jeudi 30 août 2007

Mes livres de l’été 8/11


J'ai carrément oublié un numéro de ma série débile, j’ai trop lambiné – on n’est plus en été et tout le monde rentre de vacances. Je vais tout de même finir.

René Barjavel : La Peau de César
Barjavel était un grand raconteur d’histoires qui se jouait des genres. Il a touché à la science-fiction, au roman d’amour, médiéval, à tout. La Nuit des temps, Ravage, Une Rose pour le paradis, Le Voyageur imprudent (pièce de théâtre sur le voyage temporel), Le Grand Secret et on en passe parce qu’il a été très prolifique. Pour cette raison ( ?), il me semble déconsidéré. Alors qu’il y a tant d’idées dans sa bibliographie - de la littérature populaire intelligente qui fait réfléchir.
Contradiction immédiate : La Peau de César, un de ses derniers romans, est un polar complètement anecdotique qui divertit cependant. Barjavel l’a écrit pour rendre hommage à la mise en scène de Jules César par Raymond Hermantier aux arènes de Nîmes en 1950. Trente ans plus tard, la pièce de Shakespeare est donnée de nouveau dans les arènes, la police et le nouveau metteur en scène reçoivent une lettre anonyme annonçant la vraie mort de César, donc de son interprète.
Grâce à des détails cocasses, une mécanique bien huilée et un chute qui coule, un livre plaisant qu'on oublie après avoir rigolé. Après, pourquoi celui-ci plutôt qu’un autre ? On ne se pose pas la question en vacances.

Mes livres de l'été - la fin


Gaston Leroux La Machine à assassiner

La suite de La Poupée sanglante s’avère un peu décevante : après avoir chargé la barque niveau mystères et monstres (vampires, etc.) , Gaston Leroux doit retomber sur ses pieds. Le sablier est retourné et tout ce foutu brouillard doit disparaître. D’où ce livre plein de poursuites, poursuites qui prennent fin au moment de la révélation finale. Attention, fréquenter cette Machine s’impose obligatoirement après lecture de La Poupée. Mais on tombe de l’effrayant dans le grotesque. Apparition d’un personnage secondaire envahissant : l’opinion publique. Les prises de position se multiplient (les journaux, les scientifiques, les quidams) et je préfère Leroux quand il se lance des problèmes de logique nimbés de mystère plutôt que lorsqu’il se moque.
Celui-ci, je l’ai fini à Paris. J’avais tellement peur de manquer de bouquins à la fin de mon séjour que je jouais la montre. C'est sans doute mon erreur : avoir laissé trop de temps entre les deux bouquins.

mercredi 29 août 2007

Mes livres de l’été (010/011)



Jean-Luc BizienMastication

Des trois volumes du Club Van Helsing que j’ai emmenés avec moi, c’est celui que j’ai lu avec le plus de plaisir. Balade assez speed dans le Paris d’aujourd’hui, notamment le 18e arrondissement, Mastication surfe sur des ondes rock’n’roll. Le personnage principal, Vuk choisit Motorhead ou Grinderman, le nouveau groupe de Nick Cave, comme bande son, le titre complet du livre est (I Can’t Get No) Mastication) et goûte un humour pas très fin mais efficace (jeux de mots indéfendables). Ça défouraille gentiment du loup-garou jusqu’à… ah ah. Du popu gore rigolo qui n’exige pas beaucoup de nos neurones sans qu’ils se sentent insultés.
Seul élément dérangeant, la mise en garde sur laquelle s’ouvre le volume. Ayant choisi comme protagoniste principal un vétéran serbe de la guerre des Balkans homophobe qui aime le sang, Jean-Luc Bizien se justifie d’entrée et prend de la distance vis-à-vis de son personnage en affirmant noir sur blanc qu’il « ne partage aucunement ses idées ». Cette mise en garde semble superflue tant le texte ne suggère aucune complicité intellectuelle entre Vuk et son créateur. N’importe quel lecteur (qui aura fait la démarche de prendre ce livre dans les mains, pas la ménagère de 50 ans amoureuse de Cauet) saisira le côté grandguignolesque et outré de ce héros salaud. Attention à l’autocensure, donc.
Hugo Van Helsing lui-même vient, via un commentaire, rappeler l’existence du blog du Club Van Helsing. Dessus, outre des interviews avec les auteurs-maison, on trouve des documents exceptionnels, dont une bande annonce de Poultergeist, nanar de chez Trauma qui a l’air hilarant à une drôle de vidéo tournée à la Blair Witch où l’on voit le Chupucabra, le « suceur de chèvres » qui terrorise l’Amérique Centrale depuis des années. Diabolique.


Un blog à visiter d’urgence :

http://www.clubvanhelsing.com/

mardi 28 août 2007

Mes livres de l’été 09/11


Thierry Jonquet Moloch

Du polar français par un de ses meilleurs pourvoyeurs. Initialement publié en Série Noire, ce roman a reçu le prix 813 du meilleur polar francophone 1998 (813 = la meilleure revue française sur le polar). Chez Jonquet, on est déjà confronté à une implacable mécanique : l’intrigue se met en place, creuse son sillon noir pendant trois cent pages jusqu’au choc final et l’absence d’happy end. Le lire ressemble à une longue apnée que, paradoxalement, on ne veut pas interrompre. Nommé d’après le monstre biblique qui dévore les enfants, Moloch broie en effet des jeunes vies, à commencer par les quatre corps qu’on trouve carbonisés dans un pavillon. Sorte de polar choral mettant en scène policiers, juge d’instruction, infirmière, docteur, psychiatre, assassins, Moloch a valu à Jonquet d’être accusé de s’être inspiré d’une affaire criminelle non résolue. Le TGI de Paris en 2000 a heureusement reconnu Jonquet non condamnable… Les personnages principaux de Moloch sont la misère et la folie humaine. On ne sort pas de notre lecture indemne.
Du solide même si, perso, j’ai eu du mal avec les dialogues qui manquent un peu de vie (à mon avis). A noter que Moloch reprend les protagonistes des Orpailleurs qu’il faudrait peut-être lire avant…
Thierry Jonquet bénéficie d’un site très complet, autant le visiter :

http://thierry.jonquet.free.fr/

lundi 27 août 2007

'gyrru gyrru gyrru' - gruff rhys

Un tube en puissance, un refrain entêtant même quand on ne parle pas le gallois !

