jeudi 31 mai 2007

Capucin


Des couleurs psychédéliques, des récits de chevalerie. Voilà, comment, distrait, on pourrait résumer Capucin de Florence Dupré La Tour. Mais si elle appartient à un genre, cette série a plutôt tendance à faire exploser tout sur son passage. Un gamin, fils d’un chevalier de la Table Ronde, doit s’endurcir suite à la blessure de son père et obéir au chevalier justement responsable de la déchéance paternelle. Ce résumé très court du premier album occulte toute la cruauté et l’humanité qui y étaient présentes. Complexité des personnages, aisance de la narratrice à amener dans son monde sans que l’on ait le réflexe de lui coller d’autres étiquettes (du coup, je ne vais pas les citer)… Le premier album était un coup d’essai audacieux. Le deuxième va bien plus loin et part dans une autre direction encore plus gonflée puisqu’il est basé sur une intrigante histoire d’amour entre Capucin et son jumeau magique. Ouaip. J’ai l’air de déflorer quelque chose mais c’est sur la couverture, hein. Encore une excellente bande dessiné qui sort chez Bayou (Florence Dupré La Tour a elle aussi collaboré au dessin animé Petit Vampire). Collection que je supporte parce que ses sorties 1 m’attirent irrésistiblement 2 ne se ressemblent pas. Pour justifier mon indépendance et évacuer les soupçons de copinage, je sortirai mon joker : il y a là-bas une dessinatrice qui s’appelle Nadja et qui me laisse complètement hermétique. Ça ne se raisonne pas, c’est comme ça. Bon, allez, je vais travailler +. Ou -
PS Un jour, faudra que je change ce vert qui commence à me saouler moi aussi.

lundi 28 mai 2007

Les disques de l’été 1


Pour se changer les idées (pluie dehors et mollesse générale post-anesthésie) parlons des disques de l’été. En tout cas, des prétendants car à ce jeu on perd plus qu’on ne gagne.

Premier prétendant : LCD Soundsystem. Quoi, le disque est sorti depuis trois mois ? Vous verrez, il tiendra toute l’année.

Deuxième prétendant : Queens Of A Stone Age. Nouvel album correct qui décevra la frange metal (moins de puissance et de double batterie). Mais il contient un tube, un vrai : « Make It Wit Chu », morceau pop auquel on ne s’attend pas de leur part…

Pour écouter un morceau allez sur http://www.qotsa.com/

Pour entendre « Era Vulgaris », chanson qui a donné son nom à l’album mais n’y figure pas : http://www.youtube.com/watch?v=-tzaN5Rfg-k
En revanche, en invité Trent « J’suis malade mais j’me soigne » Reznor.

Troisième prétendant : The White Stripes dont Icky Thump sera dévoilé devant vos applaudissements mi-juin. J’éprouve de plus en plus de difficultés à me passionner pour les aventures de Jack White et sa Meg. Forcément, leur formule minimale des débuts – batterie, guitare blues et badaboum – ne peut résister au temps, à l'obligation de se renouveler. Ainsi, sur ce nouvel album, il y a une cornemuse, des cuivres, ça part dans tous les sens. Mais à mon avis ça mouline un peu à vide et l'auto-complaisance dont le groupe fait preuve est coupable.

Vous voulez un disque de rock'n'roll éclaté ? Ecoutez High Times, troisième album du MC5 (eux aussi venaient de de Detroit, sorti il y a 36 ans. Entre free jazz et punk, il y a plus d’inventivité que dans cette collection de pastiches de Led Zeppelin.

