jeudi 31 janvier 2008

Jukebox : Syd Matters


Discret, ni over-branché ou survendu, Syd Matters continue son chemin. Ghost Days est un petit miracle de folk pop où les chansons, littéralement aériennes, semblent naître devant nos oreilles avant de s'évanouir et laisser place aux suivantes. Jonathan, le leader de ce qui est devenu un groupe (applaudissements pour l'économie éclairée dont les accompagnateurs font preuve), possède une facilité à entonner des mélodies subtiles qui peuvent accompagner les matins d'hiver (les soirs aussi). Oui, il a beaucoup écouté Radiohead, oui, il chante un peu triste. Mais Ghost Days n'est pas à rater pour ceux qui préfèrent Nick Drake à Superbus. Clip en dessous. Au-dessus, la photo-logo de Jukebox dont je ne livrerai jamais l'origine (pourtant prestigieuse).



Syd Matters - Everything Else

mercredi 30 janvier 2008

Daniel Darc en interview


Après Crève-Cœur qui avait été plébiscité, Amour Suprêmes toujours conçu avec Frédéric Lo, même s’il ne provoque pas la même surprise, vaut à Daniel Darc des couvertures de magazine et de belles louanges. Il faut dire que c’est un bon client : par rapport aux petits chanteurs qui pleurent des états d’âme de puceaux, Darc a enduré, vécu les années cold-wave devenues mythiques… surtout pour ceux qui n’étaient pas là – comme il le dit lui-même. Ça donne une épaisseur à ses chansons, comme “J’irais au paradis”, l’excellent single. Mis à part "L.U.V." seul titre en anglais, dispensable duo enregistré avec Bashung (j’aime beaucoup les deux chanteurs mais là il ne se passe rien), Amour Suprêmes est un joli bouquet de chansons un peu tristes - j'avais écrit qu'il humiliait le reste de la chanson française (à part quand même Dominique A, Miossec et d’autres) mais j'exagérais.

Petite interview express par mots clés

L’esthétique du rock…
Pour moi, c’est pas anodin le t-shirt que je porte, ni les tatouages. J’ai jamais pu supporter les mecs aux cheveux longs patchouli qui écoutaient Mike Olfield. Le rock c’est… Quand tu vois une photo d’Eddie Cochran, c’est sublime. Quand tu l’écoutes, tu t’emmerdes un peu mais… ça fait partie d’un tout. Tu dois faire pareil, enfin, tu dois choisir ton camp, quoi. Le rock c’est un truc de teenager, c’est pour ça qu’il faut laisser tomber tout le cynisme.

De la nostalgie de l'époque Taxi Girl ?
C’était un tel bordel. Comme disait Keith Richards : « ceux qui vous parlent des années 60 ça veut dire qu’ils ne les ont pas vécues ». Je pense la même chose. On était tellement défoncés, autour de nous tout le monde crevait. Moi, je suis vivant, c’est cool, quelle nostalgie tu veux que j’aie ? Je préfère aujourd’hui. Et je crois que j’écris mieux aujourd’hui qu’avant.

Pendant Taxi Girl, musicalement tu avais les yeux tournés vers l’Angleterre punk ?
Non, plutôt New York avec Richard Hell, Johnny Thunders, The Heartbreakers, Patti Smith, Tom Verlaine avec Television. A part The Clash, en Angleterre, les autres me faisaient un peu chier.

Tu as déjà pensé à t’installer à New York ?
Le problème c’est que j’ai connu New York après Ben Laden et ses avions à la con. Tu peux pas faire un pas sans qu’un flic te demande ce que tu fous là, quoi. Alors que je me sens chez moi quand je suis à Londres. Mais bon, Paris, c’est une ville géniale. De toute façon, je ne peux pas vivre autre part que dans une grande ville.

Dernier disque de rock que tu as aimé ?
Amy Winehouse… je ne sais pas si c’est du rock. Tout le monde parle de ses overdoses. Personne de ses textes qui sont super bien, ses musiques magnifiques. Et puis c’est une meuf bien. J’espère qu’elle va continuer et pas se faire happer. Mais bon le rock, ça ne veut plus rien dire, le dernier disque de rock que j’ai acheté ça devait être en 75, Black’n’Blue des Rolling Stones.

Je ne sais même pas si je fais du rock, je crois pas, je fais un truc en français. Le Sacre du printemps ça me semble plus rock que les groupes de maintenant. J’aime beaucoup les Naast. Ah, si, un groupe que j’aime bien aussi c’est Asyl.

Tu portes un t-shirt Keith Richards, qu’est-ce que t’évoquent les Rolling Stones actuels ?
Moi, je vois Keith Richards, je vois pas les Rolling Stones. Il y a trois quatre héros selon moi - Keith Richards, Bob Dylan, Iggy - qui annoncent un truc étrange : c’est qu’on peut mourir de vieillesse dans le rock. Ça devient une musique comme le blues avec Muddy Waters et tout ça, c’est. Nous on a la chance (enfin, avec un peu de chance si on crève pas dans cinq minutes avec une bagnole qui nous écrase) de voir mourir de vieillesse (je ne le dis pas de façon négative)ces gens-là. Du coup, n’aura plus du tout la même signification qu’avant. Ça ne sera plus du tout une musique réactionnaire, en réaction, contre. Puisqu’on survit, c’est autre chose.