Gruff Rhys et Super Furry Animals


Signé par le label baromètre de la brit pop, Creation, au milieu des années 90, Super Furry Animals s’est ingénié à ne jamais rentrer dans des cases trop facilement closes. Au contraire de leurs collègues de travail comme Oasis, le groupe gallois a été sujet à des inspirations diverses, de la pop ouvragée à la Beach Boys au psychédélisme le plus barré, en passant par des musiques plus groovy (reggae, hip hop). Des mecs capables d’être potes avec Mc Cartney et de remixer le rappeur anglais Roots Manuva.
D'ici la rentrée (en septembre), énième album des Super Furry Animals, Hey Venus avec en fil rouge une histoire sordide qui contraste avec son savoir faire. Car, si elle est moins sous les feux de projecteur et fait moins la couve du New Musical Express (ses membres vieillissent, sont donc moins photogéniques que les nouvelles pousses à deux accords), la bande continue à rafraîchir la pop anglaise, lui redonner les couleurs que certains plagiaires diluent ou lui enlèvent. Il ne provoquera pas de bouleversement et ne bousculera pas la cartographie du rock mais Hey Venus constitue (tout de même) un concentré de mélodies et de gimmicks assez impressionnant.
2007 restera dans tous les cas une année faste pour Gruff Rhys le chanteur de SFA. Il y a quelques mois, il lâchait dans la nature Candylion, une drôle de bête en guise de (second) album solo. Contrairement au premier, intégralement chanté en gallois, celui-ci est diablement plus accessible et voit Rhys démontrer quel caméléon il est, excellent qu’il s’agisse d’habiter des ballades folk impeccables ou rythmer des morceaux marqués par la samba brésilienne.
Au-dessus, le clip de “Gyrru Gyrru Gyrru Gyrru”, un vrai tube sur mon Ipod, autrefois (il y a quelques mois) bande son de bouclage de la rédaction de Rolling Stone.

vendredi 24 août 2007

Nicole Willis "If This Ain't Love"

http://www.timmion.com/
http://www.differ-ant.fr/

Nicole Willis



Nicole Willis, bien qu’elle ait donné de la voix pour d’autres (Leftfield, Jimi Tenor avec qui elle est mariée) commence à obtenir le crédit qu’elle mérite en tant que chanteuse soul. La soul, c’est un terrain miné : enterrer là sous trop de technologie, elle disparaît. Exposer là comme dans les sixties, façon Stax ou Motown, et vous risquez d’être éclipsé par la concurrence d’il y a quarante ans (Marvin, Aretha, Curtis, etc.) Nicole Willis la joue old-school mais elle a la voix pour, pleine de vitalité et de déliés Une vraie voix. Enregistré avec un groupe finlandais qui a écouté les meilleures formations d’antan et les imite sans trop de passéisme, son dernier album parvient à être rafraîchissant tout en étant rétro. Plus haut, le clip de “If This Ain’t Love (Don’t Know What It Is)”, son morceau le plus catchy.

jeudi 23 août 2007

Diego Aranega & Jochen Gerner : 100 000 milliwatts




Alors que je l’ai lu plusieurs fois (dans différents états, hum) j’ai inexplicablement oublié de mentionner ce 100 000 milliwatts. Sans doute aussi parce que je n’avais pas envie provoquer une overdose de Shampooing. Voici un livre qui, dès les pages de garde littéralement hypnotiques, se révèle être plus malin que ce qu’il ne paraît.


Il s’agit de gags en une planche mettant en scène deux insectes en train de monter (dans la nature) un groupe néo-gothique. Mises en exergue, deux citations montrent où les deux auteurs (Diego Aranega au scénario et Jochen Gerner au dessin) veulent en venir. D’un côté, l’écrivain Jacques-Henri Fabre, passionné d’entomologie et de l’autre Maya l’abeille. Comiques de situations, renversement des valeurs, gags basés sur l’anthropomorphisme et d’autres pas du tout, certains un peu facile et peu drôles, d’autres hilarants, on rit finalement pas mal. Et puis il y a le dessin de Gerner, très distinctif, la fausse simplicité de sa mise en scène.

Sur un site (qui n’est pas mis à jour, http://welcome.to/jochen.gerner), on trouve cette citation : « La possibilité infinie de rapports entre l'écrit et l'image est pour moi l'intérêt principal de la bande dessinée : un système de représentation confrontant en permanence, dans une sorte d'alchimie, l'écrit et le visuel. C'est ce domaine là que je tente d'explorer de mon côté ou au sein de l'OuBaPo (Ouvroir de Bande dessinée Potentielle). » C’est ainsi qu’il présentait son travail sur Tintin en Amérique (Tnt en Amérique). Avec 100 000 Milliwatts, on est loin de telles considérations. Il n’empêche que on sent derrière cette bd accessible à tous des exigences intéressantes. Ou alors je délire et il ne faut pas m’en tenir rigueur.
Pour rire allez sur le site de Diego Aranega, le très drôle http://www.diegorama.com/


Les images ci-dessus sont (c) Delcourt et les auteurs, bien sûr.

