu parles des Enfoirés ?
Bien sûr, le plaisir simple d'interpréter une chanson, pourquoi pas. Après, pour revenir à Herbie Hancock, il y avait peut-être moyen d'aller chercher d'autres personnes que Juanes ou Pink. Quant aux Enfoirés, ou bien je n'apprécie pas les chansons qu'ils choisissent ou alors j'ai un peu l'impression d'entendre un massacre. Mais surtout, en fait, ça m'indiffère. Je n'ai jamais écouté un de leurs disques.
Quant à ton quizz, effectivement c'est une question toujours intéressante, proche de celle du plaisir coupable.