vendredi 26 février 2010

Jimi Hendrix "Bleeding Heart"

Au départ, l'idée semble plus que saugrenue : un clip pour promouvoir un extrait de la nouvelle compilation d'"inédits" d'Hendrix, Valleys Of Neptune. Mais c'est Julian Temple qui s'y est attelé, mêlant images d'archives (Hendrix au Fillmore East fin 69) et footages plus récents, détourant l'embrasement (au sens littéral) de Monterey en 67...
Bah, ça fonctionne plutôt gentiment. Quant à la chanson, c'est un blues d'Elmore James, "Bleeding Heart", qu'Hendrix a joué plein de fois dans sa carrière. La version de "Valleys Of Neptune", alerte et speed, vaut le coup.

CORRECTIF
Les ayants droits et/ou les responsables du catalogue sont très malins et ont supprimé la vidéo, les cons. A la place, au hasard, "Hear My Train" acoustic...

Michael Lonsdale lit du Riad Sattouf qui lit du Roger Lecureux

A Angoulême, Blutch a eu la bonne idée de cette soirée où acteurs (Michael Lonsdale, Mathieu Almaric) et un auteur (Riad Sattouf) ont lu des textes de BD.

Michael Lonsdale lit du Pascal Brutal...


Et Riad Sattouf lit du Rahan... Tordant.

lundi 22 février 2010

Nine Antico, "Too Drunk To Do The Show"

Je m’en voudrais de ne pas signaler la sortie (il y a déjà quelques mois, shame on me) de Too Drunk To Do The Show, très joli recueil de dessins de concerts de Nine Antico, format 45 tours. Là aussi, du rock saisi en plein vol, des poses, de la fureur. Un livre publié par le label de musique rennais Inmybed qui a également sorti l'épatant maxi de Formica.Pour acheter les deux, c'est que ça se passe (9 euros only pour Too Drunk To Do The Show).








Stef Mel & Lu, "Trois morceaux sans flash"


Comment rendre compte des émotions provoquées par un concert ? Sans doute depuis qu’il est en âge de tenir un crayon et de pouvoir entrer dans une salle de concert, Luz se frotte avec beaucoup de réussite à cet exercice de style. Trois premiers morceaux sans flash constitue toutefois une tentative inédite et rafraîchissante : dessins et photos y sont réellement entrelacés, inventant une nouvelle écriture qui tape dans l’œil.

Ça fait trois ans que la photographe Stef Mel et lui travaillent sur cette formule hybride et c’est peu de dire que ça fonctionne. Entre les poses figées et les croquis mouvementés, la vie d’un concert (ici The Kills, Pete Doherty, Sébastien Tellier, Tricky, etc.) se reflète dans toute sa bordélique intensité.


Maintenant il faut se dépêcher, les deux auteurs viennent d’autoéditer la chose et il n’y en a que 500 exemplaires. Trois premiers morceaux sans flash s’achète donc ici au prix de 30 CHF (soit 20 euros). Le 4 mars, ils seront en dédicace à la librairie parisienne Parallèles, en avril ils s’exposent à Bastia et en juin au festival de Sierre Sismic.

C'est ici que ça se passe !

Ci-dessous la double page sur The Horrors -(c) Stef Mel & Luz



jeudi 11 février 2010

Des livres de 2009...

Une partie des livres de l'année dernière dont je n'ai pas eu le temps de parler ici...



Tim Lane Noir c'est noir (éditions Delcourt)

C'est bête, forcément avec un titre pareil, on pense à Hallyday (le titre original est certes moins explicite - Abandoned Cars)... le seul reproche que je pourrais faire -et Tim Lane n'y est pour rien. Voici un auteur qui porte sur ses épaules des influences aussi lourdes que celles de Charles Burns (dont le noir profond l'a marqué), de Will Eisner mais aussi de Kerouac (la fascination pour la route, la fuite en avant) et Springsteen. Mais tout cet héritage, parfois bien mis en évidence, Lane le recrache d'une manière puissamment personnelle. Ton acre et désespéré, l'Amérique vue à travers des destins brisés et des coins reculés, des rêves absurdes et des conclusions au goût amer... Qu'il ait vécu une révélation en écoutant les chansons de Nebraska (dans chacune, Springsteen raconte une histoire, il suffit de voir ce que Sean Penn a fait d'"Highway Patrolman" dans son premier film, The Indian Runner) tient de la logique tant Lane pratique l'art de la nouvelle avec sobriété et efficacité. Il aurait d'ailleurs commencé à écrire sur papier ses histoires avant de les mettre en scène et en image comme il le fait.
Précisons la structure : Noir c'est Noir (habituons nous à ce titre) est en fait constitué d'un magma sombre, de plusieurs récits courts (ou en plusieurs parties), qui s'agglomèrent autour d'un tronc commun peu joyeux. Pour autant, même si on peut être ému, on ne repose pas le livre en pleurant.


Une interview très intéressante sur l'épatant site Optimum Wound avec plein de dessins saisissants comme celui-ci.




Ruppert & Mulot Irène et les Clochards (L’Association)


« Il y a trois choses que je voudrais faire avant de mourir. La première (…) faire des reportages sur les clochards (…). Mon deuxième truc, c’est que je voudrais être un personnage de bédé (…) Mon troisième truc c’est que je voudrais me suicider et que ça soit dans votre livre »

Dans leurs deux livres précédents (Sol Carrelus et Le Tricheur), Ruppert et Mulot rompaient avec le foisonnement nonsensique des précédents en s’appuyant sur une unité dramatique. Ils vont plus loin puisque pour la première fois ils se concentrent sur un personnage principal, Irène, qu’ils maltraitent pendant cent pages. Violence (extérieure ou non), problèmes de communication… on retrouve des thèmes déjà abordés précédemment mais la mise en scène, plus aérée que d’accoutumée – et pourtant on manque parfois d’air – confère une incroyable force d’évocation et de malaise.