Kanye West – Bonnie Prince Billy


Une histoire pleine de surprises. Des petits rigolos ont tourné sans rien demander à personne un clip pour la chanson “Can’t Tell Me Nothing” de Kanye West. Un clip campagnard et décalé, loin du clip original ridiculement emphatique. Surprise, dedans, à côté du comédien Zach Galifianakis, Will Oldham alias Bonnie Prince Billy, Palace, chef de file du néo-folk depuis une quinzaine d’années qu’on voit se prêter au jeu du playback avec un plaisir tangible. Pas fou, Kanye West a fait désormais du détournement réalisé par Michael Blieden son clip officiel (il est maintenant crédité comme producteur exécutif). On parle même d’une collaboration avec Will Oldham qui, avec le temps, devient de moins en moins austère et de plus en hype. A part ça, Kanye West va sortir son nouvel album qu’on annonce très efficace. A l’image sans doute de son sample de “Harder Better Faster Stronger” de Daft Punk sur son morceau à lui “Stronger”. Dans le clip correspondant, on y voit d’ailleurs les (faux) robots précités.

Kanye West détourné

ledit clip, réalisé par Michael Blieden avec Zach Galifianakis et Will Oldham en partenaire...

mercredi 22 août 2007

Nick Drake : Family Tree


On a pris l’habitude de se méfier de tous ces enregistrements qui sortent de manière posthume et anachronique dans la plus grande anarchie. A première vue, une compilation d’enregistrements domestiques et familiaux n’a rien de très excitante. Sauf quand c’est Nick Drake, chanteur qui n’a laissé derrière lui que trois albums enregistrés de son vivant (il est mort à 26 ans).

Présentés par sa sœur Gabrielle (qu’on entend sur le disque comme Molly, la maman de Nick) cette vingtaine d’inédits datent d’avant la carrière officielle de Nick Drake. A Cambridge ou à Aix-en-Provence (lieu de villégiature estival), on l’entend reprendre du Dylan, du Bert Jansch et des traditionnels, jouer quelques chansons qui figureront sur son premier album et même du Mozart au sein d’un trio où il tenait la clarinette. Rendue plus audible grâce à un relifting sonore qu’on imagine réalisé avec soin, cette compilation dévoile un Nick Drake légèrement plus décontracté. Mais légèrement. Ses interprétations guitare-voix restent bouleversantes, reflet de la beauté triste qui l’animait et le poussa à la dépréssion (et à une overdose de médicaments). Celles et ceux qui ne connaissent pas Drake seront bien conseillés de commencer par son premier album, Five Leaves Left où les cordes servent de solide béquille à son spleen (mais ses chansons, elles, n’en ont pas besoin). Celles et ceux qui ont déjà craqué devant son folk blême sauront qu’une autre dose est disponible (depuis juillet). Plus bas, une vidéo réalisée à partir de photos pour “Day Is Done” de Five Leaves Left qu’on retrouve dans une version encore plus fragile sur Family Tree.

PS On est en été et à Paris il ne s’arrête pas de pleuvoir, je vais peut-être, quand même, changer de disque.

Nick Drake - "Day is Done"

Un extrait du premier album, habilement mis en images.

lundi 20 août 2007

Du courrier







J'ai reçu ça il y a trois jours. Tel quel. Etonnant, non ?

Mes livres de l’été 7/11


Jean Amila : Jusqu’à plus soif
Dans l’histoire du roman noir français, Jean Amila (de son vrai nom Jean Meckert) est un pionnier injustement méconnu. C’est le deuxième auteur français à avoir publié dans la Série Noire, à la demande de Marcel Duhamel, s’il-vous-plaît.
Ecrivain libertaire et anar, Amila prenait toujours le parti des petits, de ceux qui vivaient les injustices. Dans Le boucher des Hurlus, son chef d'oeuvre, il vengeait ainsi son père, fusillé «pour l’exemple » à la suite des mutineries de 1917. Source d’inspiration pour Didier Daeninckx, entre autres, l’œuvre d’Amila (qui a commencé par publier sous son vrai nom) possède une fibre sociale et souffle le vent des révoltes. Le conseil général du Pas-de-Calais avec une association Colères du présent) a d'ailleurs créé en 2005 le prix Jean Amila-Meckert pour récompenser le meilleur livre « d’expression populaire et de critique sociale ».

Jusqu’à plus soif s’avère beaucoup moins dramatique que Le Boucher des Hurlus. Un petit village de Normandie vit de la distillerie clandestine, arrive une nouvelle institutrice bien intentionnée et tout dérape dans une flaque de gnôle et pas mal d’éclats de rire. Très rigolo, comme si Manchette avait réécrit Don Camillo

Mes livres de l’été (6/11) Guillaume Lebeau


Guillaume Lebeau Cold Gotha (collection Van Helsing)
Deuxième volume emporté dans mes bagages après Question de mort de Johan Heliot, Cold Gotha a été écrit par Guillaume Lebeau, co-fondateur de la collection Van Helsing. Rappelons le principe : un membre du club d’aventuriers Van Helsing a affaire à un monstre. Ici, c’est carrément Hugo Van Helsing qui se coltine à Vlad le vampire. Fagotté comme un épisode de 24 heures, prenant pour cadre le 11 septembre 2001 et Los Angeles, ce volume sent la gonflette. Les scènes choc se dégonflent d’elles-mêmes, les personnages comme des baudruches. L’auteur se plait à décrire avec soin les armes, le décor, les matières mais son intrigue, mécanique, manque d’âme. Un livre qu’on finit pour le finir, sans prendre de plaisir. A déconseiller, donc.

PS Dans l'exemplaire que j'ai acheté, il y a une dédicace. Hé oui, un malintentionné journaliste a revendu le sien...

