dimanche 15 mai 2011

Stefmel et Luz, Julie B.Bonnie

Avec Trois Premiers morceaux sans flash, Stefmel & Luz ont inventé un stimulant pour les yeux, débordés et mis à contribution par leurs comptes-rendus de concert mêlant matières photo et graphique. Car les clichés de Stefmel et les dessins de Luz se chevauchent pour retranscrire simultanément plusieurs émotions, captations inspirées de moments donnés et partagés.

Ça commence dès le page de garde du 2e volume, tout juste imprimé (à 500 exemplaires, il ne va pas falloir trainer, sinon vos yeux vont pleurer parce que vous les aurez privés de l’expérience). Entre le vrai Lemmy saisi en pleine action, immobilisé par l’objectif, et ceux, crayonnés qui gigotent autour de lui, se crée un dialogue, un récit à plusieurs dimensions. D’autant plus qu’en l’occurrence, trois années les séparent, un gouffre temporel – ceci est l’exception, la règle est que Stefmel et Luz assistent aux mêmes concerts.

Dans les marges ou la place qu’il leur reste, les mots viennent apporter le rythme, imprimer la pulsation avec leur propre musique poétique. « Comme si la fée clochette du groove avait troqué ses ailes désuettes…», « le soleil parsème d’or la grande scène de Belfort… », « plus que jamais Iggy Pop est un Saint-Sébastien transpercé par les multiples flèches que décochent encore nos fantasmes rock ».


Parmi la vingtaine de groupes représentés, on retrouve des obsessions de Luz (et sans doute de Stefmel too), comme LCD Soundsystem et The Fall – l’avant-dernière page est occupée par une émouvante photo de Mark E.Smith, capturé sans masque par Stef au festival For Noise. Peaches est aussi là, avec sa jambe dans le plâtre, Bryan Ferry aussi a droit à sa double page qui brille par son élégance.


Un des meilleurs chapitres du livre, à mon sens, est consacré à Jello Biafra montré en plein pantomime.

Je m’arrête-là, pas la peine de les citer tous (Suicide, The Hives, We Have Band, Arcade Fire…) d’autant que, pour les Parisiens, la semaine prochaine il est possible/recommandé de voir les montages originaux lors d’une soirée coolos aux Trois Baudets, entrée gratuite, avec concert de Panico, le groupe punk-funk chilien qui fait littéralement suer, DJ-set pas moins agité de Luz et dédicace du duo.

Récapitulatif : à partir de vendredi prochain, le 20 mai, commence une expo-vente de tirages, de photos, de dessins jusqu'au 20 juin, aux Trois Baudets, 64 bd de Clichy, 75018. Le soir même, à partir de 18h30, la Flash Free Party, avec Stefmel & Luz of course mais aussi Panico. Entrée gratuite.

Pour commander Trois Premiers morceaux sans flash, c'est ici que ça se passe.
Enfin, pour faire plaisir à Stefmel & Luz, une chanson qu'ils aiment bien et qu'ils m'ont fait découvrir...






La veille, le jeudi 19 mai, Julie B.Bonnie donne un concert à La Bellevilloise, pareillement gratuit. Celle qui a été chanteuse de Cornu (après avoir été violoniste de Forguette Mi Notte) poursuit son chemin avec ses chansons à la fois sensibles et légères, pétillantes et aériennes, entre folk, pop, americana, entre Leonard Cohen, Bertrand Belin et Kid Loco. Justement, sur son album, On est tous un jour de l’air, elle reprend “Famous Blue Raincoat” du premier, Julie y est accompagnée par Belin à la guitare. Quant à Kid Loco, il a réalisé et arrangé la chose.


La tentation est grande de citer Maylis de Kerangal, oui celle-là même qui a obtenu le prix Médicis pour Naissance d’un pont, oh, allez, faisons nous plaisir.

«On est tous une colonne d’air, vertébrale qui nous tient debout, qui nous tient vivants, on est même tous un jour que ça, de la buée qui brûle, un battement de cil qui déchire, la vibration d’une corde, une respiration, de la musique, une chanson de fille blonde, un air de Julie B.Bonnie». Julie a en effet sollicité quatre auteurs (Maylis de Kerangal, donc, Nicolas Richard, Mathias Enard, le dernier prix Goncourt des lycéens et Lionel Osztean) pour des textes que l'on retrouve à l'intérieur du disque. Et le disque ? Pour se le procurer, il faut aller dans une librairie du réseau parisien Librest (le Comptoir des Mots, les librairies Millepages et Millepages Jeunesse) ou aller sur le site de Librest.

Sinon, se rendre à la Bellevilloise le 19 mai constitue encore la meilleure manière.

Pour se quitter, quelques vidéos de Julie B.Bonnie et aussi le clip sanglante de Kid Loco, extrait de l'album sur lequel Julie est présente.







2 commentaires:

Francky 01 a dit…

"Trois Premiers morceaux sans flash" est terrible. Je trouve que Stefmel et Luz ont vraiment trouvé un concept intéressant, pertinent et novateur : mélanger des photos d'artistes sur scène et les insérer avec des dessins. C'est la rencontre parfaite entre la B.D, le dessin et la photographie. Les dessins sont comme une extensions des photos, un complément onirique et fictif à la réalité. Bravo !!!!

Les plus bédéphiles me diront que ce mariage (photos + dessins) a déjà été célébré avant, je sais : "Le photographe" (3 vol) de Guibert-Lefèvre-Lemercier, éditions Dupuis, Aire libre.

A + +

Vincent Brunner a dit…

Hello Francky. J'abonde dans ton sens. Effectivement, le mariage a déjà été célébré par Guibert-Lefèvre-Lemercier mais pour moi ça n'a rien à voir : pour ses dessins, Guibert s'est inspiré des photos prises des années avant (à moins que je ne trompe) alors que Stefmel et Luz assistent (sauf exception type Motorhead) au même événement qu'ils retranscrivent différemment.