Enfin, Elvis, une idole ?
Bien sûr. Plus qu’une icône, c’est lui qui a tout fait.

Tu aimes tout chez lui ?
Oui, tout, je préfère même la fin que le début maintenant. Nous, enfin tous les rockers que je connais aussi.

Toi qui porte attention à la qualité littéraire du rock, que penses-tu des textes de ses chansons ?
Il ne faut pas trop parler de Presley en termes négatifs parce que ça m’énerve. La qualité littéraire, elle est très bien. Je suis au fan club d’Elvis, d’accord ? Donc Elvis est très bien, ce sont les meilleurs textes que j’ai lus, Dylan à côté c’est comme une merde. Tiens, j’ai la carte du fan club (en deux exemplaires) et le permis de conduire (réplique de celui d’Elvis). Je te dis ça en toute amitié (sourire en coin)

Mais j’ai beaucoup d’admiration. J’ai acheté il y a pas très longtemps Sunrise, avec tous les enregistrements Sun.
Ah, très bien.

En dessous, une version acoustique de "J'irais au paradis", inférieure tout de même à l'original (électrique) qu'on peut entendre sur www.myspace.com/danieldarc

Daniel Darc - J'irai au paradis

mardi 29 janvier 2008

"Into The Wild"

Paraît-il qu’ils sont amis. En tout cas, le regard du cinéaste Sean Penn rappelle beaucoup celui du metteur en scène Clint Eastwood : la même humanité, les émotions sans le pathos surligné. La durée d’Into The Wild (2h30), le nouveau film de Penn sorti le 6 janvier, a quelque chose d’un peu inquiétante. Le thème de la redécouverte de la nature aussi*. On peut craindre de belles images, des panoramiques, des plaines à perte de vue et pas mal de baillements. Au contraire, plus on s’approche de la fin, plus on le déplore tant on s’attache aux personnages (notamment le personnage de Christopher McCandless, ce jeune Américain dont le rêve est d'aller en Alaska). On peut même supporter la voix d’Eddie Vedder qui s’avère d’ailleurs très supportable - comme la musique de Michael Brook). A croire que le cinéma lui réussit (cf Dead Man Walking)
Ci-dessus l’autoportrait du vrai Christopher McCandless, en bas la bande annonce du film.
* Bien sûr, le film est loin de se limiter à ça mais je ne vais pas déflorer le reste. Car arriver dans une salle de cinéma vierge de tout a priori est assez jouissif. Et, oui, il y a d’involontaires jeux de mot vaseux dans les lignes précédentes…

Into the Wild - Trailer

lundi 28 janvier 2008

La Madeleine du lundi 9 : The Boo Radleys

Un des singles de l'été 1995, un morceau de pure joie pop par un groupe d'orfèvres incompris. Cela fait bien longtemps que les Anglais, éclipsés à leur époque par les plus teigneux Oasis et consorts, ont perdu cette jovialité extraordinaire. Mais elle reste là, toujours à portée d'oreilles.
Le chanteur des Boo, Martin Carr, a cependant continué sous le nom de Brave Captain. Ici, vous pouvez télécharger gratuitement (suffit de s'inscrire à la mailing list) son dernier album en date.

Boo Radleys Wake Up Boo!

dimanche 27 janvier 2008

Angoulême 2008, le palmarès...

Déjà, l'excitation retombe... C'est l'album de l'Australien Shaun Le Tan, Là où vont nos pères qui a été distingué comme meilleur album de l'année.
Une décision assez surprenante - les surprises ont toujours du bon - mais qui ne m'a pas surpris vu que "mon" libraire hier à 15 h nous l'a annoncé à Udner et moi des heures en avance (tout en déplorant ce choix). De mon simple point de vue de lecteur-acheteur de BD, Là où vont nos pères rentre dans la catégorie des livres que j'ai feuilletés au cours de l'année sans sentir en moi l'envie d'aller plus loin, peu attiré par ce roman graphique d'apparence très beau mais aussi très muet. Totalement muet en fait...
Les images ci-dessous sont copyright Le Tan/Dargaud.



Reste que Catel et Bocquet ont le prix SNCF-FNAC et que Trois Ombres et La Marie en plastique figurent dans les cinq essentiels aux côtés de RG, Exit Wounds et Ma Maman est en Amérique, elle a rencontré Buffalo Bill. Cette année, pas de manga présent dans le palmarès. Peut-être par souci d'équilibre, parce que c'est Jiro Taniguchi qui va avoir le grand prix ?
En fait, non, c'est la paire Dupuy et Berberian qui a été désignée. Comme d'habitude, le choix ne ne discute pas, bravo à eux.
PS Donc pas d'auteurs japonais honorés cette année, même pas une breloque pour Death Note...

vendredi 25 janvier 2008

Angoulême 2007

Je n’y suis jamais allé mais le festival d’Angoulême me fascine, juste parce que il y réunion d’un jury et la proclamation de prix. Le syndrome de Cannes. Je sais que dimanche soir je vais être aux aguets pour connaître le nom du prochain président, les albums distingués… Alors que ça ne change rien à la qualité des bd concernées, aux émotions que l’on ressent ou pas, etc.
Prenons un exemple concret : NonNonBa de Shigeru Mizuki, prix du meilleur album de l'année dernière. Trait sympathique, histoire émouvante et rêveuse. Mais je ne l’ai toujours pas fini.