Vous pouvez voir ici une interview de Guillaume Lebeau réalisée à la librairie rennaise Critics
http://kanux.canalblog.com/archives/2007/06/26/5429639.html

Harry Potter, la mort et Götting


Finir le septième volume d’Harry Potter tient autant du divertissement que du labeur. Le lire non traduit n’arrange rien mais, heureusement, un dictionnaire vient d’être publié*.
Sans blague, c’est frappant de voir qu’une série prévue initialement pour la jeunesse finisse par un livre aux allures de pierres tombales. Non seulement, il enterre définitivement la série mais il pue la mort pendant six cent pages. Je ne dévoile rien (non, vraiment), il suffit simplement de lire le titre avec ses « Deathly Hollows », ses « reliques de la mort ».
Les lecteurs anglophobes devront attendre le 26 octobre prochain. Ils ont quand même de la chance, celle d’avoir autre chose que la couverture moche anglaise. En France, c’est le dessinateur Jean-Claude Götting qui y est préposé. Mieux, le rare Götting livrera en octobre Happy Living, nouvelle bande dessinée après la magique Malle Sanderson (2004). Si vous pensez qu’il n’y a rien de plus classique et usé que le noir et blanc, Götting vous fait mentir, lui qui s’est depuis longtemps approprié ces couleurs pour installer des atmosphères toujours intrigantes.


http://www.gotting.fr/


* authentique

samedi 18 août 2007

Les Simpson, le film

Un mois après sa sortie et le rouleau compresseur médiatique* qu'il déclencha, je suis allé voir Les Simpson, le film. Première surprise : je ne me suis pas ennuyé. On n'a pas l'impression de voir un épisode en version rallongée mais un vrai film animé qui se sert habilement du grand écran. Il y a aussi davantage de gags et on rit plus souvent que devant sa télé. Chose que Southpark, le film, n'avait pas réussi...

Une bande annonce du film des Simpson

Flashback du week end : Velvet Underground

Oui, Lou Reed est imbuvable, Sterling Morrison est mort, Maureen Tucker élève des kangourous et John Cale joue au rocker (voir son récent double live, très digne). Il n'empêche que les deux mots Velvet et Underground, quand ils sont accolés, agissent toujours comme une invitation, une sorte de tapis volant vers un monde trouble et magique (non, pas comme Harry Potter). Parlez en à Udner qui se rappelait il y a pas longtemps ce t-shirt de l'"album à la banane" qu'il arborait fièrement à ses 15 ans.
Bon, en 1990, pour la sortie de Songs For Drella, leur hommage à Andy Wahrol, Lou Reed et John Cale avaient joué à la Fondation Cartier (qui se trouvait à Jouy en Josas à l'époque si je ne m'abuse) les chansons dudit album. Et puis Moe Tucker était là, Sterling Morrison aussi, alors pourquoi pas reformer au débotté le Velvet, juste pour une chanson, juste pour "Heroin" ? Je 'ny étais malheureusement pas donc je ne sais pas quelle est la part de spontanéité dans cette reformation. Je préfère cependant la gober, cette jolie histoire. Surtout que la version d'"Heroin" est bonne. Je l'avais trouvée sur un pirate il ya longtemps, voici carrément les images grâce à un bon samaritain. La reformation du Velvet aurait dû s'arrêter là, avant les premières parties de U2, l'Olympia, les applaudissements en rythme des spectateurs...

Velvet Underground

La première reformation du Velvet Underground, la plus belle...

vendredi 17 août 2007

Mes livres de l’été (5/11)

Patrick Neate : Twelve Bar Blues.
A un moment, il faut un peu tricher. Celui-ci n’est pas encore sorti en traduction française (il sera disponible le 14 septembre aux éditions Intervalles). Donc j’en reparlerai plus longuement dans un petit mois var il le mérite. Ce roman est une sorte de quête de l’âme noire qui court sur deux siècles, traverse les continents (Afrique, Amérique, Europe) pour faire sonner sa musique. On entend beaucoup de jazz dans Twelve Bar Blues vu qu’un des personnages principaux est un joueur de cornet, Lech Holden que Neate fait rencontrer Louis Armstrong. Neate abuse des métaphores mais son épopée éclatée où un frère recherche sa sœur, une ex-prostituée ses racines, un chef de village africain le bon chemin est plein d’humour, de poésie…
http://www.patrickneate.com/

Neate s’occupe aussi des sessions musico-littéraires Bookslam où passent les écrivains britanniques les plus hip.
http://www.bookslam.com/

Jukebox : Blackstrobe



Le premier album de Blackstrobe, c’était presque une Arlésienne. Après des maxis fabuleux d’electro cold (“Innerstrings”, “Me And Madonna”), on attendait beaucoup du duo formé par Arnaud Rebotini et Ivan Smagghe. Le premier avait mené le très beau projet Zend Avesta avant de vouloir ramener sur le dance floor le rock gothique. Le second, plus grand DJ français après Laurent Garnier, apportait ses bonnes idées. Enfin, c’est ce que j’imagine. Blackstrobe a ainsi été un des fleurons du génial label anglais (défunt, hélas) Output mené par Trevor Jackson, grande tête chercheuse à l’influence aussi grande (Playgroup, mazette) que son succès a été petit.
Puis Blackstrobe, d’un projet à machines et à remixes (une compile est sortie il y a moins d’un an), est devenu un groupe, avec batterie, basse et guitare (et toujours programmation) et Rebotini, imposant géant moustachu. Des années après les premières apparitions, voici le véritable premier album de Blackstrobe et Ivan Smagghe ne signe plus que les paroles. Burn Your Own Church, produit par Paul Epworth (le premier Bloc Party et plein d’autres choses remuantes) fusionne cold wave, rock bourru limite metal et electro gothique dans un ensemble plein de testostérone. Malgré une jolie ballade (“Lady 13”) et des changements de climats, ça tabasse grave. Rebotini et ses compères reprennent même “I’m A Man” de Bo Diddley, dans une version hard blues qui louche vers ZZ Top. Ce n’est pas très fin mais ça assure dans le style viril à moustache.

Ceux qui sont empêtrés dans des purismes malsains déploreront le virage grosse guitares, il faut les oublier. Car Rebotini a le courage de tenter son truc à fond, sans renoncer à une partie de ses fascinations. Au final, on ne sait pas sur quel pied à danser, ce qui est bien (merde au formatage) avec ce disque burné qui louvoie entre de l’electro et du Rammstein tout en retenue (on se comprend).

Black strobe - Me and Madonna

Clip de Blackstrobe première époque avec au chant la DJ Jennifer Cardini.