Lors de leurs dernières dédicaces, Ruppert et Mulot faisaient votre portrait, voici le mien. Il ne me ressemble pas trop, je le chéris d’autant plus.






Pascal Rabaté Le Petit rien tout neuf avec un ventre jaune (Futuropolis)


Encore un livre de sentimental… Faussement fade, la jolie tranche de vie d’un vendeur de farces et attrapes dépressif – sa femme est partie – par un autre équilibriste qui manie couleurs, dialogues et effets avec élégance. « Un petit bijou », comme on dit quand on sait pas quoi dire d’autre…



Osamu Tezuka La Femme insecte (éditions Casterman)


Une femme mystérieuse, sorte de mante religieuse qui vampirise ses amants… Un Tezuka parmi d’autres (Gringo méritait aussi d’être distingué) mais avec lui on n’est rarement déçu. A rapprocher de l’excellent Barbara.



Gwen de Bonneval et Hervé Tanquerelle, d’après Jørn Riel La Vierge Froide et autres racontars (éditions Sarbacane)


A siroter avec un bon whisky (ou un grog), une suite de récits arctiques au Groënland superbement mis en images par Mr Tanquerelle – il montre ici des extraits du second tome, prévu pour l’année prochaine.



Kerascoët – Fabien Vehlmann Jolies Ténèbres (éditions Dupuis)


Un conte plus que cauchemardesque qui laisse des images cruelles dans la rétine. Imaginez Battle Royale réécrit par Perrault et vous n’êtes pas loin. J’étais persuadé qu’il aurait le prix du meilleur album à Angoulême – mais Pascal Brutal, c’est très bien aussi…



Kazuo Kamimura Lorsque nous vivions ensemble (Kana)


Un manga en trois énormes volumes –près de 2000 pages- autour d’un jeune couple dans le Japon des seventies. J’entame à peine le 2e mais c’est fabuleux comment avec trois fois rien (mais beaucoup de sensibilité) Kamimura tient en haleine. Une sorte d’opéra sentimental aux innombrables mouvements. Après, entendons-nous bien, on rit peu et on a souvent la larme à l’œil.





Florence Cestac & Jean Teulé Je voudrais me suicider mais j’ai pas le temps (éditions Dargaud)

Charlie Schlingo Gaspation et Josette de Rechange (L’Association)


Grâce à cette drôle de biographie et les rééditions impeccables de l’Asso, on a beaucoup parlé de Charlie Schlingo, génie méconnu de l’humour frappadinge, le Segar punk



Frederik Peeters Pachyderme (éditions Gallimard)


Album étrange, veritable sable mouvant narratif dont on sort groggy… avec l’idée d’y retourner. L’album le plus lynchien de l’année…





Charles Berberian Sacha (Cornelius)


Livre proprement délicieux autour du chat Sacha (qui meurt pourtant lors des premières pages), un ponte de la musique contemporaine, un couple qui se sépare pour mieux se retrouver… Un tour de force choral, d’autant plus impressionnant qu’il est mené avec la légèreté de quelqu’un qui n’a rien à prouver et cherche seulement à raconter son histoire de la meilleure des manières.




Will & Co, Rudy Miel L’Arbre des deux printemps (éditions du Lombard)


L’album inachevé de Will, terminé par ses amis dont cette réédition retrace les différentes étapes. Les quelques planches de l’auteur de Tif et Tondu sont magnifiques.




Anthologie Bitterkomix (L’Association)


Gros pavé sortie pour Angoulême de l’année dernière, un concentré décapant où les auteurs sud-af Joe Dog, Conrad Botes et Lorcan White utilisent la BD comme un brûlot subversif pour exorciser le passé (l’apartheid), les bonnes consciences…


...et aussi des albums de 2010

Naoki Urasawa, Osamu Tezuka et Takashi Nagasaki Pluto (éditions Kana) deux volumes déjà parus.


Evénement, sept ans après qu’elle a commencé à être publiée au Japon, la « nouvelle » série d’Urasawa, celui qui nous a tenus en haleine avec Monster et 20th Century Boys. Bon point, alors qu’il s’était méchamment égaré avec 20th…, Pluto ne compte que 8 tomes. Vous vous étonnez que Tezuka soit crédité (il est mort en 1989) ? Sachez qu’Urasawa reprend les personnages d’Astro Boy (en hommage, of course) pour construire un thriller où robots et humains coexistent en paix. Plus ou moins comme vous le verrez vite… Les fans de K.Dick devraient s’y retrouver (sans néanmoins le côté parano de l’auteur d’Ubik).


Patrick McEown Hair Shirt (éditions Gallimard, collection Bayou)


Toutes les sorties de la collection Bayou méritent d’être lues (j’aurais dû parler au moment de leur sortie de Dimitri Bogrov ou du Réveil du Zelphire, premier tome d’une série délicieuse de Karim Friha). Je me rattrape avec Hair Shirt, beau livre malade et indie-rock, comme du Bret Easton Ellis chaleureux et canadien.


Mathieu Sapin Feuille de chou (éditions Delcourt, collection Bayou)

Plus que la lecture du livre de Sfar sur Gainsbourg – qui, quoi qu’en disent certains, doublonne énormément avec le film – c’est celle de Feuille de chou qui s’impose, livre rigolard autour de la gestation du long-métrage. Et dans la même collection Shampooing, il y a MKM, feuilleton gaguesque de Mathieu et de Frantico.