Qu’importe, l’excitation pré-verdict me reprend. Cette année, une cinquantaine d’albums nominés. Dont une bonne partie traitée par Playback :
- le recueil de Chris Ware, Le Journal d'un fantôme ; Le Roman de Renart ; la Topographie interne du M. ; L'Art attentat ; Je ne suis pas n'importe qui ; l'intégrale de Spirou par Franquin (pourquoi nominer cet archiclassique ? Mystère), Death Note, Gus de Blain, Ile Bourbon, L'Âme du Kyudo, Orfi aux enfers, RG, Par les chemins noirs.

Sans compter Le Chat du Rabbin, le Donjon dessiné par Larcenet, le XIII dessiné par Giraud, deux albums de Riad Sattouf (je penche plutôt pour L’histoire secrète des jeunes)… En tout, cinquante donc. A deux jours du palmarès, voici ceux pour lesquels je parierais, trois albums dont je n’ai (bêtement) pas parlé ici et qui sont assez concensuels pour faire l’unanimité.

Trois ombres de Cyril Pedrosa, Shampooing/Delcourt.
Le premier à m’en avoir parlé est le dessinateur Pasto. Puis Philippe Dumez ou Dominique A en ont rajouté chacun sur leur site/blog respectif. Bizarrement, je tournais autour sans arriver à l’ouvrir vraiment cet échantillon de Shampooing, la collection dirigée par Tronhdheim. Pourtant, portée par un trait fin et maîtrisé de bout en bout, cette fable familiale et fantastique mérite la lecture. Même si, personnellement, j’en suis sorti ému mais pas totalement chamboulé – comme s’il manquait une dernière couche à l’histoire pour qu’elle porte l’estocade. Qu’importe, ce livre, vu les réactions qu’il a déjà provoquées part avec un capital sympathie assez énorme. Gros outsider.
Quelques photos avec même un peu de relief.
Les images sont copyright Cyril Pedrosa/Delcourt.











Kiki de Montparnasse de Catel et Bocquet, Casterman.
Une biographie très prenante de cette égérie/muse de Man Ray et Foujita qui a connu le Paris artistiquement fou de l’entre-deux guerres. Passionnant (d’autant plus quand on habite le 14e arrondissement de Paris comme moi, vu que l’action s’y déroule en grande partie). José-Louis Bocquet tient le scénario d’une main de fer et la dessinatrice Catel excelle dans le noir et blanc. Vu le sujet (grand public), un autre outsider pour moi.









Images copyright Catel-Bocquet/Casterman



Enfin, La Marie en plastique de Pascal Rabaté et David Prudhomme, éditions Futuropolis. Vu que Rabaté a déjà « gagné » il y a peu à Angoulême, cette Marie a peu de chances mais on ne sait jamais. A partir d’un fait sujet à caution (une Marie qui pleure ?), Rabaté (scénario) et Prudhomme livrent une chronique familiale débonnaire et drôle où le réel, le vécu suintent des pages. Un recueil des deux volumes est disponible depuis peu.


Image copyright Rabaté-Prudhomme/Futuropolis


J’espère ne pas porter malchance aux auteurs car normalement je me trompe toujours dans ce genre d’exercice (en même temps, pas grave). A dimanche soir…







Bras de fer

Ruppert et Mulot organisent actuellement un concours de bras de fer entre dessinateurs. Pour savoir qui participe, allez ici. Pour l'heure quelques victoires flagrantes, beaucoup de coup en douce et du suspense.