Tiens, trouvé sur le site des White Stripes
Un duo du 17 mars 2004, entre Dylan et Jack White, un duo qui… s’écoute. http://web.ics.purdue.edu/~gcerbus/WhiteStripes/Ball%20and%20Biscuit%20%20Dylan%20and%20Jack.mp3

dimanche 27 mai 2007

Jukebox : Joe Strummer


Le 11 juillet sortira dans quelques salles en France The Future Is Unwritten, film de Julien Temple, consacré à Joe Strummer, héraut du Combat Rock mort le 23 décembre 2002 d’une malformation cardiaque dont il n’avait jamais été au courant. Comme The Filth and The Fury, son précédent, qui revenait sur l’histoire des Sex Pistols, vrai règlement de compte envers Malcolm McLaren, The Future is Unwritten mélange images d’archives (et la plupart sont incroyables, inédites, de première bourre), témoignages (deux Clash sur trois puisque Paul Simonon ne parle pas, les amis, les musiciens du premier groupe de Strummer, the 101ers que Joe a abandonnés quand il a senti le souffle du punk, etc.) et extraits de film anglais qui n’ont rien à voir et commentent en quelque sorte ce qui les précède… Un documentaire un peu pop dans la forme mais surtout très fidèle. Avec un personnage comme Strummer, sujet facile à glorification (j’ai pleuré à sa mort comme un con)), on aurait pu craindre une hagiographie. Heureusement, non, Strummer est montré tel qu’il était, humain, parfois calculateur.
En attendant juillet, une compilation du même nom, la bande son du film grosso modo, est disponible. Et elle est très bien foutue, mélange de la playlist de Strummer quand il jouait au DJ sur BBC World et de morceaux à lui emblématiques. Des versions démos inédites de “White Riot“, “I’m So Bored With The USA“, un morceau de The Clash inconnu et plutôt séduisant alors qu’il émane de la dernière formation, sans Jones (en live, “In The Pouring Rain“), “Keys To Your Heart” des 101ers plus des extraits des BO composées par Strummer, et un reflet de sa dernière aventure musicale, celle des Mescaleros. Ajoutez un morceau d’Elvis Presley méconnu et qui swingue comme la chanson d’un esclave sur un bateau de pirate, une reprise magique de “To Love Somebody” par Nina Simone, celle de “Rock The Casbah” par Rachid Taha, plus quelques épices de musique sud-américaine (Strummer adorait ça), du Dylan, Eddie Cochrane… Voici l’équivalent old-school d’une sélection digitale qui fonctionne très bien.
Tiens, on peut voir la bande annonce du film sur cette page :

vendredi 25 mai 2007

le sens du collectif


Il existe deux fatalités dès qu’on ouvre un album collectif.

La première tient au inévitable caractère inégal du bouquin. Impossible pour le lecteur d’adhérer complètement au casting, impossible pour les participants de satisfaire les attentes, d’être systématiquement inspirés. Il y en a forcément qui s’en tirent mieux que les autres, c’est la règle du jeu.
Evacuons d’entrée les albums hommages. Dans ceux-là, la présence vaut souvent acte de création, un crobard vaut intention et il ne faut pas en attendre grand-chose (pastiche, etc)
Et puis les autres qui voient une brochette de dessinateurs plancher sur le même thème, aussi casse-gueule. Il y a quelques mois, le recueil collectif de saison chez Dargaud (Vive la politique) n’échappait pas à cette loi sacrée de l’inégalité. Des bouts rigolos (Mathieu Sapin, Frantico, Bouzard), d’autres carrément mous et une impression finale mitigée.
Notons quelques exceptions, comme la série des Frank Margerin présente, héritage de l’humour Métal qui voyait Schlingo (RIP) et la paire Dupuy-Berberian (par exemple) voisiner. Des thèmes suffisamment larges (« le sport », « les animaux », « les femmes » – je n’invente rien) pour un résultat forcément inégal mais réjouissant en partie. Autres contre-exemples : une série chez Autrement d’albums thématiques au casting particulièrement fin (Emerson-Montellier-Bézian-Trondheim-Blutch-Menu pour Noire est la terre avec une courte histoire de Lapinot je crois vue nulle part ailleurs)…

La seconde fatalité consiste à rappeler la première.

