mercredi 27 avril 2011

François Alquier, Bob et Claire Braud


Je connais François Alquier depuis plusieurs années, depuis que l’on a écrit pour le même magazine. Il fait partie de cette minorité de collègues avec qui l’on peut discuter sans qu’il y ait des histoires d’ego, de l'esbroufe. Quelqu’un d’éminemment sympathique que l’on écoute d’autant plus quand il a un coup de cœur. Parce qu’il n’est pas là pour jouer au branché, donner dans la posture. Journaliste radio et presse écrite, il est juste curieux, à l’affût.

Il y a 5 ans, François a démarré un blog pour proposer le suc de ses interviews, tout en racontant les à-côtés du métier, les attentes dans les salons d’hôtel, les coulisses des rencontres. Bizarrement*, pour ce faire, il s’est inventé un personnage, Mandor. Et, après des centaines de post, il vient d’en réunir une cinquantaine dans son premier livre, Les Chroniques de Mandor, signé de son vrai nom (il y explique, au détour d’un chapitre, le pourquoi de son pseudo, je ne déflore pas). Dans un défilé ininterrompu, se succèdent ainsi écrivains, chanteurs, comédiens, humoristes. Et même Gotlib (que j’ai aussi rencontré dans son repaire et comme lui j’ai été ému). Le chapitre consacré à Anne Goscinny, écrit dans le style du Petit Nicolas, est également très réussi.

J'avoue, j’aurais bien aimé qu’il nous en dise sur Boris Bergman et moins sur Zazie. Même si Christophe ou Ravalec nous fascine tous les deux, je ne partage pas son goût pour Goldman, Adamo, Renaud et d’autres personnalités très respectables (devant qui je serais « sec »). Mais il y a dans le regard de François une telle bienveillance, une envie de faire briller son sujet, avec humour, légèreté mais aussi de la précision dans les questions, que je me suis laissé porter. Les chroniques de Mandor peuvent devenir de la drogue douce et déboucher sur une dépendance. Faut dire que François a de drôles d’habitude : quand l’interview est prévue en extérieur (et pas chez ceux avec qui il vient discuter), il arrive en avance, histoire de camper le décor, de prendre possession des lieux avant son interlocuteur. Ça donne parfois lieu à des quiproquos rigolos – il ne reconnaît pas Benoit Jacquot en pleine discussion avec Isid le Besco. Il y a aussi le coup où il va voir Dany Boon en plein tournage, la fois où – le fou – il avale du fast-food dix minutes avant une interview avec Axelle Red (courageux et pas bégueule, il ne nous cache aucun d’ennuis gastriques qui suivent)… Il y a aussi, ha ha, la fois où, à cause de Jean-Pierre Coffe, il se fait virer et… Bref, ces Chroniques sont riches en émotions, en éclats de rire mais pas seulement. François s’y livre aussi de manière très personnelle, à l’impromptu, et ça donne aussi à son livre son unité, son caractère. Ici, une interview instructive du bonhomme...

François Alquier - Les Chroniques de Mandor - Laura Mare Editions

Ah, j’oubliais : j’ai eu l’honneur d’être « mandorisé » pour ma bio de Jimi Hendrix (ici, à la date du 14 novembre). J’en profite pour signaler la sortie toute chaude de Bob Dylan au-delà du mythe.




J’en entends déjà qui s’étonnent et questionnent : « qu’écrire sur Dylan qui n’ait pas encore été écrit ? » Une réserve légitime si l’on oublie que Bob Dylan n’a pas eu qu’UNE vie. D’ailleurs, il n’a pas cessé en un demi-siècle de raconter un peu tout et son contraire lors des interviews… même dans ses Chroniques, précieuses mémoires aussi chaotiques que poétiques…
Surtout, comme Johnny Cash, il sera actif jusqu’à sa mort, que ça soit sur scène, en studio ou devant une machine à écrire. Un de ses meilleurs albums de tous les temps (“Love and Theft”) ne date-il pas à peine de dix ans (comme le premier Strokes, pour que les plus jeunes resituent) ?
Commençons par la fin avec ce passage aux Grammy Awards de cette année, avec les Avett Brothers et Munford & Sons. « Il sonne comme Krusty le clown », dit un commentateur.
Pas faux, pas faux.



Et maintenant quelque chose de totalement différent...
Mambo est je crois la première bande dessinée de Claire Braud et c'est exactement de ça qu'il s'agit. A force de lire des auteurs confirmés, on a souvent l'impression de parcourir un terrain balisé : ton familier, tics, pirouettes (cacahouète !), effets de styles. Si Mambo est un enchantement c'est parce qu'il reste imprévisible. J'aimerais savoir comment elle a conçu son histoire mais il vaut mieux garder le mystère. Entre Glen Baxter et Nicole Claveloux, voilà des pages pleines de vie qui répondent à leur propre logique. Au bout du compte, Braud nous parle de la société dans laquelle on vit, d'amour, mais on s'en aperçoit qu'a posteriori, emporté par les péripéties sentimentalo-absurdes de son héroïne. Ah que j'aimerais pouvoir ouvrir à nouveau ce livre les deux yeux vierges...


Claire Braud - Mambo - l'Association

Une petite chronique vidéo réalisée par un autre enthousiaste....


Claire Braud - Mambo par MickeyKuyo


*Oui, moi, j’ai démarré ce blog sous le pseudo d’Oslav Boum. Pour info (qui n’intéresse que moi), j’utilisais déjà Oslav quand je signais des bandes dessinées tout petit.

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Je voulais simplement faire un bref commentaire pour dire que je suis content d'avoir trouvé votre blog. Merci

Francky 01 a dit…

Hello.

Ton retour récent fait ultra plaisir.
Après Hendrix, c'est sur Bob Dylan que tu as écris. Je comprend le pourquoi de la non activité ici !!!
La B.D de Claire Braud à l'air excellente. Ce noir & blanc, ce graphismes, ces dessins sur une pleines pages....me rappel Ludovic Debeurme qui a d'ailleurs sorti l'excellent "Renée" cette année.

En tout cas, ça fait plaisir de revoir de l'activité ici ! Je passais régulièrement et je commençais à désespérer de te retrouver un jour.

A + amigos.....

Vincent Brunner a dit…

Hello Francky. Malheureusement, je ne suis pas aussi actif que je le voudrais. Content de te retrouver après ces mois de disparition. Mais c'est vrai que Bob m'a pris beaucoup de temps, sans parler de ce qui va arriver dans quelques mois.
a bientôt amigo !