jeudi 24 janvier 2008

Yira Yira - Carlos Gardel - Tango

Munoz et Sampayo


L’année dernière, c’est le dessinateur argentin José Munoz qui a reçu le grand prix du festival d’Angoulême. Comme souvent la première réaction est la surprise : « ah, il ne l’avait pas encore reçu ? ».
Jagger-Richards, Strummer-Jones, Bacharach-David… En bande dessinée il existe peu de duos aussi mythiques que les paires de musiciens précités. A part peut-être Dupuy et Berberian ou Munoz et Sampayo, couple d’artistes argentins qu’il est difficile de dissocier – même s’ils ont également œuvré séparément.
Au dessin José Munoz, au scénario Carlos Sampayo. Ils ont quitté l’Argentine en 1972 parce que dans leur pays il n’y avait aucun débouché pour des auteurs de bande dessinée et regagné l’Europe plus favorable même s'ils y ont longtemps vécu sans papier (comme Munoz l’a raconté dans le livre Paroles sans papiers et comme Sampayo l’explique dans la nouvelle revue Casemate).
Ils n’y sont jamais revenus (après il y a eu la junte militaire) mais elle reste dans leur cœur.
Carlos Gardel, la voix de l’Argentine leur nouveau livre est un peu un poème adressé à leur pays, à Buenos Aires. Même si Gardel serait (est ?) né à Toulouse !
«…Nous ne cherchons pas à insinuer qu’il s’agit d’une interprétation mais plutôt d’une œuvre artistique basée sur des aspects de la vie d’un artiste… » Tirée de l’avertissement préliminaire qui en dit bien sûr plus, cette phrase, plus qu’à désamorcer tout procés, sert sans doute à justifier la liberté dont les auteurs font preuve dans le premier volume de ce dyptique. Astuce : ils laissent la parole à des contradicteurs imaginaires qui débatent autour de Carlos Gardel, chanteur dont la voix a quand même été reconnue patrimoine de l’humanité par l’UNESCO. Des éléments sont authentiques - l’amour pour sa mère, ses chansons, sa venue à Hollywood et d’autres – néanmoins l’album prend la forme d’une fausse biographie heurtée où informations et traits de poésie se bousculent dans la plus grande confusion pour qui n’est pas un spécialiste de Gardel… Le fil narratif s’avère d’ailleurs ténu vu l’attirance qu’exerce sur Munoz et Sampayo l’abstraction. Ce premier volume prend ainsi les allures d’un beau livre d’images folles, où sensualité et grotesque se tiennent souvent la main dans la main. Dans certaines cases, on ne sait pas vraiment ce que l’on voit et ça participe à l’atmosphère.
En dessous, quelques PF* de cases et une vidéo du vrai Carlos Gardel.
(A noter que l’intégrale Alack Sinner, leur « héros », est disponible chez Casterman en deux volumes noir et blanc plutôt élégants).

Les images sont bien sûr copyright Munoz-Sampayo et Futuropolis.









Et maintenant la couve du Libé du jour, tout en images, avec un dessin de Munoz en couleurs (à noter que le prix des lecteurs du journal a été attribué à Colibri de Guillaume Trouillard qui a dû bénéficier d'un vote massif de ses proches).




Dans ce numéro de Libé, du Luz, Blutch, Guy Delisle, Ludovic Debeurme, etc. et du Willem. J'adore quand Willem parle de ses lectures...




mercredi 23 janvier 2008

Le retour de Gonzales

Quand il avait déclaré ne plus sortir d'albums, personne ne l'avait cru - et peut-être même qu'il ne l'avait pas dit comme ça. En tout cas, le Canadien Gonzales après avoir formé avec le Français Renaud Letang un duo de producteurs aux mains d'or (avec du très bon comme Robots après tout de Katerine et du moins) redevient un personnage public.
Lui qui avait débarqué en France avec son personnage de rappeur timbré et excentrique (j'en aurais des choses à raconter, de son premier concert au Batofar où l'on devait être trente à son fameux concert d'adieu où il a obtenu que le public au rappel lui laisse l'Elysée Montmartre pour lui tout seul en passant par la fois où lors d'une interview télé j'ai fait du beatbox pour qu'il rappe en français) s'est un peu stabilisé. Si on en croit le "teaser" plus bas, son nouvel album sera pop et moins hip hop. Mais il a plein de tours dans son sac.
Retrouvera-t-il la veine d'un de ses chefs d'oeuvre, "Let's Groove Again" ?
En bonus, le clip de "Take Me To Broadway", toujours rigolo.

Gonzales - Take Me To Broadway

Working Together Teaser

mardi 22 janvier 2008

Jouons avec Manchette

Hier, en regardant la première partie d’un excellent téléfilm sur l’affaire Ben Barka diffusé par France 2 (non, aucune erreur dans cette phrase), je pensais à L’Affaire N’Gustro, l’excellent polar écrit par Jean-Patrick Manchette à partir de ladite affaire. Bien sûr, je pourrais en conseiller à la lecture, bla bla. Je vais plutôt en livrer la fin :
« Ils ont sorti le corps de la cave et on l’a enterré dans un champ et, sur la fosse, on a bien pris soin de replanter les betteraves ».

Manchette, parmi tous ses talents, savait finir ses livres avec classe et un style incroyable.
Petit jeu, saurez-vous de quels (de ses) livres sont tirés les fins suivantes ?

1 « Son oreille était douloureuse quand on y touchait, mais il n’avait pas envie qu’on y mette de l’alcool. Il partit jouer aux indiens ».


2 « Le fait qu’avec son bercail Georges tourne à 145km/h autour de Paris indique seulement que Georges est de son temps, et aussi de son espace ».

3 « FEMMES VOLUPTUEUSES ET PHILOSOPHES, C’EST A VOUS QUE JE M’ADRESSE ».

4 « Ces nuits-là, Terrier dort en silence. Dans son sommeil il vient de prendre la position du tireur couché ».