Tout ça pour parler de Bébés congelés – chiens écrasés, album collectif chez Albin Michel. Configuration spéciale : le collectif a été formalisé sous le nom de Bonobo VI et réunit d’album en album les mêmes – Catherine, Charb, Jul, Luz, Riss, Tignous. Après s’être consacré à Mozart (premier essai moyen), les voici qui s’attaquent aux faits divers, une idée bien moins artificielle selon mon goût. Hé bien, patatras, la loi de l’inégalité se trouve confirmée. Un Jul en petite forme aux gags déjà périmés (à cause d’allusions politiques), un Charb bagarreur et auteur de la planche la plus drôle du livre. Et surtout un Luz des grands jours qui sème son regard vachard là où ça fait mal. Deux possibilités : attendre son intégrale de 2033 en 20 volumes. Ou acheter le bouquin (presque) juste pour lui.

lundi 21 mai 2007

Des livres, des vrais


Parfois, je lis des livres sans images, même si ça me donne mal à la tête.
Voici deux livres qui, à part l’éditeur et la passion musicale de leur auteur respectif (passion qui n’est pas retranscrite de manière égale), n’ont pratiquement rien à voir.

D’un côté, Docteur Jacky et Mister Rock de Jacky Jakubowicz (aidé par deux journalistes), autobio en forme de transversale folle du Jacky de Platine 45, Récréa 2, etc. Il a commencé attaché de presse, a croisé Marley et Gainsbourg, détesté le caractère de diva de Cat Stevens, adoré Peter Gabriel, etc. Ensuite, il devient animateur télé, croise De Caunes et Dorothée, raconte ses années AB Productions… Ce mec, un peu l’équivalent d’un personnage de Margerin, est bien sympathique et son livre, exempt de toute déclaration scandaleuse (les rumeurs voudraient que le Club Dorothée ait été un repère décadent et poudré…) se lit. On saute les pages quand il y a du remplissage (il y en a beaucoup, Jacky joue là-dessus) et quand on a fini, on repose le livre à jamais. Juste un truc en passant qui comblera la nostalgie de certains, la curiosité d’autres. Bientôt le livre de Marc Toesca (je suis méchant) ?

De l’autre, Cheikh, journal de campagne de Didier Lestrade. Pour moi, son nom restera éternellement associé à sa chronique house dans Libé. J’étais rarement d’accord avec ses choix mais lui avait une vision, celle d’une house music fédératrice et utopique, d’un Eldorado higher. Mais Lestrade est aussi un fondateur d’Act-Up, du magazine Têtu, un militant, un vrai, des droits homosexuels, un combattant de la bêtise. Dans son livre, il raconte comment il a gagné la campagne pour vivre chichement mais en se sentant en accord avec la nature et la philosophie de l’écrivain américain environnementaliste (pour aller vite) Henry David Thoreau.

Poussé par un rythme alerte, j’ai fini en quelques jours Docteur Jacky et Mister Rock mais je n’en ai déjà pratiquement aucun souvenir. Peut-être que je ne finirai jamais Cheikh mais ce livre a lui une vraie justification intellectuelle. Malgré la distance qui me sépare de son auteur, gay, séropositif, je trouve le livre de Lestrade touchant, enrichissant. C’était la rubrique « une comparaison bancale pour commencer la semaine ».

samedi 19 mai 2007

Le Bourdon


Mon libraire (enfin, celui le plus proche de chez moi) me l’a présenté comme un héritier de Trondheim (« mais un bon »), ce qui n’est pas faux. Pratiquant les histoires anthropomorphiques (comme dans Lapinot), les héros ordinaires à qu’il arrive des choses extraordinairement absurdes (comme dans Lapinot et ailleurs) David de Thuin entretient graphiquement un petit air, rien de grossier, plutôt une touche. Mais le charme de son Roi des Bourdons ne tient pas à ce lien de parenté, plutôt à son ambiance, entre le doux-amer et l’héroïque fantastique. Un dessinateur au potentiel non exploité par la maison d’éditions qui l’emploie, devient un super-héros, le Roi des Bourdons. [Ce résumé en une phrase normalise un peu trop le scénario, il ne faut pas s’y attarder, c’est juste une indication]. De Thuin a édité lui-même les six minces albums (5 en rouge et l’épilogue en bleu), apparemment son nouveau La Colère dans l’eau est de la même (eau, oui, c’est le week-end).