Black Strobe - I'm a Man

Le clip de "I'm A Man", relecture burnée de Saturday Night Fever...

jeudi 16 août 2007

Madlib, Yesterday's New Quintet, Now-Again


Les mecs du label américain Stone Throw (Peanut Better Wolf, Egan, Madlib, etc.) sont les nerds du groove, insatiables, des toxicos de hip hop, de funk, de soul authentique, de breakbeats à l’ancienne, de jazz, de « nu thing ». Comme un autre californien, DJ Shadow.
Prenons l’exemple de Madlib. Dans l’histoire des grands cinglés, lui a sa place, un vrai loft, dans la section des stakhanovistes schizophrènes et enfumés. En tant de producteur, il a fourni à d’autres des beats (De La Soul, Talik Kweli, le Lootpack, plein d’autres), « duettisé » avec un autre producteur (défunt il y a peu) J Dilla (alias Jay Dee) et aussi avec un autre schizo du flow, Mf Doom (alias Madvillain)… je reprends mon souffle. Donc, il a aussi créé le personnage du rappeur Quasimoto en surpitchant son débit sans toucher à la musique (d’où la voix étrange dudit MC). Ah, il a aussi inventé un quintet de jazz constitué de quatre musiciens imaginaires (incarnés par lui qui joue de tout) renforcé par lui, sous sa vraie identité, Otis Jackson Jr à la batterie : Yesterday’s New Quintet. Oui, c’est assez incompréhensible. Un vrai jeu de pistes que sa discographie et je ne parle pas de DJ Rel, son projet broken beat jazz.
En 2003, alors qu’il faisait la promo de Jaylib, album entier enregistré, produit, rappé avec Jay Dee, il m’avait dit : « Tu peux m’appeler comme tu veux. J’ai au moins dix noms (…) J’enregistre tout le temps. Pour chaque disque que tu entends, il y en a 20 que tu n’entendras jamais. Joe Mc Duphrey, le mec qui joue du Fender Rhodes dans mon quintet (lui, en fait, si vous me suivez, ndb), il a déjà enregistré 20 albums, je peux entendre la progression ». Une autre citation : « Je travaille de 3 h du mat à 3h du mat le lendemain. Parfois, toute la semaine comme ça, comme un zombie ».
Pour vous dire le niveau, après repris sur tout un album Stevie Wonder (il y a trois ans soit il y a un siècle) il sort un nouvel album de Yesterday’s New Quintet avec dix autres avatars, Yesterday’s Universe, qui débute par une reprise de “Bitches Brew“ de Miles Davis. Madlib, qui avait remixé et rejoué une dizaines de classiques de Blue Note, excelle dans ce registre de l’hip hop jazz fumeux et génial traversé d’emprunts brésiliens, de psychédélisme (les influences de Sun Ra et King Dubby…). A noter que Yesterday’s Universe sort avec un cd bonus, un morceau de 40 minutes signé The Last Electro-Acoustic Space Jazz & Percussion Ensemble (Madlib, of course).
Bon, petite session de rattrapage ensuite en images (assez spéciales).

MF Doom as Madvillian- All Caps

Déjà, pour se mettre en jambes, un clip de Madvillain (au micro MF Doom), assez terrible...

Yesterdays New Quintet - Sound Directions Live: Trailer

Une bande annonce d’un concert de Yesterday’s New Quintet – Madlib a été obligé de jouer vraiment avec d’autres pour donner des concerts…
Les premières images montrent à quoi Madlib carbure. Surprise !

Yesterdays New Quintet - Solar Waves

Un clip heu... très très relaxant et immobile.

Yeah Sure Okay Teaser B

La bande annonce d’un film de kung fu fauché et drôle (sans doute)qui utilise un morceau de Yesterday’s New Quintet

Pettin' in the Park

Un vieux cartoon rythmé par un morceau de Yesterday’s New Quintet

Now-Again


Revenons à nos moutons. Avant de m’embarquer sur la planète Madlib, je voulais parler de Now-Again. petite maison sœur de Stones Throw, destinée à sortir des singles de funk (rééditions, remix et plus). Une compile, Re:Sounds vol.1, réunit le tout et constitue le disque le plus gentiment groovy depuis des lustres, rappelant le hip hop coupé au jazz de A Tribe Called Quest pour la nonchalance et le flow swinguant ou les sorties de Quannum, quand c’était un collectif. Même s’il y a des trucs pour chercheurs d’incunables (Kashmere Stage Band ou Amnesty), il ne faut pas être un taré de funk californien pour apprécier la vitalité de ces morceaux vitaminés. Des remix de Cut Chemist, Kenny Dope ou Todd Terry (un des vétérans de la house), de morceaux rappés par Percee P, M.E.D. ou Guilty Simpson, des inédits de Koushik ou Aloe Blacc, tout ça basé sur du funk vintage (samplé ou intouché) forme un ensemble jovial et dansant. C’est bon, quoi.

Un morceau d’Amnesty en avant-goût :
http://www.stonesthrow.com/nowagain/audio/amnesty_trouble-rmx.mp3

mardi 14 août 2007

Au fait...

Pour ceux que ça pourrait intéresser, j'ai ouvert un autre blog, exclusivement consacré au livre que j'ai écrit sur et avec Christophe Miossec, chanteur-auteur que j'estime pour son univers et (aussi) l'homme qu'il est. Le blog s'appelle www.enquarantaine.net , du nom du livre.
Voilà, fin de l'autopromotion...

Pikasso 02


Surprise du net, un prof de dessin a demandé à ses élèves (certains avaient 6 ans, comme il le dit lui-même) de redessiner une page de L’Etoile mystérieuse d’Hergé. Il en a fait un montage et c’est surprenant, parfois abstrait, nul ou touchant. Un hommage vivant qu’il faut saluer (et que j'aimerais bien voir sur papier).

http://pikasso02.skyrock.com/366.html


Sur le site de Pikasso 02, ledit prof, on trouve surtout des études sur Picasso premier du nom.

