En vacances (en quoi ?) on rattrape son retard. Avant que les trois tomes de Millenium ne me tombent sur le pied -d'ici peu, ils tanguent devant moi mais GB 84 de David Peace fait rempart- je voulais à tout prix lire cet essai consacré au Chien de Barskerville de Conan Doyle. Pierre Bayard, universitaire, psychanalyste et auteur de livres malins (son best seller, pas lu justement : Comment parler des livres que l'on n'a pas lus ?) a inventé un genre, la "critique policière", sorte de contre-enquête destinée à rétablir la vérité d'une énigme. Après Agatha Christie (Qui a tué Roger Akroyd ?) et Shakespeare (Halmet), Conan Doyle, donc, et son sacré Sherlock Holmes.
Après avoir bouffé pendant des décennies de l'intrigue policière, du polar et des séries de mieux en mieux ficelées, voire entortillées comme les tentacules du Blob, une relecture* du livre de Doyle il y a quelques mois m'avait honnêtement laissé un peu sur ma faim. L'intrigue fonctionne mais un peu de guingois, il y a du jeu dans les rouages. Mais je n'avais pas saisi, comme le fait de manière lumineuse et amusante Bayard, la vérité du livre.
Son essai s'appuie d'abord sur ce constat : ce Sherlock qu'il avait tué (avant de le faire revivre, sous la pression populaire), Holmes ne l'aimait pas. D'où cette enquête un peu bâclée où il apparaît peu. Bayard reprend alors les termes du livre pour innocenter le coupable désigné par Holmes et désigner selon lui le véritable auteur des crimes sur la lande. Ce jeu d'esprit, par essence vain, instille déjà le doute quant à la rigueur d'Holmes (et de Doyle). Surtout, il débouche sur une théorie selon laquelle il existe une zone intermédiaire entre notre réalité et la fiction, une frontière poreuse.
Avertissement final : bien sûr, ce genre de livre n'enlève rien au talent de Doyle. Au contraire.
Demain, Conan Doyle meets Twin Peaks !
*La première date de l'adolescence où, fasciné par le climat fantastique, je plongeai dans la brume du mystère avec naïveté. Mais c'est fini tout ça...
1 commentaire:
Faudrait que je lise ça un jour.
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