Il y en a au moins une de très facile. J'attends vos réponses...
LES PREMIERS GAGNANTS
GLORB a été le premier à trouver le 2.
APPOLLO a été le premier à trouver le 4.
GLORB a été le premier à trouver le 3 mais il a un peu triché.
Seul le 1 n'a pas encore été trouvé et reste sourd aux appels lancés par les moteurs de recherche.
LE JEU CONTINUE...
Coup de théâtre, par recoupement GLORB a trouvé le 1.
Gloire à lui. Maintenant il ne lui reste plus qu'à lire ces livres - même s'il en connaît la fin.
PS : La couverture ci-dessus est celui de la presque intégrale des romans de Manchette. Car il manque la novélisation de L'Homme au boulet rouge dont la sortie étrenna Playback.

lundi 21 janvier 2008

La Madeleine du lundi 8 : Dee Lite

Parfois, la Madeleine du Lundi aime la facilité et s'éloigne du concept de base. Après EMF, The Screamin' Blue Messiahs, Big Audio Dynamite,les atterrants Zodiac Mindwarp , Westworld, Carter USM et The Primitives la semaine dernière, voici un tube, dû à un groupe séparé depuis belle lurette*. Dee Lite, sous leurs airs de projet cartoonesque et inoffensif a (je crois) servi de pont à pas mal d'indie rockers boutonneux comme moi qui méprisaient la dance ou la house sans rien y connaître. Avec leur mixture pop remuante et sexy (ah ah Lady Kier en photo dans Best circa 91, humm) ce trio m'a ouvert les oreilles sur la techno (voire la jungle), la musique électronique en général.
Ce morceau reste très sympathique et je défie quiconque dans une soirée (à une heure suffisamment avancée) de résister à son intro bouge-cul. En plus, il y a Bootsy Collins et Q-Tip.
*Pas de nouvelle du tiers russe du groupe depuis belle lurette, Lady Kier était devenue DJette jungle aux dernières nouvelles pas très fraîches. Quant à Towa Tei, il a sorti plusieurs albums electro-lounge et a participé à l'hommage de Senor Coconut à Yellow Magic Orchestra.

deelite groove is in the heart

vendredi 18 janvier 2008

Jukebox : Vampire Weekend

Jukebox paresseux avant le week-end avec le groupe américain Vampire Weekend. Groupe qui ensoleille la blogosphere depuis un an, groupe que d'autres connaissent bien mieux que moi. Un clip volontairement cheap assez réussi dans le genre (cheap). Comme je suis fatigué, c'est fatigué que je sous souhaite un bon weekend (sans vampire).
(Le ridicule tuera-t-il ce ridicule post ? Mystère et boule de mystère).
Ah, il faut aller voir Leur Concert à emporter qui, malgré la grisaille parisienne, est assez impressionnant.

Vampire Weekend - A-Punk

jeudi 17 janvier 2008

Jack de Minuit

Chacun ses fixettes, ses obsessions. Les éditions du Cri continuent à rééditer du Jean Ray, cet écrivain belge que j'adule pour son sens du mystères, ses intrigues de pacotille. Après une quinzaine d'Harry Dickson, voici Jack de Minuit un court roman écrit commencé à Barcelone et Gibraltar en 1922 (selon la signature de l'auteur qui était tout de même un peu mytho) publié en feuilleton en 1932, édité en livre de manière posthume en 1992.
Comme l'écrit Henri Vernes, Jack de Minuit c'est une aventure du détective Harry Dickson sans Harry Dickson : mystérieux commanditaires, salon qui disparaît, jeu d'identités; on nage pendant 15O pages jusqu'à remonter à la surface dans les dernières pages. Ce volume se dévore avec le plaisir débonnaire qu'éprouve en lisant du Tillieux. Je ne saurai conseiller à ceux qui ne connaissent pas Jean Ray d'attaquer son oeuvre phénoménale par Malpertuis, son chef d'oeuvre.

Plus bas, quelques PF* des superbes illustrations de René Follet qui ornaient la première édition (et pas la nouvelle, me semble-t-il), juste pour montrer l'esprit, l'ambiance, l'atmopshère... Mais que s'est-il passé ?


mercredi 16 janvier 2008

South Central, la révélation, la foi

Il y a déjà eu un remix pour Twisted Charms (sympathique groupe new new wave mais anecdotique). Puis cette prestation aux Transmusicales de Rennes, ébourriffante, electro-punk et chaotique qui dénotait avec celle, efficace comme un bookmaker yuppie de Calvin Harris (la fin de comète du revival techno pop, cinq ans après l’electro clash, mouaif).

South Central : des voix triturées, des riffs glam rock ou punk avec des rythmes frappés. Une musique puissante, subversive qui renvoie pas mal de trucs en vogue à ce qu’ils sont : des produits à une face, prémachés pour être plus facilement marketé.
South Central, qui vient de Brighton, propose quelque chose d’explosif porté par une énergie parfois difficilement contenue – ça éructe, ça bave, ça déborde.
South Central, un groupe vraiment contemporain avec une attitude sonore incisive, des idées pas régurgitées par d’autres. Un groupe qui a de l’avenir et dont il faudra guetter le premier album (des gens de goût suivent l’affaire).

South Central, un groupe qui m’excite tout seul devant mon ordinateur.