Mes livres de l’été (04/11)


Agatha Christie : The Big Four
Cette lecture tient de l’incident. Non, personne n’a surgi en me mettant le livre sous le nez parce qu’il n’avait pas compris la fin. Simplement, au bout de trois jours (et trois livres lus) je me suis dit que j’avais calculé un peu juste niveau bouquins (ah, les soucis). D’où la lecture de cet Agatha Christie en anglais, pioché dans la réserve de ma copine. Que dire ? Hercule Poirot et son ami et faire-valoir déjouent le complot ourdi par quatre personnalités de l’ombre qui tirent les ficelles du monde soi-disant libre… Même si la scène la plus trépidante se passe au moment du thé (« Hercule, c’est la tuile, il n’y a plus de sucre ! », oui, je caricature) il est facile de se laisser bercer par le récit malin et douillet de Christie. Cette dame connaissait elle aussi les ficelles du genre (elle a écrit 80 romans, des pièces de théâtre… comme Gaston Leroux, d’ailleurs) et ne prenait pas non plus ses lecteurs pour des idiots. De la belle ouvrage qui ne tire pas à conséquences, un rythme faussement nonchalant, des tours de passe-passe… Respect.

jeudi 9 août 2007

Théo Hakola




Normalement, quand on parle de « rock littéraire », les concernés prennent la mouche et jettent des noms d’oiseaux. Alors, on se taira. Il n’empêche que l’Américain francophile Théo Hakola écrit des paroles chiadées (même en français) et qu’il publie des romans (sans parler de sa culture). Proche d’un Nick Cave avec qui il entretient des bons rapports, Hakola navigue entre blues américain et l’Europe, entre Dylan (dont il reprend “Ballad Of A Thin Man”) et la new wave… Drunk Women And Sexual Water, premier album en huit ans diffuse son blues-folk élégant comme s’il sortait d’un grand vignoble, avec un bouquet sensuel et profond. Je veux dire par là qu’il enivre aimablement. Mais les paroles acerbes de “O Tendre jeunesse” font vite débourrer ("laissez nous vous vendre nos t-shirts pourris", "passez de la pommade à vos exploiteurs") - la chanson la plus incisive du moment.
Coïncidence, au début de l’été, les deux premiers albums d’Orchestre Rouge, le groupe qu’il forma en France avant Passion Fodder ont été réédités dans une veine à la Minimal Compact (le premier produit par Martin Hannett, le gourou fou et froid de Factory Records).






Je n'essayerai pas plus longtemps de résumer la vie très riche d’Hakola (il a produit le premier Noir Désir, etc.) Le mieux est d'aller sur son site officiel. On y apprend qu’il a composé la musique pour une mise en scène de Sandrine Lano des Thébaïdes de Racine, première représentation le 26 octobre au centre dramatique national de Montreuil. Et il prépare son troisième roman.
http://www.theohakola.com/

http://theo.hakola.free.fr/
Sur ce site de fan (sous-titré The Gentleman rocker et parlant de "Baudelaire avec une guitare"), des MP3, interviews, etc.

Sur son myspace, on peut télécharger quatre chansons du nouvel album.
http://www.myspace.com/theohakola

Mes livres de l’été (03/11)




Du lourd, maintenant : la poupée sanglante de Gaston Leroux. Grâce aux adaptations jubilatoires du Mystère de la chambre jaune et du Parfum de la dame en noir de Bruno Podalydès (avec sa brochette d’acteurs croquante dont son frère Denis), l’œuvre de Leroux aurait dû être exhumée, redécouverte. Ça n’arriva pas. Leroux reste pourtant le roi du roman-feuilleton, des histoires populaires et ingénieuses comme on n’en trouve plus maintenant (je n’ai pas lu le Da Vinci Code, un ami m’a juste dit que c’était prenant mais très mal écrit). Un égal d’Edgar Poe – c’était aussi un rival dans la mise à mal des plus grands mystères.
Sa vie, aussi, a été mouvementée : grand reporter habitué à débusquer le scoop, il est devenu un auteur à succès dont les livres étaient souvent adaptés en film. Loin de Rouletabille, de Chéri-Bibi ou du Fantôme de l’opéra, La Poupée sanglante a été écrit et publié en 1923, un an après que Landru a été guillotiné. Cette affaire criminelle a sans doute servi de point de départ à Leroux mais il tord la réalité toute proche en l’enrichissant de thèmes encore bien plus fantastiques : ceux de l’ « empouse » (vampire), du Frankenstein de Mary Shelley.
Les premières pages, campant le décor de l’île Saint-Louis, éblouissent par le style. Certes, Leroux abusait des points d’exclamation (les lois typographiques du feuilleton). Il maniait cependant la langue française avec un soin, une précision qu’on peut lui envier plus de quatre vingt ans plus tard. Trois cent pages flippantes où les coups de théâtre s’accumulent jusqu’à laisser pantois, hagard. Car oui, il y a une suite, La Machine à assassiner. A suivre, donc.

PS D’instinct, je verrais bien l’excellent Olivier Gourmet dans un des rôles principaux. Oui, il avait joué dans les deux films de Bruno Podalydès.

Deux sites officiels, celui tenu par les ayants droit http://www.gaston-leroux.net/ et http://www.gastonleroux.com/ Malheureusement, aucun texte à se mettre sous la dent