Sur son site, http://www.systeme-david.com/, non seulement on peut tout commander (avec la gratuité des frais de port) mais vous pouvez lire les 40 premières planches du Roi des Bourdons. Mais il ne faut pas s'en contenter...

mercredi 16 mai 2007

RG



N’importe quel spectateur de fictions télé est conscient de la suprématie des productions américaines ou anglaises sur ce qui est conçu en France. Il suffit de comparer ce qui existe dans le genre policier. En France, on peut avoir au mieux des décalques moins bien branlés, des trucs pas très réalistes (loin d’une réussite cinéma comme 36, quai des orfèvres, un exemple à suivre).
Pourquoi en venir là ? Parce que RG pallie selon moi la faiblesse de la production audiovisuelle. Intrigue serrée, détails réalistes, scénario vraisemblable (on n’est pas dans 24h, série bien prenante mais complètement absurde). L’association de Pierre Dragon, qui appartient vraiment aux RG (on peut parier qu’il ne s’appelle pas Dragon dans la vraie vie, ha ha) et du dessinateur Frederik Peeters fonctionne à plein régime. Si bien que Riyad-sur-Seine est un bon polar qui se lit fébrilement. Un livre qui va foutre la misère à tous ces albums de BD mal fichus et dus à des mecs qui ont trop regardé les séries américaines (et croient qu’à Paris et à Los Angeles les choses se passent de la même manière).


Par ailleurs, le nouveau tome de Koma, série poétique de Peeters avec Wazem, est dans les tuyaux. Est-ce pour les enfants, les adultes ? On ne sait pas et c'est très bien comme ça.

PS Pinaillage en bonne et due règle : je suis le seul à trouver que sur la couve, RG est écrit un peu trop gros. J'avais prévenu : pinaillage.

dimanche 13 mai 2007

Il fallait pas (3)


En tant qu’écrivain, je trouve que Ravalec a vraiment un style, une personnalité, une voix. De l’humour, des visions, une manière de faire tenir des histoires qui, sous d’autres mains ploieraient sous le ridicule. Ses livres restent des expériences ludiques, parfois mystiques… Mais je me répète (voir le début de Playback).
Le voici scénariste de bande dessinée : Croyez en moi, dessiné par Yoann. Contexte politique de saison : une croisière séminaire de futurs dirigeants avec Jésus en principal intervenant, Sarkozy, Royal, Chirac en guest star. Des pirates, de l’argent, de l’ironie, du cynisme, Sarko et Ségo en train de danser ensemble, Sarko qui vient à la rescousse de Ségo prise en otage…
J’ai lu deux fois le livre et je ne comprends pas ce qu’essaient de faire Yoann et Ravalec. Faire rire, réfléchir, critiquer la consanguinité du monde politique, se foutre de tout… je ne sais pas où ils veulent nous emmener. Parce que je ne suis arrivé nulle part, je n’ai pas ri ni un vu une force de jugement caché derrière les excès. J’ai impression d’avoir un album jetable en main, qu’on lit pour reposer après sans qu’il y ait eu échange, titillement quelconque.
En fait, on lit ici une version ratée de ce que Martin Veyron peut mener un bien (voir Papy Plouf et sa croisière du troisième âge triomphant) : de la BD corrosive maîtrisée. Car Veyron n’en fout pas partout, lui.

Donc oui, j'ai été déçu surtout que Yoann est un dessinateur au trait enlevé (il a réalisé un Donjon Monsters, sa série La Voleuse du père fauteuil est sympathique.

vendredi 11 mai 2007

Il fallait pas (2)