Plus bas quatre clips fauchés mais inventifs, quatre singles (dont le dernier "Golden Dawn", terrible) qu’il faut écouter à un volume très bas sous peine de DEVENIR FOU ET DANSER SUR SON BUREAU, SUR SON CLAVIER ET ECRIRE N’IMPOtrnzcvoanxoadaqjé. Ahcoaccna
Acbacnacn
Axba
Dnaxp
qxbâx

C’est dit. Autrement sur l’immanquable mypsace, des mixes à télécharger.

http://www.myspace.com/southcentralmusic

south central

South Central - Castle of Heroes Video (Uncensored Version)

South Central - Machine (Regal Records)

South Central - Golden Dawn - Dir : Steve Glashier

mardi 15 janvier 2008

The Dø


Depuis plusieurs mois, la blogosphère parle beaucoup d'eux, The Dø (prononcer comme la note de musique). Leur morceau le plus catchy a servi de bande son à une pub et à un dimanche. Certains destinent l'album aux fans de Mika, Moby ou d'Aaron (voir ce papier : http://www.liberation.fr/culture/musique/303138.FR.php?rss=true) Ce qui constitue un peu un contresens : quand les autres sont anecdotiques et réjouissent ceux qui n'écoutent pas beaucoup de musique, The Dø propose un vrai festin plus viscéral avec A Mouthful, premier album très abouti. Chant enchanteur avec une voix qui s'impose évidente le long de la quinzaine de titres, arrangements variés et construits, mélodies mémorables. Entre folk et beaucoup d'autres choses, un vrai disque avec lequel passer l'hiver. Et puis il y a les concerts où le trio se débrouille bien.

Je n'ai aucun mal à être à la traîne sur ce coup-là car je fais pari qu'on en parlera encore en 2009...

Thedo - On my shoulders

lundi 14 janvier 2008

La Madeleine du Lundi 7 : The Primitives

La Madeleine du Lundi continue et là on revient au concept de base. Après EMF, The Screamin' Blue Messiahs, Big Audio Dynamite,les atterrants Zodiac Mindwarp , Westworld ou Carter Usm lundi dernier, voici the Primitives.
Si je me souviens bien, j'avais enregistré leur passage en playback lors de "Planète Rock", présentée par Philippe Manoeuvre sur Antenne 2, dernière émission de la chaîne authentiquement rock.
J'ai galéré pour retrouver le nom de ce groupe anglais. Au début, j'ai confondu avec Tranmision Vamp, le groupe de Wendy James, tout de même un peu trop Roxette. Car The Primitives valent mieux que ça : bonne mélodie, gimmick de guitare, voix un peu flottante... "Crash" a encore une gueule de tube.
Apparemment, le groupe s'est séparé en 92 avant qu'un remix vulgos pour la BO de Dumb And Dumber ne redonne un coup de fouet à ce "Crash". Est-ce qu'on peut appeler ça de la malchance ?

Si vous voulez en écoutez plus (et même télécharger "Crash"), rdv ici.
Car, oui, The Primitives a son site dédié : http://www.crashsite.org/.
Ultime précision : désolé pour le clip.

The Primitives - Crash (orig. version)

vendredi 11 janvier 2008

Kressmann Taylor

C’était le lendemain de Noël, une demi-heure à tuer (pan pan !) avant le départ pour la gare. Je pioche dans la bibliothèque «familiale » et choisis avec raison le livre le moins épais : Inconnu à cette adresse de Kressmann Taylor. Court roman (ou grosse nouvelle) épistolaire, les échanges entre deux amis associés dans une affaire de commerce de tableaux. D’un côté Max Eisenstein uif américain qui vit à San Francisco, de l’autre Martin Schulse, américain d'origine allemande, juste revenu dans son pays et vivant à Munich. L'action commence en 1933 : le premier s’inquiète de ce drôle d’Hitler qui vient d’accéder au pouvoir et demande à l’autre ce qu’il en est. A Munich, Martin s’interroge et puis finalement adhère aux théories nationalistes et antisémites.
En 80 pages et une vingtaine de lettres fictives, l’auteur boucle une histoire terriblement forte et cruelle (qui se lit vite, je n’ai pas manqué mon train). Une fois le livre fermé, je découvre que ce Kressmann Taylor a écrit Inconnu à cette adresse en 1938, qu’il s’appelait en fait Katherine Kressmann (son premier éditeur a masculinisé son nom parce qu’il était impossible qu’une femme écrive un texte aussi fort). Quelle modernité, quelle force, quelle intelligence.
La dame, trop méconnue, a connu il y a près de dix ans une nouvelle popularité et d’autres de ses livres sont disponibles (je ne les ai pas encore lus). J’ai connu des pires manières de passer une demi-heure…

Quelques photos floues pour finir…
D'abord, un exemple de lettre envoyée par Max à Martin...