Une biographie synthétique
http://www.polars.org/article62.html

mardi 7 août 2007

Disque de la glande : Happy Mondays



Au moins, à eux, personne ne leur reprochera de s’être reformés. Ou n’aurait l’idée d’absurde de parler à leur sujet d’intégrité, d’honnêteté. Quoi attendre d’Happy Mondays, à part un passage à la caisse pour (re) remplir les comptes en banque. Le trio des débuts (Shaun Ryder, Gary Whelan et Bez qui, rappelons-le, ne joue de rien) est remonté sur scène, accompagné de jeunots et d’une chanteuse qui ressemble à Denise Johnson (porte-voix de toute la scène de Manchester à la grande époque) a déjà donné des concerts, grands raout hédonistes brouillons et nostalgiques dont on peut voir des échantillons un peu pathétiques sur http://www.happymondaysonline.com/
Qu’il aille jusqu’à enregistrer un nouvel album (le premier depuis Yes Please, cata financière et artistique de 1992) constitue une surprise – ils n’étaient pas obligés. Que le disque, Uncle Dysfunktional, soit très écoutable, avec ses grooves un peu patauds, les croassements convaincants de Ryder, ça en est une autre. Ni trop rétro ni trop faussement à la mode (du genre « les papys de l’ecstasys font de la résistance », ça aurait été l’horreur), cet album de l’improbable retour peut rester sur la platine des heures sans déranger. Plusieurs morceaux sont écoutables sur le site officiel, sur le msypace : (http://www.myspace.com/happymondaysonline
A noter “Anti Warhole On The Dancefloor” (l’influence de Bilal ?) et la participation du rappeur américain déglingué Mickey Avalon sur “Deviants”.
PS La plus belle pochette du moment... Toujours le même mauvais goût. Qui aura le mauvais goût de leur reprocher ?

Happy Mondays - Step On (live)

Un live de la "grande époque". Surtout l'occasion de voir Bez, le danseur fou, à son top (rires) et Shaun Ryder avec des cheveux.

21st Century Boys




Rien de plus horrible qu’une série qui s’éparpille et dilue de volume en volume son suspense pour finir par s’étioler et disparaître en poussières dans les mains du lecteur. Celui-ci referme le dernier livre, déconcerté, troublé, en se demandant si l’auteur ne s’est pas foutu de la gueule de tout le monde pendant des années. C’est ce qu’on éprouve parfois en lisant les mangas deNaoki Urasawa. Est-ce qu’il finira par faire retomber son intrigue sur ses pattes, après tous ces flashback et coups de vice scénaristiques ? Publié au Japon de 1994 à 2001, publié en France en 18 volumes, fidèlement adapté en une série animée de 74 épisodes (diffusés sur Canal,) Monster reste une démonstration, un coup de maître. Un médecin, deux jumeaux (dont l’un maléfique), quantité de personnages, de lieux… Urasawa prend à la gorge et instille la peur grâce à trois fois rien et tout au long des 18 volumes (en France) les images communiquent leur petite musique angoissante. New Line Cinema a acquis les droits de Monster et on leur souhaite de la chance pour adapter ce suspense fleuve.

Comment un jeu d’enfant peut représenter des années plus tard une menace pour l’humanité, qui se cache derrière le masque du gourou ? Grâce à ces interrogations, Urawa tient des millions de gens en otage, devenus dépendants de 20th Century Boys. Publiée au Japon depuis 1999, 22 volumes en France (et ce n’est malheureusement pas fini). Aussi forte que Monster (au moins pour sa première moitié), 20th Century Boys présente en effet un gros défaut : on ne sait pas quand elle se finira. Au bout du 22e volume, trop de questions demeurent vivaces. Et là j’apprends qu’après une interruption pour cause de maladie Urawa a commencé un nouvel arc narratif, 21st Century Boys, apparemment clos au Japon (voir la deuxième couve’). A-t-il un méga-plan dans la tête ou veut-t-il presser comme un citron son lectorat avant de le jeter, ignorant, et l’hameçonner plus tard avec un autre asticot ? Mystère. Sur les forums de discussion, la lutte est rude entre les lecteurs critiques qui relèvent les incohérences et ceux, pas encore résignés, qui espèrent que leur curiosité sera rassasiée… un jour.
Pour ma part, je garde confiance tout en tendant le dos. Au contraire de Monster, carrée, 20th Century Boys ressemble niveau complexité à Lost. Ce qui n’est pas forcément bon signe vu que la série américaine se spécialise d’une saison à l’autre dans la fuite en avant… Malgré ça, il y a un plaisir feuilletonesque à se faire balader d’une époque à l’autre dans ce Japon aux mains d’Ami (le grand gourou). Et je conseillerai malgré tout de s’attaquer à ce manga fleuve, malgré les réserves précédentes.

Sur le forum Mangaverse, une discussion pointue sur 2Oth Century Boys (avec relevés d’incohérences, mise en commun des connaissances et spoilers).

http://www.forum-mangaverse.net/viewtopic.php?t=3021&start=420&postdays=0&postorder=asc&highlight=&sid=b5d34efdcf3f327515609a1d4d7a8d31

PS "20th Century Boy" (sans "s") est bien sûr une chanson de T-Rex. Plus drôle, 21st Century Boys est le nom d’un album des punks FM nazes, Sigue Sigue Sputnik.

lundi 6 août 2007

Mes livres de l’été (2/11)


Dans mes bagages, trois volumes d’une nouvelle collection, celle du Club Van Helsing, chez Baleine. Ce club, créé par Guillaume Lebeau et Xavier Mauméjean, entretient des points communs avec la série du Poulpe : respect d’un cahier des charges et profusion d’auteurs. A part ça, rien à voir puisque les personnages principaux appartiennent tous à une organisation de chasseur de monstres dirigés par Hugo Van Helsing (inspiré du personnage créé pour Dracula par Bram Stoker). L’ambition de la collection pourrait se résumer ainsi : moderniser la littérature populaire.

Le premier volume auquel je me suis attaqué est Question de mort de Johan Heliot, mettant en scène le Sphinx, créature masquée qui diffuse sur internet, un jeu macabre, un« snuff quizz », sorte de Questions pour un champion où le présentateur n’aime pas (mais pas du tout) les mauvaises réponses. A ses trousses, Big B., enquêteur obèse du Club Van Helsing. A la fois un hommage à Saw et consorts sanglants mais surtout, parce qu’il est plongé dans une Amérique profonde, aux premiers films d’horreur comme Massacre à la tronçonneuse ou La Colline a des yeux (comme Heliot l’admet dans une interview réalisée lors d’une séance de dédicaces à la librairie de Rennes Critic). Ce thriller gore a donc non seulement du rythme mais s’appuie sur l’épaisseur de ses personnages, parfaits représentants anonymes de cette Amérique white trash. Habilement construit comme un crescendo (il repose sur une révélation finale) il se dévore rapidement pour peu qu’on supporte les images de torture assez insoutenables – ma copine a reposé le livre au bout de quelques dizaines de pages comme si elle avait vu un démon. De la littérature de genre de qualité, beaucoup moins malsaine qu’elle ne le paraît : derrière le jeu de massacre, on trouve des personnages étrangement attachants. Qui morflent donc méchamment. Seul problème : ça se lit vite (moins de 200 pages) et chaque volume coûte 9,90 euros.