C’est une notion irritante la respectabilité, dès qu’on veut s’attaquer à quelqu’un qui a trente ans de carrière, elle surgit, tel un bouclier porté par de bien pensants conservateurs. Prenez Twelve, album de reprise de Patti Smith, rockeuse en colère depuis 1975, la Janis Joplin du punk (mais elle n’avait pas pris le forfait avec, inclus, la mort à 27 ans), la poétesse du rock. Les reprises ne se conçoivent que grâce à un décalage, une idée supplémentaire qui va permettre de retourner la chanson, lui donner une vie bizarre et différente. Patti Smith, avec ses copains, vieux rockers de trente ans, chante elle “Are You Experienced” d’Hendrix, décalque “Gimme Shelter” des Stones et s’adonne aux joies du karaoké via “Pastime Paradise” de Stevie Wonder. Elle n’apporte rien, joue avec sérieux ce qui aurait gagné en spontanéité et en folie. Sur sa cover de “Smells Like Teen Spirit”, l’angle d’approche est : « transformons la chanson de Nirvana en une vieille scie américaine, un morceau de hillbilly ». Bref, l’écrivain Sam Shepard se ramène avec son banjo et la colère de Nirvana se retrouve reliftée acoustique. Je ne parle pas (ah, si, tiens) de “Everybody Wants To Rule The World” piqué à Tears For Fears qu’il n’aurait pas fallu déranger.
Un disque inutile où la compétence ne provoque pas l’émotion, où la grande voix de Patti Smith se gâche toute seule. On dit souvent des meilleurs qu’ils pourraient chanter l’annuaire et nous toucher en même temps. Hé bien, je suis sûr que c’est faux (n’empêche, faudrait essayer)


on peut se rendre compte des dégats. Autrement, il y a plein de textes et de choses plus intéressantes sur son site : www.pattismith.net

mercredi 9 mai 2007

Rue Tardi


Il faut aller sur www.rue89.com , site d'information (lancé par des anciens de Libé) qui va s'imposer d'ici peu comme une évidence, une sorte de rendez-vous incontournable pour ceux qui ne peuvent plus se contenter des médias tradionnels. Et je ne parle pas des chaînes de télé nationales qui deviennent l'équivalent hypocrite et contemporain de l'Ortf. Mais je m'égare.

N'empêche, il suffit de comparer la réactivité de rue89 sur les vacances d'un vacancier français (dans la vraie vie, il est Le Président, comme le minaude le Point). Là-dessus, le site a deux coups d'avance.

Il faut aussi aller visiter cette rue où Tardi affiche un bout de ces nappes en papier de déjeuner. Ici, c'est son dessin de lundi midi. Allusion à Nico Shark ou convergence d'esprit ?

dimanche 6 mai 2007

Frantico à 20h01

Seule bonne nouvelle de la soirée : le retour bienvenu de Frantico. Avec son nouveau héros Nico Shark... La résistance commence là, par le rire.

http://www.zanorg.com/nicoshark/

Dropsie Avenue




C’est un nom, une référence incontestable. Mais parler de Will Eisner ne sert pratiquement à rien, c’est le lire qu’il faut. Quelle évidence, quelle virtuosité dans la narration, quelle aisance à développer une idée en deux pages avant de s’attaquer à une dizaine d’autres… Dropsie Avenue, sous-titré "biographie d’une rue du Bronx" raconte un siècle en moins de deux cent pages, faisant exister une dizaine de personnages grâce à quelques scènes, quelques coups de projecteur. Ave lui, l'expression "roman graphique" qui commence à me lasser reprend tout son sens.
Une rue, des communautés qui se mélangent mal et mettent des dizaines d’années pour s’accepter (souvent au détriment de nouveaux arrivants), des meurtres, des incendies, des moments de solidarité et quelques histoires d’amour. Une de mes planches préférées commence ainsi : deux gamins regardent avec admiration le caïd du coin et son garde du corps (grand cousin d’un des mioches). Les garçons rêvent déjà leur futur, sans prêter attention à une voiture à l’arrêt. Qui s’élance, une rafale part, les deux « héros » meurent devant les yeux des gamins qui regardent ensuite les corps ensanglantés. Tout ça en sept images. Oui, je raconte mal mais de toute façon ça se raconte mal une histoire de Will Eisner ça n’est pas fait pour ça.


Indépassable.