Et là l'extrait d'une fâcheuse lettre de Martin...





jeudi 10 janvier 2008

le Journal de Serge Clerc

Janvier démarre sur les chapeaux de roue avec la publication aujourd'hui (même si des exemplaires ont été mis en place hier par des libraires fans) du Journal de Serge Clerc. Triple événement.
D'abord, il est signé Serge Clerc, un des dessinateurs français phare des années 70-80 qui avait un peu délaissé la bande dessinée (pas de scandaleuse infidélité, il s'est simplement consacré à l'illustration).
Ensuite, il est consacré à l'histoire de Métal Hurlant, le magazine qui l'a formé (il a été "engagé" à l'âge de 17 ans) et dont il a été un représentants les plus passionnants à suivre - vu qu'il a pas mal changé de style entre 1976 et 1987.
Enfin, il est signé Serge Clerc, un des représentants les plus légitimes de la "ligne claire"à la française avec Chaland.
Dans ce livre très touffu, Clerc raconte ses chocs de lecteur à la vue des premiers Métal puis l'aventure folle dont il a fait partie aux côtés de Jean-Pierre Dionnet (héros fil rouge du livre), Manoeuvre, Moebius et plein d'autres. Jouant avec les références, il utilise (sans doute, sans le savoir) le même procédé que feue la série Dream On. Il émaille son récit d'allusions à des comics, des films, des pochettes ce qui offre plusieurs niveaux de lecture.
A la fois rigoureuses et fantaisistes - il a suivi le précepte bien connu : "quand la légende est plus belle que la réalité, imprime la légende" - ces 230 pages constituent une somme, une éternelle Madeleine de Proust qui parlera d'abord aux anciens lecteurs de Métal mais interpellera sans doute les autres. Car un magazine comme Métal Hurlant, avec un tel esprit (belle mauvaise foi) et des parti-pris aussi gonflés, il n'y en a pas (eu) d'autres.

Ci-dessous une première planche (copyright Serge Clerc - Denoël Graphic comme les deux autres) où Clerc rend hommage par dessins interposés à Moebius, Druillet et Gal.
Deuxième planche : l'arrivée à Paris du jeune provincial euphorique.


La troisième planche est extraite du chapitre intitulé "Avec Chaland". Elle revient sur ce dessinateur qui m'est cher - voir ici et .

A noter qu'une exposition vente a actuellement lieu à la librairie BD artiste - voir leur site.

Pour finir, quelques photos mal fagottées de dessins de Clerc parus dans Métal Hurlant.
Ci-dessous un extrait de sa première bande dessinée publiée dans la revue, ça s'appelait "Lumières", scénario de L.Gérin dans le Métal numéro 4 sorti au dernier trimestre 1975 (la revue était alors trimestrielle). Son style est alors influencé par Moebius, la sf...



Ci-dessous un bout de la couve du numéro 53 datant de juillet 1980, mettant en scène - j'espère que vous les avez reconnus - Joe Strummer et Mick Jones de The Clash. Poussé par Manoeuvre (qui au début lui a écrit pas mal de scénarii), Clerc a beaucoup dessiné sur le rock du début des 80's.




Enfin, une couve mythique, celle du numéro 89 de juillet 1983.





Je pourrais continuer à montrer ce genre de documents jusqu'à ce que mes yeux deviennent rouge sang.


mercredi 9 janvier 2008

Jukebox : The Kills

La présence - la persistance - de The Kills est rassurante, le duo sexy lo-fi un peu bancal a toujours cette fraîcheur des choses instables et pas trop formaté - quand on les verra s'entourer d'un vrai groupe pour sonner plus compact, on pourra s'inquiéter. "U R A Fever", léger changement dans la continuité, riff tordu et cabossé, voix à la Bonny & Clyde dessus. La suite en mars (pas d'autre nouveau morceau sur leur http://www.myspace.com/thekills) en attendant les concerts, gentiment noisy et bordéliques.

The Kills - U R A Fever

Rêves magnétiques

La première fois que j'ai entendu parler de l'idée centrale de Be Kind Rewind (il y a quoi, un an et demi, non ?) j'avais d'autorité classé ce projet parmi ceux que l'on ne verrait jamais, genre l'idée qui traînait dans le cerveau parc d'attraction de Gondry au moment de telle interview et remplacée par une autre . Car imaginer que deux mecs tenant un vidéo-club se mettent à (re)filmer eux-mêmes tous les films de leur boutique PARCE QUE L'UN DEUX DEGAGE UNE TELLE FORCE MAGNETIQUE QU'IL EFFACE INVOLONTAIREMENT TOUTES LES CASSETTES, c'était un peu dingue, le genre de bon fantasme impossible à concrétiser.
Je m'étais trompé, il y avait une astuce (génération DV) et le film sort en mars avec Mos Def et Jack Black qui ont l'air de s'être éclatés.
On peut voir plus bas la vraie bande annonce mais on trouve aussi des fausses bandes-annonces des remakes tournés par les personnages de Mos Def et Jack Black. Ici, leur remake de Ghostbusters, celui de Robocop, et aussi celui de Rush Hour 2. Gondry a semble-t-il lancé une mode. Ah, ne pas oublier de rendre visite au site officiel, rigolo.