Vous pouvez voir ici l’interview de Johan Heliot et de Guillaume Lebeau, co-directeurs de la collection et auteur lui aussi d’un volume dont je parlerai bientôt) :

http://kanux.canalblog.com/archives/2007/06/26/5429639.html

vendredi 3 août 2007

Bande son estivale : Soulsavers & Mark Lanegan


On peut très bien vivre et passer l'été sans écouter Mika ou David Guetta. Voire choisir une musique de croquemorts dont les articulations craqueraient comme les coutures des chemises de Hulk. En ces après-midi de lourdeur estivale (où, à Paris en tout cas, il est parfois nécessaire d’allumer ses lampes dès 4 heures de l’après-midi), le gospel sombre et l’electro blues de Soulavers conviennent parfaitement. Les deux bricoleurs de machines anglais prétendent vouloir sauver nos âmes mais ce qui les fascine c’est d’amonceler au-dessus de nos têtes des orages noirs qui n’éclatent pas. Descendants de Portishead et de Johnny Cash, ils aiment les décors à La Nuit du Chasseur, les tortures de l’âme. Pour habiter leur maison de l’horreur existentielle, pleine de souffrance, de remords, regrets et non-satisfaction, ils ont invité Mark Lanegan, un des plus grands chanteurs actuels, bluesman du grunge, aussi bien pote de Queens Of Stone Age que d’Isobell Campbell. Accompagné de deux chanteuses de soul, Lanegan se lance dans le gospel de “Revival”, joue ailleurs au loup-garou, reprend “Spiritual” de Spain (où est Josh Haden, que fait-il ?), “Through My Sails” de Neil Young (balade aérienne susurrée avec ses potes de CSN sur Zuma) ou “No Expectations” des Stones.

Soulsavers - Revival

Le très beau clip de "Revival" dans l'esprit de la série Carnivale (La Caravane de l'étrange en vf).

Mes livres de l’été (1/11)


J’y pensais sur la plage – un blog, ça démange un peu comme une piqûre – ça me faisait marrer. Donc voici mes livres des vacances. Pas ceux que je conseillerais forcément (certains si), ni une sélection intelligente des livres qu’on doit lire cette année. Rien d’étudié, un beau bordel, simplement les livres que ma copine et moi on a achetés de manière empirique quelques jours avant de partir, ceux que j'ai vraiment lus pendant mes deux semaines de glande en Calabre, un Martini © pas très loin de la main. Ni figurera pas un Jean Ray, ni Harry Potter (le 7e sortait 3 jours après mon départ et Amazon © ne livre pas sur la plage), encore moins quelque chose de trop abstrait ou exigeant intellectuellement. Ça ne signifie pas que je me sois enfilé (c’est une manière de parler) des best sellers vite oubliés. Non, il y a eu de la qualité. Mais : beaucoup de polars, de vampires, de sang et de fusillades. Je préviens.

A commencer par Maurice le siffleur (éditions Grasset) de Laurent Chalumeau (la couverture ne rend pas service au livre).
Voici quelqu’un dont on peut s’inspirer. Un parcours de furieux du mot, commencé à Rock & Folk dont il a été une des dernières grandes plumes. Chalumeau savait rendre mythique n’importe quel artiste tout en glissant une peau de banane deux lignes après et enlever le trône sous le cul de la star. Correspondant américain un temps (comme Philippe Garnier, grande figure), il a été un des rares à s’emparer du hip hop (mémorable papier sur NWA, par exemple). Rencontre ensuite avec De Caunes et le voici à co-écrire les sketches de Nulle Part Ailleurs - qu'il faut revoir. Des chansons (pour, hum, G-Squad, Julien Clerc, Patrick Bruel…) et du script pour le cinéma (interview intéressante sur le site de DVDrama plus bas). Ah, j’allais oublier, à partir de Fuck, des livres pleins de gouaille, de personnages qu’on a devant les yeux dès la première description, entre les pulps à l’ancienne, le commentaire sociologique décapant et les répliques à la Audiard (grosse influence parfaitement digérée).
Maurice le siffleur, c’est du nanan, une lecture tellement jubilatoire que ça touche au scandale (pourquoi j’en ai jamais entendu parler ? Il aurait dû cartonner un minimum). Un polar sur la Croisette dédié à Pierre Mondy (authentique) et aux arnaques minables. Au bout de quelques dizaines de pages de chauffe et d’exposition des personnages (un vendeur de fringues proche de la retraite, un homme d’affaires véreux, ses hommes de main stupides, la bimbo du caïd, etc.), la sauce prend en un tour de main (ça se passe page 61) et l’on n’arrête plus de rire jusqu’à la fin. Chalumeau balance en loucedé sa petite musique (le personnage principal dépense une grande partie de sa thune en vinyles vintage) et ficelle son intrigue avec l’amour de la belle viande.
Pour donner un indice, ce Maurice a des traits communs avec Un jumeau singulier de Donald Westlake (Rivages/Noir).Tiens, un extrait du Westlake tout aussi drôle, les deux première lignes en fait : « Toute cette histoire commença assez innocemment ; j’avais envie de baiser ».

Sur le site des éditions Grasset : les premières pages de Maurice le siffleur
http://www.edition-grasset.fr/chapitres/ch_chalumeau.htm

Une interview sur DVD Rama de Chalumeau sur son activité de scénariste et « script doctor ».
http://www.dvdrama.com/news.php?2756)