Il suffit de lire les dessinateurs primés aux Etats-Unis par le Will Eisner Award : ils sont intéressants, voire réussis mais jamais au niveau stratosphérique de leur maître. Dont le dernier livre a été un démontage en règle du protocole des mages de Sions (le Complot). Respect éternel.

samedi 5 mai 2007

Highway to Hell


Mais parlons d’Hellsongs. Le seul groupe qui peut me faire aimer des chansons de Metallica ou Judas Priest. Oui. Un trio suédois bien décidé à ce que « l’arbre du metal » ait une nouvelle branche : le « lounge metal ». Leurs covers folk de “Paranoid” (Black Sabbath) ou “Seek And Destroy” de Metallica dépassent le cas du gag, de l’angle d’approche décalé pour atteindre une vraie force. Voilà que, aidé par la voix de la chanteuse Harriett Ohlsson, je reprends à tue-tête (mais dans ma tête) du Metallica. Je préviens Udner : pas de reprise de Guns’n’Roses. Hé hé.

Leur site : http://www.hellsongs.com/ et myspace : http://www.myspace.com/hellsongs

Elliott...


Elliott Smith est mort il y a déjà quatre ans. On a déjà eu droit à un disque posthume, en voici un autre, New Moon, double, prévu pour mai, réunissant des inédits datant grosso modo d’entre 1995 et 1997, soit entre son deuxième album et Either/Or. De ce que j’ai entendu, plusieurs fois, rien ne provoquera le courroux des fans orthodoxes (qui pourraient suspecter la profanation artistique). Non, dès la première chanson, la première envolée de sa voix d’ange en demi-teinte, ils auront l’impression de retrouver un vieil ami disparu. Une vingtaine de chansons (dont une première version de “Miss Misery” et une reprise de “Thirteen” de Big Star qui vont humilier la plupart des songwriters orthodoxes (une voix, une chanson et c’est marre). Parfois, il vaut mieux se taire et écouter…

Pour écouter “High Times”, extrait de New Moon sur Pitchfork :

http://www.pitchforkmedia.com/page/forkcast/42345-elliott-smith-high-times-mp3

mardi 1 mai 2007

Masse 2


J’avais dit que j’y irais, ça y est, c’est fait, j’ai vu l’exposition de Masse au musée de l’Abbaye Sainte-Croix aux Sables d’Olonne. A l’entrée, Jackie vous donne une loupe pour admirer les trames et autres dégradés. Des originaux – ceux des histoires qui forment la somme l’Encyclopédie de Masse, Les Deux du Balcon, On m’appelle l’Avalanche (réédité donc à l’Association), L’Art-Attentat (qui donne son nom à un nouveau recueil paru au Seuil). Mais pas seulement : sont projetés les dessins animés de Masse datant des années 70, est exposée la collection de chasses d’eau de Masse (oui !). Plus événementielle, la présence de sculptures : celle, plus ancienne, destinée à une couverture de l’Echo des Savanes (couverture refusée pour manque de « lisibilité » comme l’explique une lettre de Nikita Mandryka) et les récentes… très déconcertantes. Si Masse a abandonné le dessin (affirmation corrigée dans quelques lignes), il n’a pas abandonné son humour absurde : chacune de ses pièces, en pierre, ferraille ou whatever, est accompagnée d’un texte sibyllin. Exemple : « Un cavalier remontant le crépuscule du matin/Un avion descendant l’aurore… et c’est l’accident, putain ! » pour Les Dangers de la poésie que je n'essayerai pas de décrire. A vrai dire, ces sculptures, on les comprend mieux en regardant le cahier (et non catalogue) accompagnant l’exposition.
Et puis l’expo démarre par Tsunami au musée, création pour l’occasion entre dessin et peinture, beau livre tiré à 250 exemplaires et édité par le Dernier Cri marseillais, espèce de jeu de l’oie fataliste pour lequel l’utilisation de la loupe devient presque indispensable. Vous pouvez le commander au prix de 65 euros en utilisant cet email musée@lessablesdolonne.fr ou en appelant le 02 51 32 01 16.

Pour voir
http://derniercrinews.blogspot.com/