Be Kind Rewind Movie Trailer

lundi 7 janvier 2008

Madeleine du Lundi (et des autres jours aussi) 6


Retour de la Madeleine du Lundi avec un groupe un peu borderline niveau chronologie - en 1992, je n'enregistrais plus de vidéos sur des VHS, cf le concept de base. Enfin, après EMF, The Screamin' Blue Messiahs, Big Audio Dynamite,les atterrants Zodiac Mindwarp ou Westworld, voici Carter Usm.

Soit "Carter The Unstoppable Sex Machine", duo anglais des années 90s, version indie et hétéro des Pet Shop Boys, mixant mélodies sympathiques, gros riffs de guitare et programmation synthétique.
Voici leur premier single de leur meilleur album 1992 - The Love Album et ensuite, parce que ce n'était pas possible de faire l'impasse, leur reprise du "Rêve impossible" de L'Homme de la Mancha, popularisé par Brel.

Precisons que Carter USM a encore des fans : après presque 10 ans de silence, le duo s'est récemment reformé pour quelques concerts.

Carter USM - The Only Living Boy In New Cross

Carter USM - The Impossible Dream

vendredi 4 janvier 2008

Rendre justice à Simian


L'autre jour, après avoir lu le portrait hagiographique de Pedro Winter dans le Monde 2, je me suis un peu énervé. Pas contre Pedro Winter (manager de Daft Punk, découvreur de Justice, etc), ni les deux journalistes (très respectables, je les connais chacun un peu, des gens bien) mais contre cette tendance à laquelle ils ont néanmoins cédé : celle de dépeindre le groupe Simian, auteur de la chanson "We Are Your Friends" que Justice remixera avec le succès qu'on connaît, comme "fadasse". Comme si pour relever l'éclat de Justice, il fallait ternir celui des Anglais et réécrir la petite histoire musicale.

Alors que ni l'un ni l'autre ne le mérite.


2001, sortie du premier album de Simian, un drôle de mariage entre folk et electronica à la Warp. Rien de très accessible mais quelque chose de passionnant, des hybrides monstrueux et beaux.


2002, la suite, effectivement plus pop. Le quartet, excité par les rythmiques syncopées du R'n'B, se met dans l'idée d'écrire des chansons pop et les confronter à des beats un peu dansants à la Missy-Timbaland-Neptunes. Les Anglais commencent d'ailleurs à faire des remixes en pagaille, des mixes, des bootlegs. Ils découvrent leur corps et affolent la petite scène branchée parisienne.
Plus tard, la moitié du groupe poursuivra l'aventure sous le nom de Simian Mobile Disco, projet dance sympathique

Donc, non, rien de fadasse là-dedans. On pourrait même dire qu'ils étaient un peu en avance sur leur temps (le mélange de cliquetis R'n'B et de mélodies).


C'était ma petite croisade inutile du vendredi.

Simian - Never Be Alone

mercredi 2 janvier 2008

La topgraphie interne du M(enu)


Un de mes derniers achats de 2007, compulsif, indispensable…
Si Jean-Christophe Menu est un grand éditeur (l’Association, qui quoi on en dise, garde une pertinence salvatrice et inchangée vis-à-vis de la bande dessinée), un théoricien et polémiste de première* (voir les volumes de l’Eprouvette, parfois chiants mais d’une ténacité viscérale), un maquettiste à saluer, je le préfère quand même quand il dessine. Car toutes les facettes du bonhomme (que je ne connais que par pages interposées) s’y retrouvent synthétisées de manière assez drôle et entière…
Donc La topographie interne du M, sorti chez les excellents Requins Marteaux, comme ça, par surprise et présélectionné pour Angoulême. Déjà, un bel objet au dos toilé comme Chaland les aimait, un livre à l’ancienne qu’on a plaisir à avoir dans les mains.
A l’intérieur, rien de classique : une histoire à tiroirs dont la gestation interne et les contraintes très réelles jouent un rôle très actif. Menu commence d’ailleurs à retracer devant nous les fils chronologiques via une « Intropoduction ».
94 : il est chargé de dessiner une planche mensuelle pour le magazine SVM MAC consacré au Mac Intosh. Au bout de trois planches, le voilà qu’il quitte le registre du gag informatique (comme a pu le pratiquer un Trondheim à la même époque) pour imaginer la vie des octets, se mettant en scène mais aussi l’univers vivant dans son ordinateur. Entre le conte bêta et le SAV tragicomico-onirique, ça donne un feuilleton inventif…malheureusement arrêté une première fois en 1996. Le récit de La topographie interne intègre ainsi ses propres déboires de publication (2 interruptions, gestation sur 13 ans…), adressant des clins d’œil et provocations aux « décideurs ». Les 24 dernières planches inédites - bien que Menu ait fait semblant (avec l’aide de son interlocuteur habituel de SVM) de soumettre ces planches à publication comme si de rien n'était, une ruse pour se motiver et boucler ça – sont les meilleures vu que l’auteur, décharché des contraintes précédentes –essayer d’être compris par un possesseur de Mac lamda - s’y lâche complètement.
Les pages de garde, très jolies.


Pour chaque planche, Menu réinvente son titre (oui, en 2008, les photos seront toujours un peu floues).


Oh, une planche !